Niverolle alpine
Royaume
Phylum
Classe
Commande
Famille
ESPÈCES
Montifringilla nivalis

Montifringilla nivalis

La Niverolle alpine (Montifringilla nivalis) est une espèce d'oiseaux de la famille des Passeridae, vivant en haute altitude dans les massifs montagneux d'Europe et d'Asie.

Montrer plus

Surtout granivore, l'espèce est proche des moineaux mais s'en distingue notamment par divers traits comportementaux, sa taille légèrement supérieure, son plumage très contrasté et son adaptation à un climat froid. Espèce paléomontagnarde considérée comme une relique de l'ère glaciaire, elle présente notamment une grande résistance au froid, les embryons étant capables de se développer à une température inférieure à celle des autres oiseaux, et les petits naissant couverts de duvet alors que les poussins de moineaux naissent nus. C'est une espèce grégaire qui quitte rarement la haute montagne.

Le genre Montifringilla compte deux autres espèces de niverolles, la Niverolle de Henri et la Niverolle du Tibet, toutes deux asiatiques, les trois formant peut-être un complexe d'espèces.

Montrer moins

Apparence

La Niverolle alpine est un petit passereau robuste mesurant de 16,5 à 19 centimètres de longueur, à la tête grise et au manteau brunâtre. Le front est blanc crème et l'œil présente un léger cercle orbital clair. La gorge est blanchâtre et le menton est noir mêlé de blanc. Les ailes présentent de grandes plages blanches (rémiges secondaires et tertiaires) et sont terminées par une zone noire (rémiges primaires sauf les huitièmes, neuvièmes et dixièmes, partiellement blanches). Les couvertures alaires sont blanches, sauf une partie des primaires, ce qui délimite une plage blanche entre elles et la zone noire des rémiges primaires. La queue est partagée en deux bandes blanches par une raie médiane noire. La poitrine et le ventre sont d'un blanc cassé,. Le bec est noir à la belle saison et jaune-orangé en hiver.

Montrer plus

Les adultes muent à partir de la fin juillet et leur nouveau plumage est entièrement renouvelé dans le courant de l'automne. La bavette noire est alors souvent masquée en plumage hivernal frais. Le dimorphisme sexuel est faible, mais le mâle est plus contrasté que la femelle et ses couvertures primaires ont davantage de blanc. La femelle est davantage brun-roux à la tête, sur les côtés du cou, et sur le dos.

Les jeunes ressemblent à la femelle mais la gorge est grise, la poitrine et les flancs sont teintés de roux. Leur bec est jaune orangé, avec la pointe sombre. Ils font une mue complète à l'automne.

L'espèce mesure environ trente-trois centimètres d'envergure ; la queue mesure soixante-huit à soixante-seize millimètres, le bec treize à quatorze millimètres. Le poids moyen d'un individu est de trente-sept grammes en été, et de quarante-quatre grammes en hiver (trente à cinquante grammes).

On ne peut confondre cet oiseau avec aucun autre vivant dans son aire de répartition : la confusion n'est possible qu'avec le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis). La répartition de ce dernier est cependant globalement plus nordique, et les oiseaux hivernant plus au sud ne gagnent pas les altitudes élevées auxquelles demeure la niverolle en toute saison.

Montrer moins

Distribution

Géographie

La niverolle alpine est une espèce paléomontagnarde considérée comme relictuelle : elle aurait trouvé refuge en altitude lors de la dernière déglaciation,.

Montrer plus

L'espèce vit à l'étage alpin, au-dessus de 2 000 mètres d'altitude, au-delà de la limite des arbres, dans les milieux d'alpage et de pelouse où l'on rencontre des éboulis et des zones rocheuses. Elle peut atteindre des altitudes importantes : un individu a été observé le 5 août 1983 à Saint-Christophe-en-Oisans au dôme de la Lauze, à 3 568 mètres. Les névés semblent recherchés, probablement parce que la collecte des graines et de menus insectes est plus facile sur un fond blanc, mais aussi parce que leur fonte printanière libère les graines qu'ils recouvraient.

Elle présente une grande adaptation au climat rigoureux régnant à ces altitudes. Sa résistance au froid est exceptionnelle et l'espèce supporte les chutes de neige tardives, même en période de reproduction. Les œufs tolèrent une température d'incubation plus basse que chez les autres espèces, 30 contre 35 °C.

L'espèce occupe dans le Paléarctique la même niche écologique que le Roselin à tête grise dans le Néarctique, et présente les mêmes adaptations à des conditions de milieu identiques. Par ailleurs, elle est, parmi tous les mammifères et oiseaux européens, l'espèce à la distribution la plus proche de celle de l'Oreillard montagnard (Plecotus macrobullaris).

La forme nominale nivalis se trouve exclusivement en Europe (plusieurs sous-espèces, et espèces très voisines, formant peut-être une super-espèce, existent en Asie, de la Turquie à la Chine). Elle y fréquente les massifs des Alpes, des Pyrénées (les deux versants), la cordillère cantabrique, la Corse, les Apennins et les Balkans.

En France, la majeure partie de l'effectif vit dans les Alpes où l'espèce fréquente les plus hauts massifs de la Haute-Savoie, jusqu'au mont Bégo dans les Alpes-Maritimes. Elle est beaucoup plus rare dans les Préalpes où elle se limite aux massifs les plus élevés présentant un ou plusieurs sommets culminant au moins à 2 300 mètres d'altitude (Cornettes de Bise, massif du Giffre, chaîne des Aravis). Elle est bien représentée dans les trois parcs nationaux (Écrins, Mercantour, et Vanoise). Malgré les recherches, la reproduction n'a pas été constatée dans le Vercors,.

Un second noyau de population se trouve dans les Pyrénées, et notamment dans le parc national. On la trouve dans les Pyrénées du pic d'Orhy (Pyrénées-Atlantiques) au port d'Aula (Ariège), mais c'est seulement dans les régions les plus élevées que sa présence est régulière (Balaïtous, Néouvielle, Aneto). Il est probable que l'espèce s'étende également jusqu'à la Cerdagne.

Un troisième noyau a été découvert en 1980 au Monte Cinto en Corse.

Montrer moins
Niverolle alpine carte des habitats
Niverolle alpine carte des habitats

Habitudes et mode de vie

L'espèce est surtout sédentaire et se déplace essentiellement dans son aire de reproduction, où elle vit en troupes de taille variable. Elle n'effectue pas de véritable migration altitudinale (recherche de conditions plus clémentes à basse altitude en hiver), mais peut parfois quitter les sommets en cas de brusque dégradation météorologique, sans quitter la montagne pour autant. On peut alors la voir près des villages de montagne à la recherche de zones déneigées où se nourrir.

Montrer plus

L'espèce passe ainsi l'essentiel de l'hiver en altitude, et en troupes importantes : une centaine d’individus sont observés le 31 octobre 1993 à 2 500 mètres en Haute-Maurienne et le même nombre à la même altitude le 13 novembre 1994 en Tarentaise. Elle exploite alors les ressources disponibles dans les stations de ski (restes alimentaires, déchets).

Il est possible qu'il existe d'un massif à l'autre, une migration du nord vers le sud, mais l'oiseau reste rarissime en dehors des régions de montagne. Toutefois, une partie de la population de niverolles des Alpes centrales part en hiver à la recherche de conditions moins rudes dans les Alpes externes, le Vercors, le Massif central. L'est du Massif central constitue la limite occidentale de cette migration (observation de trente individus au mont Mézenc en janvier 1986). C'est seulement lors de ces transits d'un massif à l'autre que l'espèce est susceptible d'être contactée en plaine.

Dans son milieu, l'espèce est très confiante à l'égard de l'Homme. Dans les stations de ski, il n'est pas rare d'observer des niverolles, picorant comme les moineaux sur les terrasses des restaurants.

Sur les pelouses alpines, les teintes brunes et grises du plumage assurent un très bon camouflage et les oiseaux ne révèlent leur présence qu'à l'envol, avec leurs ailes blanches et noires. Les niverolles marchent, sautillent ou trottinent à la recherche de nourriture, et décollent toutes ensemble si elles sont dérangées, en poussant des cris.

Comme pour beaucoup d'espèces de passereaux, la prise de bains de poussière a été observée.

Montrer moins
Mode de vie
Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

Les niverolles consacrent leur journée à la recherche de nourriture, essentiellement au sol où elles picorent les graines tombées. Exceptionnellement, elles visitent des plantes pour en cueillir les graines, surtout les chardons. Elles se nourrissent également de petits fruits et de jeunes pousses, et capturent divers invertébrés (sauterelles, coléoptères, papillons parfois pris au vol, chenilles, etc.). Mais elles fréquentent également les tas de fumier près des bergeries et des étables d'altitude, et en hiver, on peut les observer près des villages et même venir aux mangeoires disposées pour les oiseaux.

Habitudes d’accouplement

La reproduction a lieu à environ 2 000 mètres d'altitude à plus ou moins deux cents mètres ; la nidification la plus élevée a été constatée en Italie, au mont Rose, à 3 480 mètres, et à 3 476 mètres à la Jungfrau en Suisse, tandis que la plus basse a été observée en Haute-Savoie à 1 750 mètres.

Montrer plus

Dès février, les couples visitent les cavités, à la recherche de la plus propice à l'établissement du nid. Le mâle est le plus actif dans cette recherche. Il pénètre dans tous les trous visitables et dès qu'il en a trouvé un qui lui convient, il se met à chanter depuis l'intérieur. La femelle l'y rejoint et il semble que ce soit elle qui prenne la décision de s'installer.

Vols de parade, accouplements, recherche du nid, s'effectuent conjointement jusqu'à la mi-mai. Le vol nuptial consiste pour le mâle en de simples survols lents de la femelle posée au sol, pendant lesquels il chante et déploie ses ailes pour montrer ses plumes blanches si visibles. Il répète ensuite son chant au sol. Les accouplements ont lieu au sol et sont précédés de rapides vols en piqué du mâle au-dessus de la femelle, jusqu'à dix fois de suite. Puis le mâle se pose près de la femelle, l'accouplement a lieu et le mâle s'envole à nouveau en chantant.

Les couples interagissent peu entre eux, et se contentent de défendre leur cavité contre leurs congénères, mais les zones de recherche de nourriture sont largement partagées. Les densités les plus élevées en conditions favorables sont d'environ dix couples au kilomètre carré, et des densités deux à cinq fois plus faibles sont constatées.

Outre les cavités naturelles, choisies plutôt dans des parois inaccessibles, l'espèce s'installe volontiers dans des sites artificiels (maisons, hôtels, refuges, ponts, murs paravalanche, murs de soutènement routier, installations des stations de ski…). Ainsi, au col du Tourmalet (Pyrénées) une étude a montré que les niverolles utilisent fréquemment les vides dans les structures des télésièges, et les tubes supportant les poulies des téléskis, et que quelques-unes exploitent les murs des refuges, pour y installer leur nid. Lorsque ces sites artificiels sont disponibles, les sites naturels sont sous-utilisés. L'exposition du nid semble avoir peu d'importance, les pylônes ne laissant aux oiseaux que le choix entre deux expositions opposées ; toutefois l'espèce a une légère préférence pour les expositions au sud qui représentent quarante pour cent des cas contre trente cinq pour les expositions au nord. C'est la femelle qui seule, construit le nid, en forme de coupe, et qui l'achève en quatre à cinq jours. Il est beaucoup plus soigné que celui des moineaux ; composé de menus matériaux végétaux, il est garni de plumes qui seront renouvelées régulièrement. Il est généralement invisible de l'extérieur, les cavités choisies étant souvent profondes, jusqu'à 70 centimètres,. Les matériaux sont collectés dans un rayon d'au plus cent cinquante mètres du nid et la femelle alterne construction et alimentation. Preuve du soin qu'elle apporte à l'agencement du nid, elle consacre entre deux et cinq minutes à la mise en place de chaque nouveau composant.

Montrer moins

Population

Effectif de la population

Les effectifs européens sont très mal connus et on ignore leur évolution. Toutefois, ils ne semblent pas connaître de diminution et l'espèce n'est pas menacée à l'échelle européenne.

Montrer plus

En France, l'espèce est strictement protégée.

L'effectif français semble très faible ce qui constitue en soi un facteur de risque pour la conservation de l'espèce. Elle ne paraît pourtant pas menacée en France et si les aménagements en montagne et l'évolution des pratiques pastorales jouent en sa défaveur, elle sait également tirer profit des activités humaines pour se reproduire et se nourrir. Le maintien de cavités sur les façades des bâtiments et des alternatives aux interventions pastorales réduisant le cortège de l'entomofaune sont de nature à favoriser l'espèce.

Montrer moins

Références

1. Niverolle alpine article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Niverolle_alpine
2. Niverolle alpine sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/103819582/111173412
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/663884

Plus d'animaux fascinants à découvrir