Lophius piscatorius
La baudroie commune (Lophius piscatorius), nommée aussi lotte ou baudroie, est un poisson marin qui vit le long des côtes d'Europe. On la trouve fréquemment sur les côtes de Provence.
La dénomination commerciale de la lotte est ambiguë, car elle désigne par ailleurs un poisson d'eau douce, la lotte de rivière.
D'après Émile Littré, l'auteur du Dictionnaire de la Langue Française, la baudroie est définie ainsi :
« Un des noms vulgaires de la lophie pêcheuse, poisson des côtes de France. Nom donné aussi par quelques auteurs au genre lophie ».
Dans un texte cité par Du Cange, au mot baudroy, on trouve : « poisson nommé par les Italiens martin-pêcheur, diable de mer, par les Marseillais baudroy, à cause de la grande ouverture de sa bouche, semblable à une bourse dite dans le pays baudrier. Baudroy et par corruption baudroie est donc l'ancien français baudrei ou baudroi, signifiant baudrier. »
Sa tête énorme la fait ressembler à un crapaud. Sa peau est totalement lisse et ne possède pas d'écaille. Son corps est oblong et presque cylindrique. Le dos est brun-jaune ou vert avec des marbrures sombres. Les flancs sont clairs et le ventre est blanc. À vingt ans, elle peut atteindre 2 mètres pour un poids de 45 kg. Cependant les spécimens de plus de 50 à 60 cm sont rares.
L'espèce est présente dans l'est de l'Atlantique, du sud-ouest de la mer de Barents jusqu'au détroit de Gibraltar, en mer Méditerranée et en mer Noire. Elle est également observée sur les côtes islandaises et au large de la Mauritanie. Les spécimens de l'Atlantique Nord sont généralement plus grands que ceux pêchés au large de l'Afrique et sont présents à des profondeurs plus importantes.
La baudroie peuple les fonds de sable, de graviers ou de vase, de 20 à 1 000 m de profondeur.
C’est un poisson de fond surtout nocturne qui est essentiellement piscivore. Il s'enfouit dans le sable ou la vase et attend ses proies plutôt que de les chasser. La baudroie commune agite un appendice luminescent juste au-dessus de sa bouche pour capturer ses proies. Dès qu'un poisson s'en approche, il est aspiré avant que la bouche, tapissée de nombreuses dents pointues, ne se referme comme un piège.
La baudroie n'atteint sa maturité sexuelle qu'à 6 ou 7 ans pour les mâles, mesurant alors 60 cm et 9 ou 11 ans pour les femelles. Elles pondraient jusqu’à 3 millions d’œufs sous forme d’un ruban muqueux.
Greenpeace a placé la baudroie sur sa liste rouge et recommande d'en cesser la consommation jusqu'à ce que sa survie soit assurée. En effet il s'agit d'une espèce à la croissance lente et parvenant tardivement à l’âge adulte, vulnérable face à la surexploitation,. Les méthodes de pêche utilisées sont dans le collimateur des écologistes, surtout le chalut de fond, qui dévaste le plancher océanique et entraîne tout un cortège de prises involontaires. Autre problème : le poisson, très prisé des gourmets, n'est pas soumis à des tailles minimales de capture et de nombreuses baudroies, parfois de la taille de la main, sont décimées. Seuls des filets à grandes mailles permettent une meilleure sélection.