Pan paniscus • Chimpanzé nain, Chimpanzé pygmée
Le Bonobo, Chimpanzé nain ou Chimpanzé pygmée (Pan paniscus) est une espèce de primates de la famille des Hominidés.
Proche du Chimpanzé commun (Pan troglodytes), il s'en distingue surtout par une organisation sociale qui a recours aux relations sexuelles et à un bouc émissaire comme mode de résolution des conflits au sein du groupe.
Endémique de la République démocratique du Congo, le nom « bonobo » découle de la déformation du nom de la ville de Bolobo située sur les rives du fleuve Congo où les premiers spécimens furent capturés dans les années 1920,. C'est l'anatomiste allemand Ernst Schwarz, intrigué par la présence dans les réserves du musée colonial de Tervuren (AfricaMuseum) d'un crâne trop petit pour être celui d'un chimpanzé commun, qui a découvert en 1929 le bonobo.
À cause du braconnage pour la viande de brousse, de la réduction et fragmentation de ses habitats (déforestation, cultures sur brûlis), l'espèce est en danger d'extinction.
Ce quadrumane a un corps et une tête qui mesurent environ 82 cm. Le mâle mesure en position de semi-bipédie environ 1,19 m pour un poids allant de 37 à 61 kg (45 kg en moyenne) ; la femelle mesure 1,11 m pour un poids allant de 27 à 38 kg (33,2 kg en moyenne). Le dimorphisme sexuel est moins prononcé que chez la plupart des primates.
Il se distingue notamment du chimpanzé commun par une face foncée plutôt que claire et ses poils sont généralement plus longs que chez ce dernier. En outre, le bonobo est plus petit que son homologue le chimpanzé, d'où son nom de chimpanzé nain. On pourra de même remarquer que le bonobo a une teinte plus noirâtre, les lèvres rouges et des organes sexuels femelles externes.
Son espérance de vie dans la nature est de 40 ans et peut atteindre 60 ans en captivité.
Ils vivent dans les forêts équatoriales de la République démocratique du Congo, entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.
Sa morphologie particulière, notamment avec ses longs membres postérieurs et son faible indice intermembral, lui donne une apparence plus proche de l'être humain que le chimpanzé commun. Néanmoins, plusieurs études (en captivité) ont montré que la proportion de bipédie dans son répertoire posturo-locomoteur était la même que celle observée chez le chimpanzé.
La différence entre les deux espèces se retrouve plutôt dans le contexte d'utilisation de la bipédie :
Les bonobos vivent en groupes qui peuvent compter jusqu'à une centaine d'individus.
En milieu naturel, les mâles et les femelles cherchent la nourriture ensemble, mais ce sont les femelles qui décident de la répartition. Par ailleurs, des orphelins peuvent se faire adopter par des adultes.
Le bonobo, comme le chimpanzé d'Afrique central et le chimpanzé de l'Est, révèle une aptitude à l'utilisation d'outils fabriqués à partir de végétaux (mais pas de pierre, contrairement au chimpanzé d'Afrique de l'Ouest, au sapajou à barbe d'Amérique du Sud et au macaque crabier de l'Asie du Sud-Est). Par exemple l'utilisation de branches comme arme de jets lors des affrontements de mâles, et aussi de baguettes qu'il plonge dans les termitières pour en extraire les insectes qui constituent un de ses mets favoris.
Le potentiel intellectuel des bonobos est important.
Dans l'Iowa, une psychologue américaine, dans le cadre d'une étude de la capacité des bonobo à comprendre le langage humain, a fait apprendre l'utilisation de 348 symboles d'un clavier à un bonobo mâle de 26 ans, nommé Kanzi, (des expériences similaires ont été faites avec le gorille Koko, l'orang-outan Chantek et le chimpanzé Washoe).
Il a appris à combiner ces symboles dans ce que les linguistes appellent une « proto-grammaire ». Les symboles se réfèrent aux objets familiers (le yaourt, la clé, le ventre, la boule…), des activités favorites (la poursuite, les chatouilles…) et même quelques concepts considérés assez abstraits (le présent, ce qui est mal…). La psychologue affirme qu'il comprend en plus jusqu'à 3 000 mots anglais parlés, qui ne font pas forcément partie du vocabulaire de son clavier. Elle ajoute qu'il peut s'exprimer vocalement et répondre convenablement aux commandes comme « mets le savon dans l'eau » ou « porte tel objet dehors » (en anglais).
Une étude rétrospective publiée en 2016 conclut que l'intelligence grammaticale de Kanzi a cependant été partiellement surestimée. Le linguiste Robert Truswell pense que le bonobo a plus de difficultés que l'humain dans le traitement complexe du nombre (syntagmes nominaux) au sein d'une structure grammaticale ; cependant Truswell considère que l'humain ne naît probablement pas avec la capacité d'interpréter ce type de structure grammaticale, il doit apprendre à l'utiliser.
Le bonobo se nourrit essentiellement de fruits mûrs, à 57 %, et de plantes. Son régime alimentaire comporte aussi des racines et des produits d'origine animale (poissons, petits mammifères, miel). Il arrive occasionnellement qu'il mange de petits invertébrés, insectes et vers. Les bonobos consacrent 40 % de leur temps à chercher leur nourriture et à la consommer. Bien qu'ils soient omnivores, leur régime alimentaire comporte moins de produits carnés que celui des chimpanzés communs, de sorte qu'on les classe parfois dans la catégorie des animaux frugivores non stricts.
Les femelles et les mâles arrivent généralement à maturité sexuelle entre l'âge de 13 et 15 ans.
Ils peuvent se reproduire toute l'année et la période de gestation dure de 230 à 240 jours. Chaque femelle donne naissance à un seul petit à la fois qui pèse aux alentours de 1,3 kg à la naissance. La femelle met un petit au monde environ tous les cinq ans, comme chez les chimpanzés. Le rythme des naissances est surtout limité par l'infécondité des femelles pendant l'allaitement qui dure 3 à 4 ans.
Dans la forêt tropicale humide du Congo, la très grande majorité des plantes a besoin des animaux pour se reproduire et disperser leurs graines. Les bonobos sont les plus grands frugivores après les éléphants. Au cours de sa vie, chaque bonobo ingère et disperse 9 tonnes de graines, de plus de 91 espèces de lianes, herbes, arbres et arbustes. Ces graines voyagent 24 heures dans le tube digestif des bonobos, qui les transportent sur plusieurs kilomètres (environ 1,3 km, maximum 4,5 km), puis les déposent intactes dans leurs fèces. Ces graines dispersées restent viables, germent mieux et plus rapidement que les graines non passées par le tube digestif d’un bonobo. La diplochorie, impliquant les bousiers (Scarabaeidae), favorise leur survie post-dispersion. Certaines plantes comme les Dialium pourraient même être dépendantes du bonobo pour activer la germination de leurs graines en dormance tégumentaire. Les premiers paramètres de l’efficacité des bonobos comme disperseurs de graines sont présents. Leurs comportements pourraient affecter la structure des populations végétales. La majorité de ces plantes zoochores ne peuvent recruter sans dispersion et la structure spatiale homogène des arbres laisse penser à un lien direct avec leur agent de dispersion. Peu d’espèces remplaceraient le rôle fonctionnel des bonobos, tout comme les bonobos ne remplacent pas les éléphants. Il y a peu de redondance fonctionnelle entre les mammifères frugivores très différents du Congo, qui doivent faire face aux pressions de chasse des hommes et disparaissent localement. La défaunation des forêts, résultant dans le syndrome des forêts vides, est un problème grave de biologie de la conservation au Congo. La disparition des bonobos qui dispersent les graines de 65 % des arbres de leur forêt, ou encore 11,6 millions de graines au cours de la vie d’un bonobo, est liée à la conservation des forêts tropicales humides du Congo,.
L'espèce est aujourd'hui menacée de disparition à brève échéance, à cause du braconnage et de la disparition, dégradation et fragmentation de ses habitats naturel (déforestation). Depuis la guerre civile de 1996 au Congo, les bonobos sont victimes d'un braconnage accru de la part des populations locales (et parfois de militaires) qui consomment leur chair. Il s'agit de la principale menace pour l'espèce.
Il est légalement protégé, mais l'application de la loi est difficile dans son aire de répartition, où les efforts de conservation sont en outre entravés par la corruption, l'isolement et l'instabilité politique qui caractérise une partie du bassin du Congo.
La seule présence active et permanente sur le terrain est assurée par des ONG et des projets de recherche :