Caribou des bois
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ESPÈCES
Rangifer tarandus caribou

Rangifer tarandus caribou

Le caribou d’Amérique du Nord et le renne d’Europe appartiennent à une seule espèce (Rangifer tarandus), mais plusieurs sous-espèces ont été identifiées, leur nombre variant selon les critères retenus pour la classification (craniométrie, coloration, caractéristique des bois, répartition, historique),,.

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La classification de Banfield (en) (1961) reconnaît cinq sous-espèces au Canada :

  • le caribou de Grant au Yukon et en Alaska ;
  • le caribou de la toundra du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest ;
  • le caribou des îles du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest ;
  • le caribou de l’archipel de la Reine-Charlotte (éteint depuis 1910) ;
  • le caribou des bois ).

Ce dernier est présent depuis Terre-Neuve-et-Labrador jusqu’en Colombie-Britannique, aux Territoires du Nord-Ouest et au Yukon. Étant très largement réparti, le caribou des bois se retrouve dans des conditions écologiques très différentes, si bien qu’on peut le classifier en divers écotypes selon l’habitat qu’il fréquente.

Le caribou des bois est donc une sous-espèce du caribou vivant dans les forêts boréales de l'Amérique du Nord. Il se présente principalement en trois écotypes : le caribou toundrique qui fréquente la toundra forestière une partie de l'année, le caribou forestier, présent toute l'année dans la forêt boréale, et le caribou montagnard, invariablement associé aux versants et aux sommets des montagnes. La population toundrique est la seule à présenter un comportement migratoire. Le caribou des bois apparaît sur les pièces de 25 cents de la monnaie royale canadienne depuis 1937.

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Distribution

Géographie

Le caribou forestier vit dans des habitats peu productifs et offrant une faible diversité végétale. Dans le nord-est de l’Alberta, il est confiné aux tourbières durant toute l’année. En Sasketchewan, il fréquente les tourbières et les peuplements d’épinette noire (Picea mariana). Dans le nord de l’Ontario et du Québec, le caribou forestier recherche avant tout des sites riches en lichens terricoles ou arboricoles qu’il trouve dans les forêts matures d’épinette. On note toutefois des différences régionales parfois notables selon la disponibilité des divers habitats.

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Les femelles se dispersent dans les tourbières, la forêt résineuse, parfois sur des îles pour mettre bas, afin de réduire les risques de prédation. À l’été, elles rechercheraient des sites offrant une meilleure qualité alimentaire ou des milieux ouverts, exposés au vent pour fuir les insectes.

En hiver, les caribous forestiers sont plus concentrés que durant les autres saisons. Ils évitent les peuplements mélangés et fréquentent des milieux ouverts riches en lichens terricoles jusqu’à ce que les conditions de neige ne permettent plus le creusage de cratères d’alimentation. Ils se déplacent alors vers des forêts de conifères. Ils utilisent les plans d’eau pour se déplacer, fuir les prédateurs et se reposer. Les domaines vitaux sont habituellement grands (200–300 km2) mais varient beaucoup selon les populations et les individus (32–1 470 km2).

Les lichens terricoles (Cladina spp., Cladonia spp., Cetraria, spp., Parmelia spp.) ou arboricoles (Alectoria spp., Bryoria spp., Evernia, spp., Usnea spp.) constituent la base du régime alimentaire du caribou forestier. Ils représentent une source d’énergie hautement digeste mais qui engendrerait un déficit en potassium. Le caribou peut cependant utiliser des plantes herbacées (Carex spp., Eriophorum vaginatum, Smilacina trifolia) et des essences ligneuses (Betula papyrifera, Populus tremuloïdes, Prunus pensylvanica, Salix spp., Amelanchier spp., Larix laricina, Alnus spp., Vaccinium spp.) selon leur disponibilité saisonnière ce qui pourrait combler le déficit en potassium.

Dans les tourbières, le caribou forestier utilise surtout les prêles et le trèfle d’eau (Menyanthes trifolium), particulièrement au printemps. En hiver, il préfère les lichens terricoles et, contrairement à l’écotype montagnard, et n’utilise les lichens arboricoles qu’en dernier recours,. Il creuse des cratères dans la neige (jusqu’à 120 cm), pour atteindre les lichens en s’aidant de stimulus olfactifs (nez enfoncé dans la neige ou dans les cheminées produites par les arbustes) ou visuels (blocs erratiques, eskers, abords des marécages).

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Caribou des bois carte des habitats
Caribou des bois carte des habitats
Caribou des bois
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Habitudes et mode de vie

Régime et nutrition

Population

Effectif de la population

Le caribou forestier vit en faible densité (d'un à trois individus pour 100 km2) dans toute son aire de répartition, laquelle se situe généralement entre le 49e et le 52e parallèles, dans l’est du Canada. Les effectifs des populations méridionales isolées sont assez bien estimés mais la population totale reste inconnue à cause des contraintes logistiques et monétaires qu’engendrent sa distribution contagieuse, ses faibles densités et le chevauchement de l’aire de répartition hivernale des écotypes forestier et toundrique.

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Le caribou forestier a vu ses effectifs baisser depuis le début du XXe siècle,,. Les pertes d’habitat, leur rajeunissement et l’accroissement de l’accès ont entraîné une augmentation de la prédation et des prélèvements humains. Le caribou est beaucoup plus vulnérable aux prédateurs que les autres ongulés. Contrairement à l’orignal (Alces alces), il peut difficilement contrer les attaques du loup (Canis lupus) à cause de sa petite taille ; sa faible productivité le rend plus fragile aux pertes par prédation que le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) et on ne le retrouve pas dans des sites où les prédateurs sont complètement exclus, contrairement à la chèvre de montagne (Oreamnos americana) par exemple.

Le caribou est une proie avantageuse pour le loup en termes de temps de manipulation et de risques (de blessures ou de mortalité) associés à la capture, ce qui pourrait expliquer ses faibles densités en milieu forestier, particulièrement en présence de l’orignal, cette espèce soutenant les populations de loups. La chasse (sportive et d’alimentation) est souvent citée comme une cause importante du déclin historique des populations,,,.

La chasse sportive est maintenant interdite mais l'on note parfois des captures accidentelles lors de la chasse d'autres espèces (p. ex: orignal) ou du caribou toundrique. Une chasse d'alimentation d'importance méconnue existe toujours dans certaines régions. La rigueur des hivers (épaisseur et densité de la neige, hypothermie des faons à la mise bas), les accidents routiers, les maladies et parasites, le dérangement par les insectes ou les activités humaines (avion, motoneige, VTT, exploitation minière et pétrolière, etc.), seraient des sources mineures de mortalité. Finalement, l’importance relative des facteurs limitatifs varie géographiquement selon l’environnement biologique et physique des populations (degré d’isolement et diversité des prédateurs, présence d’autres cervidés, effet des prélèvements anthropiques sur l'abondance des prédateurs, du caribou et des autres cervidés, etc.).

Les populations de caribous sont peu productives, les femelles ne donnant naissance qu’à un faon par année. Le taux de conception des caribous forestiers est de l’ordre de 100 %, même chez les femelles de 1 an et demi, mais les faons subissent généralement de forts taux de mortalité, souvent par prédation, dans leurs premières semaines de vie,. Seule la population de caribous de Terre-Neuve et du Labrador est considérée comme une espèce non en péril.

Cette population montagnarde vit à plus de 700 m d'altitude dans les monts Chic-Chocs en Gaspésie, dans l'est du Québec (Canada). Elle est constituée de trois groupes plus ou moins distincts fréquentant principalement les monts Jacques-Cartier, Albert et Logan. Ces caribous fréquentent les sommets des montagnes à l'automne et à l'hiver et migrent vers le versant des montagnes au printemps et à l'été. Contrairement aux écotypes toundrique et forestier, ils se nourrissent principalement de lichens arboricoles.

La population de la Gaspésie constitue la seule relique des populations jadis présentes au sud du fleuve Saint-Laurent. Le caribou a disparu du Nord des États-Unis et des provinces atlantiques au tournant du XIXe siècle (Vermont : 1830-1839; New Hampshire : 1860-1869; Île-du-Prince-Édouard : 1874; Maine : 1906-1914; Nouvelle-Écosse : 1905-1912; Nouveau-Brunswick : 1927),. Toutefois, il était encore présent à Gaspé en 1868 où il était parfois aperçu près des habitations. Son aire de répartition a régressé durant les vingt années suivantes. Il était considéré comme rare dans la vallée de la Matapédia vers 1887, probablement à cause de la chasse excessive. Celle-ci était particulièrement importante entre 1900 et 1915, et une épizootie de cause inconnue serait survenue entre 1920 et 1928,.

La population a été protégée par la création du parc de la Gaspésie en 1937 et l’arrêt de la chasse en 1949. En 1953, elle comptait entre 700 et 1 500 caribous répartis sur environ 1 000 km2 et formant quatre groupes principaux qui hivernaient dans la toundra alpine des monts Logan, Albert, Jacques-Cartier et Copper (rivière Garland, Murdochville). Moisan (en 1957) s’inquiétait néanmoins de la situation du caribou à cause des modifications d’habitat causées par la coupe forestière, les feux de forêt et l’exploitation minière. La population a continué de diminuer, particulièrement jusqu’au milieu des années 1970, et comporte actuellement moins de 200 individus.

La situation du caribou montagnard de la Gaspésie est très précaire à cause de la prédation exercée sur les faons par le coyote, qui a colonisé la Gaspésie au milieu des années 1970, et par certains ours noirs qui fréquentent le sommet des montagnes utilisées par le caribou. Elle est présentement considérée comme par le gouvernement du Québec et en voie de disparition par le gouvernement fédéral. Des plans de rétablissement ont été élaborés et mis en œuvre depuis 1990. Ils comprennent des mesures tels que l’encadrement du dérangement humain, la réduction de la prédation exercée sur les faons, l’acquisition de connaissances, la communication, la sensibilisation du public et la protection de l’habitat. Un plan d'aménagement forestier a également été produit en 1999 et mis à jour en 2004 et 2007 afin de protéger le territoire hors-parc utilisé par le caribou de la Gaspésie.

La population des monts Torngat a été localisée annuellement entre 1973 et 1976 à l’extrémité nord du Québec, près de la frontière du Labrador. Cette population est très peu connue. En 1976, elle était concentrée près du littoral et comportait 168 caribous qui étaient chassés pour fins d’alimentation par les autochtones de la région. Aucun suivi récent n'est disponible.

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Conservation

Les modifications d’habitat engendrées par les activités humaines, en particulier la coupe forestière, ont des impacts directs et indirects sur la survie du caribou forestier,. L’ouverture du milieu et la création d’accès à la suite des coupes forestières concentrent le caribou dans les habitats résiduels, diminuent sa capacité de dispersion et augmentent la fréquentation du territoire pour divers types d’usages, y compris la chasse légale et illégale,,. La coupe fragmente le milieu en créant des îlots discontinus de forêts résineuses,, et cette situation perdure tant que les processus naturels n’ont pas reconstitué la forêt d’origine. Dans certains cas, les résineux ne se rétablissent pas ou font place à des essences de succession. Une telle situation favorise l’établissement de proies alternatives comme l’orignal, augmentant l’abondance du loup et la prédation du caribou. De plus, le rajeunissement de la végétation favorise l’implantation de l’ours noir et la prédation des faons.

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L’impact négatif des coupes forestières peut être diminué par le maintien de grands massifs forestiers non exploités, en adoptant des pratiques sylvicoles assurant la connectivité des habitats et en favorisant le rétablissement des forêts d’origine, ce qui favorise le maintien des échanges au sein des populations locales et entre les composantes de la métapopulation. Un contrôle très strict des prélèvements de l'homme là où ils existent encore et une gestion de l’orignal, du loup et de l’ours noir qui tient compte de la faible résilience du caribou forestier sont également nécessaires pour assurer sa pérennité,.

L'écotype forestier du caribou des bois a été désigné comme espèce vulnérable par le gouvernement du Québec en 2005. Un plan de rétablissement a été mis en place en 2005. Il comprend diverses mesures pour accroître le taux de survie du caribou forestier, la conservation d’habitats adéquats, le maintien de l’intégrité de la forêt boréale, l’information et la sensibilisation du public ainsi que l’acquisition de connaissances.

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Références

1. Caribou des bois article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Caribou_des_bois

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