Molothrus ater
Le Vacher à tête brune (Molothrus ater) est une espèce d'oiseau de la famille des Icteridae. Le mâle est noir, à tête brune, et la femelle d'un gris-brun plus terne. Cette espèce pratique le parasitisme de couvée, c'est-à-dire que la femelle pond ses œufs dans les nids d'autres espèces d'oiseaux et s'affranchit donc ainsi de l'incubation et de l'élevage des poussins. Cet oiseau grégaire d'Amérique du Nord, à l'origine inféodé aux grands troupeaux de bisons du Midwest, a connu un fort accroissement de population aux XIXe et XXe siècles. Il fait, au début du XXIe siècle, l'objet d'une campagne d'éradication controversée dans certaines zones des États-Unis, ayant pour but de préserver certaines espèces d'oiseaux en danger qui sont victimes de son parasitisme.
Cette espèce présente un dimorphisme sexuel : le mâle adulte présente un plumage noir iridescent sur tout le corps à l'exception de la tête qui est brune ; la femelle adulte est d'un gris-brun léger, un peu plus clair sur la tête et le dessous du corps. Les juvéniles ressemblent à la femelle, mais leurs parties inférieures sont finement rayées et leur dos présente un aspect écailleux dû à de fines marges grises sur le bord des plumes.
Cet oiseau a un bec court mais fort, presque conique. Ces vachers ressemblent aux orioles par leur forme générale, mais leur tête est semblable à celle des pinsons. Ils ont les yeux brun sombre, le bec et les pattes gris foncé.
Les femelles sont en moyenne plus petites que les mâles.
Les adultes mesurent de 15 à 20 cm de longueur, et ont une envergure qui varie de 32 à 38 cm. Ils pèsent une quarantaine de grammes (de 38 à 50 g).
Le tarse mesure entre 23 et 25 mm, le culmen de 15 à 17 mm et la longueur de l'aile pliée varie entre 95 et 106 mm.
L'aire de répartition du Vacher à tête brune s'étend du sud du Canada jusqu'au plateau mexicain. Les populations sont sédentaires au sud de cette aire de répartition ; les populations plus au nord migrent dans le Sud des États-Unis et au Mexique en hiver, pour retourner sur leur aire de reproduction en mars et avril.
On peut rencontrer cet oiseau dans des milieux ouverts ou semi-ouverts, champs, prairies, arbres de la zone riparienne ou lisière des forêts, où il se déplace souvent en groupe. Il a tendance à éviter les forêts de grande superficie, particulièrement celles de conifères.
Les vachers suivent souvent les animaux brouteurs comme les chevaux et les bovidés, dont les mouvements déplacent les insectes.
Avant l’arrivée des Européens, le Vacher à tête brune suivait les hordes de bisons à travers les prairies. Le parasitage des nichées complémentait ce style de vie nomade. Le nombre de vachers a augmenté avec le défrichage des milieux forestiers et l’introduction de nouvelles espèces de brouteurs en Amérique du Nord, notamment au XIXe et XXe siècles. Le Vacher à tête brune est maintenant commun dans les banlieues des villes, notamment près des mangeoires à oiseaux.
Le Vacher à tête brune se nourrit au sol, où il préfère marcher plutôt que sautiller. Les graines représentent les trois quarts de son alimentation. Il s'agit généralement de graines d'herbes de prairie, mais il lui arrive de consommer du grain cultivé. Un quart de son alimentation est constitué d'insectes, tels que les sauterelles et divers coléoptères. Les Vachers à tête brune sont beaucoup plus insectivores durant la saison de reproduction, surtout les femelles. Les troupeaux d'herbivores dérangeant un grand nombre d'insectes et les forçant à se déplacer, le Vacher à tête brune qui suit ces troupeaux en profite pour se nourrir facilement, sans se donner la peine de chercher activement ses proies.
Les femelles Vachers à tête brune pondent un grand nombre d'œufs et ont besoin d'un apport de calcium conséquent. Afin de satisfaire ce besoin, elles consomment des coquilles d'escargots, et parfois même l'œuf extrait du nid qu'elles ont parasité.
Au printemps, les adultes reproducteurs se réunissent dans une zone boisée pour commencer les parades nuptiales. Dans certaines populations (notamment celles du Kansas), les liens de couple n'existent pas, les femelles s'accouplent avec des partenaires différents et vice-versa ; alors que dans d'autres (notamment en Californie), la monogamie est de mise,.
La parade nuptiale, réalisée souvent de façon collective par les mâles, comprend des chants et des postures. Ils haussent les épaules, ébouriffent les plumes de la poitrine et du haut du dos, puis saluent profondément, en étalant plus ou moins brièvement la queue en éventail, et achèvent souvent leur démonstration en frottant leur bec sur une branche.
La ponte a lieu de début mai à fin juin. Après l'accouplement, les femelles se mettent à la recherche de nids à parasiter. Pour les localiser, elles errent à la lisière des zones boisées ou dans les buissons, cherchant à repérer des oiseaux ayant des comportements de construction, ou à chasser des oiseaux hors du nid. Elles préfèrent pondre dans des nids en forme de coupe, mais peuvent aussi pondre dans des nids au sol, ou suspendus, voire dans des nids situés dans la cavité d'un tronc. Quand le nid à parasiter est choisi, elles suppriment un œuf de la couvée de leur hôte et pondent à la place.
Les femelles Vacher à tête brune peuvent pondre jusqu'à 36 œufs pendant une saison de reproduction. Ces œufs mesurent 1,8–2,5 cm × 1,5–1,8 cm et sont blancs ou blanc-gris, fortement tachés de marron ou de gris foncé. L'incubation dure 11 jours en moyenne (de 10 à 12 jours). Les petits pèsent à la naissance à peine plus de deux grammes. Ils sont nus et ont les yeux fermés. Ils grandissent plus vite que leurs frères et sœurs adoptifs, ce qui leur permet d'attirer davantage l'attention et les soins de leurs parents d'adoption. Ils prennent leur essor au bout de 8 à 13 jours, mais les juvéniles restent dépendants de leurs parents adoptifs jusqu'à l'âge de 25 à 39 jours. Il n'y a qu'une seule période de ponte par an.
Le record de longévité chez cette espèce est de 16 ans et 9 mois pour un individu en liberté. La maturité sexuelle est atteinte à un an, mais les mâles s'accouplent rarement avant l'âge de deux ans,.
L'UICN a classé cette espèce en catégorie LC (préoccupation mineure), du fait de sa large répartition (estimée à 11 millions de km²) et de sa population importante (estimée à 56 millions d'individus). Il est par contre protégé, comme tous les oiseaux migrateurs américains, par le Migratory Bird Treaty Act
Comme la plupart des espèces d'oiseaux, il est sensible à la régression ou artificialisation de son habitat et probablement à l'intensification de l'agriculture. Il a subi la régression des troupeaux de bisons et plus récemment des actions visant à réduire ses populations (voir paragraphe précédent).