Testudo graeca est une espèce de tortues de la famille des Testudinidae. En français elle est appelée tortue mauresque ou tortue grecque.
La tortue mauresque (Testudo graeca) est souvent confondue à tort avec la tortue d'Hermann (Testudo hermanni) et la tortue de Horsfield (Testudo horsfieldii).
La description des taxons de l'espèce Testudo graeca répond obligatoirement aux critères communs suivants :
Certains spécimens peuvent ne pas répondre à 1 critère parmi ces 7. Lorsque au moins 6 de ces 7 critères sont présents, la diagnose indique un spécimen du groupe taxonomique Testudo graeca.
Elles peuvent mesurer jusqu'à 30 cm et peser 4 kg.
Selon TFTSG (27 juin 2011) :
L'espèce se décompose en 2010 en dix sous-espèces réparties sur 3 continents à environnements géologiques, pédologiques et climatologiques différents. De nouvelles sous-espèces sont régulièrement proposées dans des monographies et descriptions. Souvent il s'agit en fait de populations affectées d'un cline, première étape vers un possible futur nouveau clade. Par ailleurs la plupart des sous-espèces sont considérées (pour certaines probablement à juste titre) comme véritables espèces par certains auteurs des descriptions et des études phylogénétiques.
Il est fort probable qu'on assiste là à un groupe taxonomique paraphylétique. L'avenir le dira par la comparaison exhaustive des génomes.
La Tortue grecque vit dans des milieux arides et son alimentation est parfois réduite à quelques végétaux : chardons, luzerne et jeunes pousses. Certaines populations hibernent dans les milieux d'altitude (Moyen-Atlas), mais le plus souvent ces tortues estivent pendant les mois chauds, cachées sous des buissons ou dans des anfractuosités. Les mâles sont souvent agressifs et s'affrontent âprement en période de reproduction. Les préludes aux accouplements se déroulent au tout début du printemps et après les rares pluies d'automne. Le mâle poursuit la femelle, la mord violemment aux pattes ou au cou, tourne autour d'elle pour l'immobiliser et se juche sur sa dossière. Le dimorphisme sexuel est très marqué chez cette espèce, surtout au niveau de la taille : le mâle est plus petit que la femelle (15 cm contre 30 cm) et l'on voit souvent de très petits mâles s'accoupler avec de bien plus grosses femelles. Les pontes se déroulent d'avril à juin. Trois pontes sont fréquentes avec un record de cinq pour une même femelle. Chaque ponte compte une douzaine d'œufs au maximum avec une moyenne de 7 œufs.
Cette espèce est créditée d'une longévité exceptionnelle, mais uniquement en captivité : en Angleterre une tortue a vécu jusqu'à 120 ans. À la naissance, les jeunes tortues sont souvent grisâtres et prennent ensuite une coloration plus contrastée jaune noirâtre. Très âgées, les tortues grecques peuvent présenter alors une carapace « blanche » qui ne reflète en aucune manière un handicap ou une maladie.
Les tortues sont des animaux ectothermes, c'est-à-dire que leur température corporelle est intimement dépendante de la température ambiante, leur physiologie ne disposant pas de système régulateur thermique interne. Ce sont par ailleurs des animaux poïkilothermes, c'est-à-dire dont les performances de l'activité métabolique sont dépendantes de la température suivant une fonction appliquant la loi de Poisson. Les fonctions métaboliques optimales sont acquises au sommet de la courbe graphique de la loi de Poisson (températures en abscisses, performances métaboliques en ordonnées) affectant la traditionnel forme « en chapeau de gendarme ». La température optimale pour le métabolisme poïkilotherme est appelée « température moyenne préférentielle » (TMP). Mais cette température moyenne préférentielle ne doit en aucun cas être maintenue de façon constante, car les différentes étapes nycthémérales du métabolisme poïkilotherme exigent des variations fluctuantes centrées sur cette TMP mais d'amplitude importante suivant les heures du jour et de la nuit.
Par ailleurs si la température augmente trop fortement, les fonctions vitales de l'organisme poïkilotherme vont s'accélérer dangereusement... pouvant aller jusqu’à la mort de l'animal. Pour éviter cette situation, l'animal s'enterre dans un sol frais pour une période d'estivation.A contrario, si la température baisse de façon trop importante, les fonctions vitales de l'organisme poïkilotherme vont être mises progressivement au repos pour économiser toute dépense énergétique. Repos qui peut aller jusqu'à l'hibernation... si l'espèce est adaptée à l'état physiologique d'hibernation par son passé évolutif (ce qui n'est pas le cas des Testudo graeca du Maghreb, contrairement aux Testudo graeca du plateau iranien, de Turquie, de Géorgie, de l'Est de la Grèce et de la Roumanie).
Il est préférable que toute variation de température du milieu ambiant soit douce et régulière. Une variation brutale provoque un choc thermique, avec risque important de mort soudaine par tachycardie en cas d'élévation brutale de la température ou par bradycardie en cas de chute brutale de la température.
D'une façon générale, les tortues ont donc des comportements différents en fonction des températures :
Les tortues terrestres du genre Testudo sont principalement végétariennes (phytophages). Dans la nature, elles ont un régime souvent très diversifié et principalement herbivore, mais aussi folivore et frugivore (le poids des fruits ne doit pas dépasser 10 % du poids total de la ration hebdomadaire). Elles se nourrissent de tiges, de feuilles, de fleurs, de bourgeons, de fruits et de fragments d'écorces. En période d'activité, elles se nourrissent tous les jours et ingèrent plusieurs petits repas au cours de la journée, essentiellement dans un comportement crépusculaire et surtout le matin. Dans les endroits agricoles, elles se nourrissent de quelques fruits et plantes cultivées. Elles complètent leur régime par quelques rares invertébrés (vers, escargots) et des fèces.
Contrairement à une idée répandue, la tortue ne trouve quasiment rien à manger dans du gazon. Le gazon est d'ailleurs un sol interdit aux tortues (toutes les tortues), en raison de la forte rétention en eau de cette herbe et de sa différence de température importante avec la terre, l'absorption thermique du gazon étant très importante, provoquant de nombreuses pathologies respiratoires et pathologies dermiques du plastron notamment chez toutes les espèces et sous-espèces du groupe graeca. Testudo graeca et toutes ses déclinaisons, qu'elle soit d'Afrique du nord, du Proche-Orient ou des bords de la mer Noire, est d'ailleurs une tortue qui dans la nature vit exclusivement sur un sol entièrement nu parsemé de simples broussailles. Ce sol est même proche de la nudité totale dans la quasi-totalité du Maroc et dans les steppes centrales de la Tunisie.
Le régime alimentaire des tortues terrestres doit comporter environ 90 % de végétaux et 10 % de fruits. Il doit être globalement pauvre en matières grasses et en protéines. En revanche, il doit être riche en minéraux (avec deux fois plus de calcium que de phosphore (le déséquilibre phosphocalcique chez les tortues est un des trois principaux facteurs de dystrophie hypertrophique, une maladie osseuse très grave). Il doit encore être riche en fibres, en oligo-éléments, en eau et en vitamines (notamment en vitamine A). Voici une liste d’aliments adaptés à l’alimentation des tortues terrestres : feuilles et fleurs de pissenlit, endives, romaine, cresson, luzerne, feuilles et fleurs de trèfle, chou (parties vertes uniquement, éviter toutes les parties blanches), épinards (en petite quantité), kiwi, mangue, papaye, figue fraîche, orange, céleri en branches, blettes, feuilles de betterave, feuilles de brocoli (éviter les fleurs), feuilles de navet, feuilles et fleurs d'hibiscus, feuilles de mûrier, cactées et plantes grasses.
En Afrique du nord, les Testudo graeca ont été sévèrement épuisées de la majorité de leurs habitats, surtout au Maroc, en Tunisie et dans le nord-ouest de l'Algérie où certaines populations de Testudo graeca graeca ont quasi totalement disparu car elles restent soumises à un fort taux de ramassage pour ventes illégales dans les souks des villes, et ce sous l'œil totalement indifférent des autorités et des agents circulant dans les souks. Il est difficile de fournir des données précises sur la démographie des populations restantes, la raréfaction devenant dramatique dans de nombreuses vallées.
En ce qui concerne les Testudo graeca terrestris de la vallée du Jourdain et de la Syrie, on dispose encore de peu d’informations mais qui ne sont là encore guère rassurantes. En effet les derniers rapports israéliens rapportent que cette tortue subit des dégradations liées au développement humain mettant en péril le devenir de cette dernière par la fragmentation de son habitat en raison de l'extension des zones cultivées et habitées.
En ce qui concerne la Testudo graeca ibera présente en Géorgie et en Turquie, elle reste très répandue en Turquie centrale et occidentale où elle n’est nullement en danger, peut-être grâce à son statut de porte-bonheur, mais surtout en raison d’une exploitation commerciale beaucoup plus tardive que celle des taxons du Maghreb. Il semblerait qu’il n’en soit pas de même dans l’est de la Turquie, région très montagneuse autour du lac de Van où les Testudo graeca ibera seraient plutôt proches de l’extinction comme en Géorgie.
En ce qui concerne les Testudo graeca zarudnyi, leur aire de répartition étant essentiellement l'Irak et l'Iran, on dispose de trop peu de données sur leur statut démographique et écologique.