Pigeon trocaz
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Columba trocaz

Columba trocaz

Le Pigeon trocaz (Columba trocaz) est une espèce d'oiseaux de la famille des Columbidae et endémique de l'île de Madère. C'est un oiseau gris avec une gorge rosée, une marque argentée sur la nuque, et qui se distingue du Pigeon ramier (C. palumbus), fortement apparenté, par l'absence de marques blanches sur ses ailes. Son cri est un gazouillis caractéristique de quatre notes, un peu plus faible que celui du Pigeon ramier. Malgré son aspect volumineux et sa longue queue, il a un vol rapide et direct.

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Le Pigeon trocaz se reproduit dans la laurisylve. Il pond un œuf blanc dans un fragile nid de brindilles. Ses effectifs ont chuté après la colonisation de l'archipel par les hommes, et l'espèce a été complètement éradiquée de l'île de Porto Santo. La principale cause de ce déclin est la destruction de son habitat par la déforestation, mais la chasse et la prédation des nichées par des espèces introduites, comme les rats, ont aussi contribué à cette baisse de la population. La protection des forêts de Lauraceae et l'interdiction de la chasse ont permis aux effectifs d'augmenter à nouveau récemment, mais cette espèce est toujours menacée.

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Apparence

Le Pigeon trocaz est un oiseau gris foncé mesurant 40 à 45 cm de long pour une envergure de 68 à 74 cm. Le haut de son dos a une coloration violette, et prend une teinte verte en bas de la nuque. Les côtés de la nuque sont blanc argenté. Le reste du manteau, les scapulaires, les couvertures alaires, le dos et le croupion sont uniformément gris ardoise foncé. La queue est noirâtre avec une large bande gris pâle, et les rémiges sont principalement noires, bordées de blanc. Le haut de la poitrine est rosâtre, se fondant progressivement dans le gris du corps. L'iris est jaune. Le bec a une pointe jaune et une base rouge violacé, et une cire saupoudrée de blanc. Les pattes et les doigts sont rouges. Mâles et femelles sont d'apparence similaire, mais les jeunes ont généralement un plumage plus marron, et les marques argentées au niveau du cou ne sont pas encore visibles ; ils sont toutefois plus gris que le jeune Pigeon ramier. Les plumes alaires et les scapulaires ont le bord chamoisé, donnant une apparence écaillée aux ailes des immatures.

Distribution

Géographie

Continents
Pays
Domaines biogéographiques

Le Pigeon trocaz est endémique de l'île montagneuse principale de l'archipel de Madère, même s'il se reproduisait également autrefois sur l'île voisine de Porto Santo. On le rencontre principalement sur le versant nord de la montagne, mais aussi dans le sud où la forêt de lauriers, son habitat privilégié, existe encore. Son habitat naturel est la grande laurisylve ou les denses peuplements de Bruyère arborescente, qui sont couverts de nuages pendant la majeure partie de l'année. Ces forêts sont principalement constituées de Laurus azorica, Ocotea foetens, Persea indica, Apollonias barbujana, Myrica faya, Clethra arborea et Picconia excelsa. Le Pigeon trocaz préfère les forêts primaires, mais visite également les forêts exploitées et les terres agricoles à la recherche de nourriture, surtout lorsqu'il y a pénurie de fruits. La plupart des individus vivent en dessous de 1 000 m, et leur environnement préférentiel est constitué de fortes pentes et de ravins le long de cours d'eau artificiels, avec occasionnellement un grand laurier mort et d'autres en meilleure santé. Cette espèce est très mobile entre les différentes zones à différents moments de l'année. On la rencontre à proximité de la côte, là où les activités humaines n'ont pas modifié l'habitat d'origine.

Pigeon trocaz carte des habitats
Pigeon trocaz carte des habitats

Habitudes et mode de vie

Le Pigeon trocaz est une espèce timide qui passe le plus clair de son temps abrité dans la laurisylve, où il se nourrit en petits groupes dans les arbres ou au sol. Ils forment occasionnellement des groupes plus importants quand la nourriture est abondante. Il est moins timide lorsque les ressources se font rares, et sort alors de la laurisylve pour gagner les terres agricoles où il peut atteindre des concentrations inhabituelles. Lorsqu'il est effrayé, il s'envole plus calmement que le Pigeon ramier et peut voler sur de longues distances pour s'éloigner. Le cri du Pigeon trocaz est semblable à celui du Pigeon ramier, bien que plus calme, et peut être transcrit comme un cou cou cou couk.

Mode de vie
Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

Le Pigeon trocaz est exclusivement herbivore. Près de 60 % de son régime alimentaire est composé de fruits, le reste étant des feuilles, et 1 % de fleurs. Les fruits d'Ocotea foetens, Laurus azorica et Persea indica, les fruits et les feuilles d'Ilex canariensis et les fleurs et les feuilles des espèces du genre Sonchus ou d'Apium nodiflorum sont les aliments les plus appréciés de cet oiseau,. La plupart des graines ressortent du système digestif comme intactes, à l'exception de celles de Laurus azorica, qui sont endommagées lors de la digestion. Les fruits sont le principal composant de l'alimentation du pigeon quand ils sont disponibles en grande quantité en automne et en hiver, tandis qu'au printemps et en été, lorsqu'ils se font plus rares, le pigeon consomme principalement des feuilles. Une étude a révélé que 27 % des feuilles consommées provenaient d'arbres indigènes, en particulier d'Ilex canariensis, 61 % provenaient d'herbes et d'arbustes, et près de 10 % d'espèces d'arbres introduites, principalement des pommiers et des pêchers. Ce pigeon est mal vu des agriculteurs car il lui arrive de s'attaquer aux récoltes, notamment celles de choux. Les matières fécales des pigeons vivant dans des zones agricoles contiennent peu de plantes sauvages, tandis qu'a contrario les échantillons provenant de forêts contiennent peu d'espèces cultivées. On pense donc que seuls certains oiseaux vont dans les cultures. C'est en hiver qu'il est le plus fréquent de voir le pigeon s'alimenter dans les terres agricoles, alors que les fruits sont disponibles en grandes quantités dans les forêts. Ce n'est donc pas la pénurie de nourriture qui le pousse à visiter les terres cultivées, mais plutôt son côté opportuniste. Cependant, lorsque la récolte des fruits de lauriers est pauvre, un grand nombre de pigeons peuvent quitter la forêt pour se nourrir de choux, de cerises en fleurs et de sarments. Le rat peut être un concurrent pour la nourriture à certains endroits de l'île.

Habitudes d’accouplement

Les jeunes pigeons peuvent se reproduire dès leur première année, et la nidification a lieu tout au long de l'année, mais surtout de février à juin. Le comportement en période de reproduction est similaire à celui du Pigeon ramier : le mâle s'envole, claque des ailes, puis redescend avec la queue et les ailes bien déployées. Cette parade nuptiale peut être répétée deux ou trois fois avant que l'oiseau ne retourne à son perchoir. Au sol, le mâle salue ensuite sa compagne avec son cou gonflé pour bien montrer ses taches irisées. Pendant ce temps, la queue est relevée, déployée, puis refermée. Il accompagne sa cour par des cris. Le nid est typique des pigeons : une structure fragile faite de brindilles et d'herbes généralement placée en haut d'un arbre dans la forêt, et plus rarement au sol ou dans les anfractuosités d'une falaise. La femelle pond un œuf lisse et blanc, parfois deux, mais aucun nid avec deux poussins n'a jamais été retrouvé. Les œufs, de 3 à 5 cm de long, sont couvés pendant 19 à 20 jours. Les jeunes sont capables de voler dans les 28 jours, et sont indépendants dans les huit semaines suivant leur éclosion.4

Population

Menaces démographiques

Le Pigeon trocaz vivait autrefois sur l'île principale de Madère et sur celle de Porto Santo située à proximité. Il était très abondant avant que les îles soient colonisées par les hommes, mais il a par la suite disparu de Porto Santo, et en 1986, ses effectifs totaux étaient tombés à 2 700 oiseaux. Ces chutes d'effectifs sur les deux îles, les seules habitées de l'archipel, étaient en grande partie dues à la déforestation pour le bois et pour la mise en culture de terres agricoles et de pâturages. En effet, la laurisylve couvrait l'intégralité de ces îles avant que l'Homme n'arrive dans l'archipel en 1419, alors qu'elle ne représente aujourd'hui plus que 15 % de la surface de l'île de Madère. La chasse de ses oiseaux, à la fois pour le sport mais également en réponse aux dégâts qu'ils causent aux cultures, a également contribué à ce déclin, tout comme les empoisonnements dont ils font l'objet. Ainsi, à la suite des dégâts que l'espèce a faits aux cultures en 1985, une saison de chasse particulière a été décrétée, et 300 oiseaux ont été tirés et 150 à 200 ont été empoisonnés.

Effectif de la population

Sa population croissante lui permet d'être désormais classé comme « quasi-menacé » sur la liste rouge de l'UICN, alors qu'il avait été classé espèce menacée en 1988. Cette espèce est protégée en vertu de la directive oiseaux de l'Union européenne depuis 1986, et les forêts de lauriers au titre de la directive habitats. L'île de Madère comprend sept zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) dont cinq abritant ce pigeon, et sont classées comme zones de protection spéciales. Il est également cité dans l'annexe III de la convention de Berne, parmi les espèces protégées. Au niveau national, il est considéré comme vulnérable dans le livre rouge des espèces.

Références

1. Pigeon trocaz article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Pigeon_trocaz
2. Pigeon trocaz sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/22690112/118618501
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/488808

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