Goéland argenté
Royaume
Phylum
Classe
Commande
Famille
Genre
ESPÈCES
Larus argentatus
Taille de la population
2-2.4 Mlnlnn
Durée de vie
30-49 years
Poids
710-1525
25-53.8
goz
g oz 
Longueur
55-67
21.7-26.4
cminch
cm inch 
Envergure
125-155
49.2-61
cminch
cm inch 

Larus argentatus

Le Goéland argenté (Larus argentatus) est une espèce d'oiseaux de mer européens de taille moyenne de la famille des Laridae. Blanc à dos gris, il est génétiquement proche des autres goélands à tête blanche du genre Larus. Mâle et femelle sont presque identiques, mais le juvénile possède un plumage très différent et met quatre ans à acquérir son plumage d'adulte.

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La taxonomie du goéland argenté, très complexe, a subi depuis la fin du XXe siècle des modifications importantes qui sont encore en discussion. Notamment, le goéland hudsonien vivant en Amérique du Nord, et le goéland de la Véga, asiatique, ont été séparés du goéland argenté européen, ou goéland argenté sensu stricto, depuis le début du XXIe siècle.

Bon voilier et bon marcheur, le goéland est un omnivore opportuniste à tendance carnivore, qui n'hésite pas à devenir charognard, ou à pratiquer le cleptoparasitisme, voire le cannibalisme. Oiseau sociable, il niche en colonie et produit chaque année deux ou trois oisillons qui, s'ils parviennent à l'âge adulte, auront une probabilité de survie particulièrement élevée.

Les populations de goélands argentés ont connu une forte augmentation tout au long du XXe siècle. Cela a eu pour conséquence des heurts avec l'espèce humaine au niveau local, ou un impact négatif sur l'environnement, suscitant des opérations de régulation à l'échelle locale ou régionale. En dépit d'une stabilisation des effectifs au cours des dernières décennies, voire de déclins dans certaines régions, le goéland argenté reste un oiseau de mer très commun sur les côtes de France et de la plupart des pays de l'Europe de l'Ouest.

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Di

Diurne

Om

Omnivore

Ch

Charognard

Se

Semi-aquatique

Pr

Précocial

Na

Nageur

Te

Territorial

Gr

Grégaire

Ov

Ovipares

Oi

Oiseaux planeurs

Oi

Oiseau de mer

Mo

Monogame

Gr

Grégaire

De

De colonie

Tr

Très social

Mi

Migrant partiel

E

commence avec

Apparence

Cet oiseau essentiellement blanc et gris a un corps assez puissant, et relativement court par rapport à la longueur de ses ailes. Tout comme de nombreux genres d'oiseaux de mer, aptes à planer aussi bien au ras de l'eau qu'en altitude, il a une envergure importante et des ailes étroites. Les pattes courtes, le bec comprimé latéralement, avec l'arête de la mandibule supérieure courbe, dénotent un oiseau de la famille des Laridés. La corpulence, la longueur égale des plumes de la queue (rectrices), le bec fort et légèrement crochu au bout ainsi que le motif des couleurs sur les rémiges primaires sont caractéristiques du genre Larus. La couleur gris moyen du dos, la couleur blanc pur de la tête, du cou, de la gorge et de la face inférieure, l'arête de la mandibule inférieure faisant un angle marqué, ainsi que les marques noires et blanches à l'extrémité de chaque aile, constituent des éléments caractéristiques de l'espèce. Le bec est jaune et présente une tache rouge sur la mandibule inférieure. La couleur des pattes palmées est rose chair. L'iris de l'œil est jaune pâle.

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Le ton de gris du dos et l'importance des marques blanches et noires à la pointe des ailes, c'est-à-dire à l'extrémité des rémiges primaires sont variables selon les sous-espèces.

Le plumage éclipse se met en place par une mue complète se déroulant entre mai et octobre. Il se caractérise par des stries longitudinales brun-gris sur la tête et la nuque. Cette modification du plumage est accompagnée d'une très légère modification de la couleur du bec et des pattes, qui deviennent un peu plus ternes. Ces stries disparaissent après une mue partielle qui se déroule entre janvier et avril, pour faire de nouveau place au plumage nuptial ; le bec et les pattes reprennent alors des couleurs plus vives.

Il n'y a pas de différence de plumage entre mâles et femelles, mais ces dernières sont généralement de dimensions plus réduites. Le goéland argenté mesure entre 55 et 67 cm de longueur pour une envergure de 130 à 160 cm, et pour un poids variant de 750 à 1 250 g,. L'aile pliée mesure entre 410 et 450 mm chez le mâle, et entre 390 et 425 mm chez la femelle. La longueur de la queue varie de 160 à 180 mm, celle du bec de 47 à 60 mm et celle du tarse entre 63 et 68 mm.

Il faut plus de quatre ans au goéland argenté pour acquérir son plumage adulte. Il doit pour cela passer par plusieurs plumages et plusieurs mues :

Le plumage juvénile remplace le duvet de l'oisillon et se met en place avant même le premier envol. Ce plumage est couvert de taches et mouchetures ressemblant à des écailles brunes, particulièrement au niveau de la tête, du cou et de la poitrine, ce qui confère à l'oiseau un aspect nettement plus sombre et brun que celui de l'adulte. Le bec est noir et l'iris de l'œil brun foncé. Ces premières plumes sont de qualité médiocre, l'essentiel de la dépense énergétique étant destiné à la croissance du jeune goéland. Elles sont par conséquent particulièrement sensibles à l'usure et à la dégradation par les ultraviolets, et ont tendance à pâlir et ternir au cours du temps. À partir de ce stade, les jeunes, sont appelés « grisards », plumage commun à quelques nuances près, aux différentes espèces de goélands à tête blanche, ce qui les rend souvent difficiles à distinguer.

Au cours du premier hiver, les plumes du manteau subissent une première mue, mais le plumage reste marqué de brun. Quelques plumes plus pâles commencent à apparaître sur la tête, le cou et la poitrine, le plumage étant ainsi plus sombre en automne qu'en fin d'hiver. La base du bec commence à rosir.

Lors du deuxième hiver, les rémiges primaires muent pour la première fois. Ce phénomène achève la première mue complète du plumage, débutée au cours de l'été. La tête, le cou et la poitrine, bien que plus clairs, peuvent chez certains individus encore être fortement striés de brun. Plusieurs plumes du manteau sont teintées du gris du plumage adulte, en nombre variable selon les individus de cet âge. Le bec est beaucoup plus rose désormais, mais son extrémité est encore tachée de noir. L'iris commence parfois à s'éclaircir et à prendre la couleur jaune.

Le plumage de troisième hiver subit une nouvelle mue complète : les rémiges primaires acquièrent des marques blanches, et la majorité des plumes du manteau et les couvertures alaires deviennent grises. Les rectrices sont partiellement blanches, terminées d'une bande de couleur brun-noir. La tête, le cou et la poitrine sont désormais presque blancs mais restent plus ou moins striés de traits bruns. L'iris est devenu jaune, parfois encore ponctué de sombre. Des taches noires persistent sur le bec, qui commence à jaunir.

Au cours du quatrième hiver, une nouvelle mue complète fait apparaître un plumage quasiment identique à celui d'un adulte. Le dos est alors gris, la tête, le cou et la poitrine sont blancs, le bec jaune et une tache dans un premier temps orangée apparaît près de l'extrémité de la mandibule inférieure. Un bec terne ou marqué de quelques taches noires, ou encore quelques stries brunes persistant même en été sur la tête ou le cou trahissent souvent la jeunesse d'un adulte.

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Distribution

Géographie

Le Goéland argenté sensu stricto est un oiseau qui vit essentiellement dans la partie occidentale de l'Europe. On le trouve en Islande, au Royaume-Uni et le long des côtes de l'Europe continentale, du Portugal jusqu'à la partie européenne de la Russie. Son aire de répartition semble s'être étendue vers le sud depuis le XIXe siècle, car autrefois rare au sud de la Bretagne, on le trouve maintenant jusqu'au nord de la péninsule ibérique. Les populations sont très souvent résidentes à l'année, bien que certains individus se dispersent en hiver. Des études menées sur l'île May, en Écosse, semblent montrer que les juvéniles ont tendance, au cours de la dispersion hivernale, à se déplacer plus loin que les oiseaux plus âgés. Cependant, certaines des populations les plus nordiques de la sous-espèce argentatus réalisent une véritable migration vers le sud pour hiverner, le plus souvent en mer Baltique ou en mer du Nord, mais parfois jusqu'au sud de l'Europe (France, Espagne, Portugal et même occasionnellement en Italie).

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Le Goéland argenté sensu lato (c'est-à-dire si on inclut le Goéland hudsonien et le Goéland de la Véga) se trouve aussi en Amérique du Nord et en Asie de l'Est. Le Goéland hudsonien vit en Amérique du Nord (Canada et États-Unis), mais les populations migratrices descendent vers le sud jusqu'au sud de l'Amérique centrale. Le Goéland de la Véga niche dans la partie orientale de la Sibérie, mais migre en hiver jusqu'au Japon et au sud de la Chine.

Cet oiseau marin niche à l'origine essentiellement sur les côtes mais colonise de plus en plus l'intérieur des terres, en particulier les villes. Il passe l'hiver soit non loin des sites de reproduction, soit davantage à l'intérieur des terres, au niveau d'estuaires, de lacs, de réservoirs et autres retenues d'eau, mais également dans des décharges publiques.

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Goéland argenté carte des habitats
Goéland argenté carte des habitats
Goéland argenté
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Habitudes et mode de vie

Cet oiseau survole le littoral en vol plané, ailes étendues et tenues légèrement arquées, queue étalée. Le vol battu est puissant, aux battements soutenus. La vitesse moyenne de vol est d'environ 40 km/h.

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Le goéland recherche souvent sa nourriture en marchant ou parfois en courant. Sa démarche est aisée, à peine dandinée, ses pas sont amples et ses enjambées font plus de 15 cm de longueur.

Il est par contre un assez piètre nageur pour un oiseau de mer : il se contente le plus souvent de flotter ou nager en surface. Il ne plonge guère à la poursuite de ses proies, même s'il est capable de s'immerger partiellement pour saisir des proies situées à faible profondeur.

Pour les relations avec l'homme, voir le paragraphe correspondant.

Le goéland argenté est un oiseau bruyant qui possède toute une gamme de cris sonores et stridents ressemblant à des jappements ou des cris plaintifs. Ce goéland crie souvent, à de nombreuses occasions, et tout au long de la journée. On dit qu'il pleure ou raille. Il peut aussi pousser de grandes clameurs éclatantes du genre aow-kayïï-kao-kao-kao-kao, des cris sonores en iaou ou en ga-ga-ga.

Cet oiseau très sociable quelle que soit la saison se nourrit et niche le plus souvent en groupe, voire en colonie. Les bandes de goélands argentés peuvent regrouper de quelques dizaines à quelques milliers d'individus. Cependant, au sein même de la colonie, la distance minimale tolérée entre deux nids est d'environ 2 m et chaque couple s'octroie un territoire mesurant d'une dizaine à une centaine de mètres carrés, à l'intérieur duquel tout intrus, y compris humain, est attaqué. Cette défense du territoire est assurée aussi bien par le mâle que par la femelle.

La sociabilité du goéland argenté peut s'étendre à d'autres espèces d'oiseaux de mer, avec lesquelles il se mêle volontiers, et il n'est pas rare de voir, sur une zone d'alimentation, des goélands argentés mêlés à diverses autres espèces de goélands, de mouettes ou de sternes. De même, ce goéland niche souvent à proximité d'autres espèces d'oiseaux de mer nichant en colonie (autres espèces de goélands, sternes, ou guillemots par exemple).

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Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

Le goéland argenté est une espèce opportuniste qui consomme aussi bien du poisson que des invertébrés marins (mollusques, crustacés, polychètes, échinodermes…). Il consomme aussi des animaux capturés sur le continent, tels que des insectes et des vers de terre, des œufs d'oiseaux ou des poussins, et même de petits mammifères. Le goéland argenté exerce une forte pression de prédation sur les autres oiseaux de mer, notamment sur ceux nichant en colonie tels que les guillemots, sternes ou macareux, ainsi que sur d'autres espèces d'oiseaux (canards, limicoles…) qui nichent à proximité. Il n'hésite pas non plus à attraper un œuf ou un oisillon d'un autre goéland, y compris de son espèce, s'ils sont laissés sans surveillance. Sur certaines îles de la Frise orientale, comme Spiekeroog, ce sont jusqu'à 7 oisillons sur 10 qui sont victimes de cannibalisme. Ce taux de cannibalisme élevé peut être induit par des conditions particulières, notamment un stress alimentaire, le taux augmentant lorsque les températures de surface des eaux augmentent (ce qui diminue la productivité primaire et conduit au déplacement des poissons vers des eaux plus profondes). Mais il peut aussi être charognard ou se nourrir de déchets de poisson rejetés en mer par les bateaux de pêche, ou encore d'ordures récoltées dans les décharges publiques, voire à la sortie des égouts. Il se nourrit aussi de produits végétaux, comme des baies, des tubercules (par exemple des navets) ou des graines,,.

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Cette grande diversité dans le régime alimentaire semble surtout valable à l'échelle de l'espèce : les individus ont souvent des comportements alimentaires plus spécialisés, et parfois assez étroitement limités. Une étude menée en rade de Brest a d'ailleurs montré que les femelles se nourrissaient plus volontiers de lombrics, alors que les mâles étaient dominants sur les décharges.

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Habitudes d’accouplement

COMPORTEMENT D’ACCOUPLEMENT

Comme chez la plupart des oiseaux de mer, la saison de reproduction s'étale sur une longue période. La reproduction proprement dite, c'est-à-dire la ponte et l'élevage de la nichée, se déroule d'avril à juillet ; mais elle est précédée par une longue phase d'appropriation des territoires et de formation des couples.

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Les dates d'arrivée aux sites de nidification varient avec la latitude : elles sont plus précoces au sud. Ainsi, les goélands argentés sont observés sur leurs territoires au plus tard dès décembre dans le Finistère et au cap Blanc-Nez, début janvier en mer d'Irlande et début mars dans le sud de la Baltique. Les retours sont même signalés dès novembre au pays de Galles.

Schématiquement, les mois précédant la ponte proprement dite, c'est-à-dire approximativement de janvier à avril, sont consacrés à l'appropriation et à la délimitation des territoires, à la formation des couples et à l'accouplement, enfin à la construction du nid. Mai est le mois des pontes et de l'incubation pour la majorité des couples, juin et juillet ceux de l'élevage des jeunes. Les oiseaux quittent progressivement les sites de reproduction dans le courant du mois d'août, les colonies étant pratiquement désertes à la fin de ce mois.

Le moment et la durée du processus de formation des couples dépendent du statut des individus. Dans un certain nombre de cas, le couple est déjà constitué au moment de l'arrivée : il s'agit généralement d'individus âgés, ayant acquis antérieurement une expérience de la reproduction et retrouvant leur partenaire de l'année précédente. La règle pour l'espèce est la monogamie et la fidélité au partenaire d'une année à l'autre.

La formation d'un nouveau couple ne se pose donc que pour les jeunes qui accèdent pour la première fois au statut de reproducteur, et aux reproducteurs expérimentés dont le partenaire a disparu depuis la saison précédente et aux cas de séparation (souvent dus à une saison de reproduction infructueuse).

Des comportements à composante sexuelle apparaissent dès les premiers stades de la formation des couples, mais ils culminent dans les semaines précédant la ponte. Les deux comportements les plus caractéristiques de cette période sont le « nourrissage de cour » et les accouplements. Dans un cas comme dans l'autre, c'est la femelle qui a l'initiative : adoptant une posture, des mouvements et des cris très semblables à ceux des poussins lorsqu'ils quémandent leur nourriture auprès des adultes, elle sollicite le nourrissage ou l'accouplement de la part du mâle. Comportement très ritualisé, le nourrissage de cour n'en est pas moins effectif, les quantités de nourriture passant du mâle à la femelle étant parfois très importantes ; son rôle énergétique est indéniable au moment où les œufs sont en cours de formation. Par ailleurs, les mâles les plus efficaces à cet égard sont généralement aussi ceux qui s'investissent le plus dans l'élevage des poussins. Comme chez les autres goélands, le mâle émet un cri particulier pendant toute la durée de l'accouplement.

Le goéland argenté niche au sol, sur les îlots, les corniches des falaises continentales, dans les dunes, les landes basses ou les tourbières, voire sur les toits de bâtiments urbains, en groupes ou colonies comportant de quelques dizaines à plusieurs milliers de couples. Quoique occupant très fréquemment les mêmes espaces de reproduction que les goélands bruns, les deux espèces diffèrent dans leurs exigences précises : le goéland argenté domine sur les côtes escarpées et les espaces découverts alors que le brun affectionne plutôt les îlots bas, en particulier les zones couvertes d'une végétation haute (fougères, buissons…) dans lesquelles l'argenté pénètre exceptionnellement.

Le nid, de dimensions variables, est constitué de matériaux divers rassemblés par les deux partenaires, le mâle étant généralement plus actif dans cette activité : herbes, brindilles, petites racines et algues pour l'essentiel, mais aussi fragments de plastique, graviers, coquillages, plumes, etc. Il est installé dans un creux du terrain, préexistant ou creusé avec les pattes dans la terre ou le sable.

La ponte n'a lieu qu'une fois par an, au printemps, vers les mois d'avril ou mai. Les pontes les plus précoces ont été notées un 11 avril au Danemark, un 14 avril en Bretagne, un 19 avril en mer d'Irlande, un 23 avril en Norvège et un 26 avril en Écosse.

La femelle pond le plus souvent trois œufs de couleur variable (blanc verdâtre, beige ou beige verdâtre) mais toujours tachetés de brun. Le pourcentage de pontes à trois œufs varie de 78 % à 91 % selon les études. Ces œufs mesurent en moyenne 71 × 49 mm, avec pour valeurs extrêmes 58,0-82,7 mm × 44,1-54,8 mm, pour une masse moyenne de 42 g (dont 7 % de coquille). Des études tendent à montrer que plus la femelle est bien nourrie avant la ponte, plus les œufs auront des dimensions moyennes élevées, et plus les petits seront vigoureux. Les œufs sont pondus à intervalles irréguliers, généralement de un à trois jours, le plus souvent de deux jours.

La couvaison, assurée par les deux parents, dure de 28 à 30 jours. Elle ne devient continue que lorsque la ponte est complète ; le nid est toutefois surveillé en permanence dès le premier œuf, l'adulte de garde pouvant alors rester de longs moments à quelques pas de là. À intervalles irréguliers, le parent qui couve tourne les œufs au moyen du bec et des pattes.

Les poussins pèsent environ 65 grammes à l'éclosion. Ils sont couverts d'un duvet beige, teinté de gris sur le dos, et parsemé de quelques taches brun-noir, ce qui constitue un plumage cryptique. Leur iris est brun-noir, leurs pattes rosées, et leur bec, gris sombre à la base, est beige-rosé à l'extrémité.

La surveillance et le nourrissage des oisillons sont assurés par les deux parents dont l'agressivité vis-à-vis des prédateurs potentiels s'accroît vers la fin de la période d'incubation, culminant au cours des premières semaines d'élevage. Un des parents reste constamment à proximité du nid, pendant que l'autre est parti en quête de nourriture ; à la moindre alerte, il émet un « ga-ga-ga » qui incite les poussins à chercher refuge parmi la végétation ou les rochers. Lors de l'intrusion d'un homme ou d'un chien sur le territoire, l'adulte de garde prend son envol et pique vers l'intrus de façon répétée tant que celui-ci reste à proximité ; si ces attaques, qui s'accompagnent d'un cri strident à chaque piqué, sont très impressionnantes, il est très rare que les goélands touchent leur cible, et lorsqu'ils le font, c'est généralement avec les pattes.

Au moment de l'éclosion, les nouveau-nés sont couvés en permanence, dans un premier temps tant que leur duvet garde des traces de l'humidité de l'œuf (quelques heures), puis jusqu'à ce qu'ils aient acquis une certaine indépendance thermique (quelques jours). Le dérangement des parents lors de la phase de séchage du duvet est souvent une cause de mortalité des oisillons. Après quelques jours, les parents ne couvent plus les poussins que lorsque les conditions climatiques l'exigent (températures basses ou élevées, pluie…) ; cela peut occasionnellement se produire jusqu'à l'âge de trois semaines environ. Les oisillons sont capables de quitter le nid pour s'aventurer aux alentours dès le deuxième ou troisième jour. Ils sont toutefois très attachés à leur territoire, qu'ils apprennent à connaître très rapidement dans ses moindres détails, ce qui facilite leur camouflage rapide à la moindre alarme. Les jeunes transgressant les limites de leur territoire sont immédiatement attaqués par les adultes voisins, et souvent tués, voire mangés ; c'est là une importante cause de mortalité, en particulier lors d'intrusions humaines dans les colonies.

Le déroulement du nourrissage varie dans le détail, notamment en fonction de l'âge des jeunes, mais selon un schéma général remarquablement constant. Lorsque l'adulte revient sur le territoire et s'apprête à nourrir, il émet un cri particulier connu sous le nom de « cri miaulant » qui provoque immédiatement la course des jeunes vers le parent nourricier. Les petits piquent de leur bec vers le bec de l'adulte, en particulier vers la tache rouge qui orne la mandibule inférieure. Ce comportement déclenche la régurgitation du repas de la nichée : le jabot et le cou de l'adulte se déforment, parfois de manière spectaculaire, du fait de la remontée des aliments, et les jeunes prennent leur nourriture directement dans le bec ouvert, beaucoup plus rarement sur le sol.

Les oisillons sont capables de voler au bout de 35 à 40 jours, soit environ 6 semaines, mais seront nourris quelques jours encore par leurs parents,.

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Population

Effectif de la population

Selon J. Henry et J.Y. Monnat, au début du XIXe siècle, le goéland argenté était commun sur les littoraux picards, normands et bretons. La collecte des œufs de cette espèce la cantonnait à des zones peu accessibles, telles que falaises escarpées et îlots rocheux. À partir du milieu du XIXe siècle, la collecte d'œufs, devenue commerciale, et la chasse de cet oiseau, pour le loisir (« tirs sportifs ») ou pour alimenter en plumes le commerce de la chapellerie, ont abouti au tournant du XXe siècle à une disparition presque totale du goéland argenté sur les côtes françaises.

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Cependant dans les années 1920, des colonies de cet oiseau, peut-être restaurées grâce à des oiseaux provenant des îles Anglo-Normandes, furent de nouveau signalées en Bretagne. On retrouve la même histoire au niveau européen : la collecte des œufs, par exemple, atteignait au XIXe siècle des proportions très importantes, de 300 à 800 œufs par jour sur l'île du Texel aux Pays-Bas, et jusqu'à 10 000 par saison de ponte sur l'île de Sylt en Allemagne.

Au cours du XXe siècle, le nombre de couples de goélands nicheurs a fortement augmenté, avec un accroissement consécutif de son aire de répartition : par exemple, dans les années 1970, le goéland argenté a recommencé à nicher dans le bassin d'Arcachon, où il n'avait plus niché depuis longtemps, et qui constitue en 2010 la limite sud de son aire de nidification. Cette progression est imputée à divers facteurs. Tout d'abord, l'arrêt presque complet de la chasse et de la récolte des œufs de goéland argenté a diminué la pression de prédation exercée sur l'espèce. Ensuite, l'accroissement de la population humaine a mis à la disposition de cet oiseau de nouvelles ressources alimentaires, comme les animaux produits dans de nouveaux types d'exploitations agricoles (pisciculture, conchyliculture, etc.), ou l'augmentation de la quantité d'ordures accessibles, notamment dans les décharges publiques, ou encore l'augmentation de la quantité de déchets de poisson rejetés en mer, à la suite de l'accroissement de l'industrie de la pêche. Enfin, s'étant adapté à la présence de l'homme, le goéland argenté a aussi depuis les années 1960 profité de nouveaux sites de nidification, tels que les toits des bâtiments urbains. Les villes, de par leur structure architecturale, la nourriture souvent abondante et l'absence de prédateurs terrestres, constituent en effet un milieu très favorable à la nidification de ces goélands, qui n'ont pas eu à développer d'adaptation particulière pour s'y installer.

En France, les goélands argentés ont commencé à nicher en ville dans les années 1970 (Morlaix, Saint-Malo en Bretagne, Le Tréport en Seine-Maritime). À la fin des années 1980, environ 2 % de la population des goélands argentés de ce pays avait colonisé le milieu urbain, et ce pourcentage a atteint 13,6 % à la fin des années 1990. Ces colonies urbaines (goéland argenté, mais aussi goélands bruns, marins et leucophées) se trouvent parfois dans des villes un peu en retrait des côtes, comme Rennes, colonisée en 1987. En Grande-Bretagne, cette colonisation a débuté dès les années 1920 et s'étend à des villes plus éloignées des côtes, mais le pourcentage de populations urbaines n'atteignait que 8 % en 1994 (250 villes hébergeant plusieurs milliers de goélands urbains).

La tendance actuelle est à la stabilisation de l'accroissement des populations de goélands argentés, parfois même la régression des effectifs dans de nombreux pays alors qu'ils continuent de s'accroître en milieu urbain. Ceci est peut-être dû à une raréfaction des sources de nourriture, liée à la fermeture des décharges à ciel ouvert, ou à la surpêche conduisant à la raréfaction du poisson ou aux modifications des techniques de pêche, mais aussi à une saturation des sites de nidification, avec un accroissement récent de la concurrence du goéland marin et du goéland brun. Une autre cause possible est l'accroissement de la régulation des populations de goélands argentés dû à différents facteurs, comme l'intensification de la prédation exercée par le goéland marin, les campagnes de destructions mises en place localement, mais aussi les épidémies, comme l'épidémie de botulisme de type C qui causa la mort de plus de 10 000 oiseaux de mer entre 2000 et 2004 au sud de la Suède, notamment de nombreux goélands argentés,,. Il y a même eu au tournant du XXIe siècle une réduction des effectifs au Royaume-Uni, en Irlande et aux Pays-Bas.

Selon BirdLife International, la population européenne (hors Russie) comprenait en l'an 2000 entre 660 000 et 900 000 couples nicheurs, et plus de 800 000 individus hivernants. Les pays comptant le plus de couples nicheurs sont la Norvège (plus de 150 000 couples) et le Royaume-Uni (plus de 140 000 couples).

L'UICN a classé cette espèce en catégorie LC (préoccupation mineure), du fait de ses effectifs élevés et de l'étendue importante de son aire de répartition.

Les populations européennes ont été classées par l'AEWA dans le statut C1, c'est-à-dire ni menacées, ni vulnérables.

La Directive oiseaux de 1979 a classé cette espèce en annexe II, c'est-à-dire dans les espèces dont la chasse est autorisée, et ce classement a été entériné en 1995.

En France, l'espèce est protégée comme toutes les espèces de goélands depuis 1962,. Il est cependant possible d'obtenir auprès du préfet une dérogation pour supprimer ces oiseaux ou leurs œufs selon l'article L 411-2 du code de l'environnement, ou bien solliciter du préfet la réalisation d'une battue administrative (article L. 427-6 du Code de l'environnement).

En Belgique, l'espèce bénéficie du même statut d'espèce protégée, avec le même système de dérogations rendues possibles au cas par cas.

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Références

1. Goéland argenté article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Go%C3%A9land_argent%C3%A9
2. Goéland argenté sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/62030608/132672776
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/707075

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