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Lac Tanganyika

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Le lac Tanganyika, ou Tanganika est l'un des Grands Lacs d'Afrique, deuxième lac africain par la surface après le lac Victoria, le troisième au monde par le volume après la mer Caspienne et le lac Baïkal, le deuxième au monde par la profondeur après le lac Baïkal, et le plus long lac d'eau douce du monde. Il contient 18 % du volume d'eau douce libre de surface du monde. Malgré des caractéristiques oligotrophes, le lac est paradoxalement très productif en poissons (200 000 t/an). Les captures pélagiques concernent principalement deux espèces de sardines : Stolothrissa tanganicae et Limnothrissa miodon, et une espèce de perche : Lates stappersii. L'abondance de ces espèces fluctue en fonction des conditions environnementales liées notamment à l'existence de vagues internes dans le lac.

Ses eaux rejoignent le bassin du Congo, via la rivière Lukuga, puis l'océan Atlantique. On estime que sa formation remonte à environ 20 millions d'années (Miocène).

Le lac est fortement affecté par le changement climatique et les activités humaines, en particulier la déforestation, la surpêche et la recherche d’hydrocarbures.

Géographie

Le lac Tanganyika couvre une superficie de 32 900 km2 (approximativement la même superficie que la Belgique) et s'étire sur 677 km le long de la frontière de la Tanzanie (à l’est) et de la République démocratique du Congo (à l'ouest) ; son extrémité nord sépare ces deux pays du Burundi, son extrémité sud les sépare de la Zambie. On retrouve à l'ouest (du côté congolais), les monts Mitumba.

Le bassin drainant du lac Tanganyika couvre une superficie de 250 000 km2. Les principales rivières qui l'alimentent sont la Malagarazi, la Rusizi, la Ifume, la Lufubu et la Lunangwa qui y déversent 24 km3 d’eau par an ; les pluies, quant à elles, en apportent 41 km3 par année. La Malagarazi est plus ancienne que le lac lui-même et se trouvait auparavant dans le prolongement du Congo.

Sa température de surface est de 25 °C en moyenne pour un pH variant de 7,6 dans les baies marécageuses à 9,5 en pleine eau. La profondeur ainsi que la localisation tropicale du lac empêchent le renouvellement total des masses d'eau et la plus grande partie des eaux profondes sont des eaux fossiles et anoxiques. La totalité du volume du lac est renouvelé en 485 années.

Biodiversité

Le lac Tanganyika est très réputé pour le nombre important d'espèces endémiques. On y dénombre pas moins de 250 espèces de poissons cichlidés (Neolamprologus, Paleolamprologus, Altolamprologus, Xenotilapia, Julidochromis, Telmatochromis, Tropheus, Petrochromis et plus de vingt autres genres) et 150 espèces de non-cichlidés (Stolothrissa, Limnothrissa, Lamprichthys), dont la plupart vivent le long de la côte jusqu'à environ 180 mètres de profondeur. La plus grande part de la biomasse se situe dans la zone pélagique et est dominée par six espèces : deux espèces de sardines du Tanganyika et quatre espèces de Lates. La quasi-totalité des espèces de cichlidés est endémique ; plusieurs sont appréciées comme poissons d'aquarium.

Le cobra d'eau (Boulengerina annulata stormsi (Naja annulata), espèce endémique) est un reptile adapté à la vie sub-aquatique, comme les serpents marins des récifs coralliens. La partie terminale du corps est comprimée latéralement afin de faciliter la nage. Jeune, il se nourrit volontiers de Neolamprologus vivant dans les coquilles de Neothauma tanganicense (escargots endémiques du lac Tanganyika) ; adulte, il n'hésite pas à s'attaquer à des proies beaucoup plus imposantes.

Espèces vivant autour du lac :

  • crocodiles : Crocodylus niloticus et Crocodylus cataphractus Article détaillé : Gustave (crocodile).
  • hippopotames
  • divers oiseaux pêcheurs : hérons, aigles, pygargues, anhingas, martins-pêcheurs, etc.

Hydrologie

Le lac est connu pour la limpidité exceptionnelle de ses eaux, celle-ci permettant une visibilité atteignant les 25 mètres.

L'eau du lac Tanganyika est d'une extrême richesse minérale, et ses paramètres sont très particuliers.Sa conductivité est d'environ 609–620 µS, son pH est de 9,5 à la surface et de 8,6 à −1 300 mètres ; le TAC est de 12–19, valeur faible au regard des proportions de sels :

(valeurs en milligrammes par litre) :

  • Carbonate de sodium: Na2CO3 =125 (anhydre)
  • Chlorure de potassium: KCl = 59
  • Nitrate de potassium KNO3 = 0,5
  • Carbonate de lithium Li2CO3 = 4
  • Carbonate de calcium CaCO3 = 30
  • Carbonate de magnesium MgCO3 = 144
  • Sulfate d'aluminium Al2(SO4)318H2O = 5
  • Sulfate de potassium K2SO4 = 4
  • Sulfate de sodium Na2SO4 = 1
  • Chlorure ferrique FeCl36H2O = 0,5
  • Phosphate de sodium Na3PO4H2O = 0,4
  • Silicate de sodium Na2SiO3 = 13,5

Au-delà des deux cents mètres de profondeur, la vie d'êtres supérieurs est impossible ; l'absence d'oxygène, remplacé par du sulfure d'hydrogène, ne permet le maintien que de bactéries anaérobies (sulfato-réductrices). Les vents dominants durant l'été austral (venant du sud-est) provoquent des remontées de cette zone anoxique. Les poissons vivant dans ces secteurs n'ont d'autre choix que de fuir ou mourir.

Exploration hydrobiologique

En 1946 et 1947, le Dr Max Poll organise une expédition sur le lac. Son but est de collecter un maximum de données diverses. Un bateau (le Baron Dhanis) est spécialement affrété à cette fin. Des sondages et relevés bathymétriques des fonds sont effectués. Des pêches au chalut, à la senne, au filet maillant, à la ligne sont organisées de jour comme de nuit pour collecter les poissons. Les fluctuations du niveau de l'eau, les variations de température, la chimie du lac (variation de minéralité, de pH, de conductivité), le plancton (phyto et zoo), les macrophytes, les invertébrés, les insectes aquatiques, les batraciens et reptiles: une somme énorme de données est répertoriée. Des spécimens sont classés et décrits s'il y a lieu.

Une grande partie des connaissances actuelles sur le lac Tanganyika nous vient de ce travail titanesque. Après triage sur place, la collection des cichlidae, conservés en vue d'une étude systématique en Belgique (Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren), comprenait environ 27 000 spécimens.

Quatre volumes et neuf fascicules sont parus à la suite de cette expédition, dont les auteurs sont:

  • Eugène Leloup : Invertébrés, Lamellibranches, Gastéropodes, Méduses.
  • A. Capart : Sondages et carte bathymétrique, Le milieu géographique et géophysique, les crustacés, décapodes, brachyura.
  • J. Kufferath : Le milieu biochimique.
  • L. Van Meel : Le milieu végétal, le Phytoplancton.
  • S. Prudhoue : Trematoda, Gestoda et Acanthocephala.
  • P. Basilewski : Coleoptera, Carabidae.
  • A. W. Lacourt : Bryozoaires.
  • K. Lindberg : Cyclipodes (crustacés, copépodes).
  • G. F. de Witte : Amphibiens et reptiles.
  • V. Lallemand : Hemiptera, Homoptera.
  • H. Synave : Hemyptera, Homoptera.
  • A. Janssens : Coleoptera, Lamellicorna.
  • R. D. Wood : Characeae.
  • C. Vanden Berghen : Hepaticae.
  • F. Demaret : Pteridophyta.
  • A. Lawalree : Compositae, Leeaceae, Lemnaceae et Vitaceae.
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Le lac Tanganyika, ou Tanganika est l'un des Grands Lacs d'Afrique, deuxième lac africain par la surface après le lac Victoria, le troisième au monde par le volume après la mer Caspienne et le lac Baïkal, le deuxième au monde par la profondeur après le lac Baïkal, et le plus long lac d'eau douce du monde. Il contient 18 % du volume d'eau douce libre de surface du monde. Malgré des caractéristiques oligotrophes, le lac est paradoxalement très productif en poissons (200 000 t/an). Les captures pélagiques concernent principalement deux espèces de sardines : Stolothrissa tanganicae et Limnothrissa miodon, et une espèce de perche : Lates stappersii. L'abondance de ces espèces fluctue en fonction des conditions environnementales liées notamment à l'existence de vagues internes dans le lac.

Ses eaux rejoignent le bassin du Congo, via la rivière Lukuga, puis l'océan Atlantique. On estime que sa formation remonte à environ 20 millions d'années (Miocène).

Le lac est fortement affecté par le changement climatique et les activités humaines, en particulier la déforestation, la surpêche et la recherche d’hydrocarbures.

Géographie

Le lac Tanganyika couvre une superficie de 32 900 km2 (approximativement la même superficie que la Belgique) et s'étire sur 677 km le long de la frontière de la Tanzanie (à l’est) et de la République démocratique du Congo (à l'ouest) ; son extrémité nord sépare ces deux pays du Burundi, son extrémité sud les sépare de la Zambie. On retrouve à l'ouest (du côté congolais), les monts Mitumba.

Le bassin drainant du lac Tanganyika couvre une superficie de 250 000 km2. Les principales rivières qui l'alimentent sont la Malagarazi, la Rusizi, la Ifume, la Lufubu et la Lunangwa qui y déversent 24 km3 d’eau par an ; les pluies, quant à elles, en apportent 41 km3 par année. La Malagarazi est plus ancienne que le lac lui-même et se trouvait auparavant dans le prolongement du Congo.

Sa température de surface est de 25 °C en moyenne pour un pH variant de 7,6 dans les baies marécageuses à 9,5 en pleine eau. La profondeur ainsi que la localisation tropicale du lac empêchent le renouvellement total des masses d'eau et la plus grande partie des eaux profondes sont des eaux fossiles et anoxiques. La totalité du volume du lac est renouvelé en 485 années.

Biodiversité

Le lac Tanganyika est très réputé pour le nombre important d'espèces endémiques. On y dénombre pas moins de 250 espèces de poissons cichlidés (Neolamprologus, Paleolamprologus, Altolamprologus, Xenotilapia, Julidochromis, Telmatochromis, Tropheus, Petrochromis et plus de vingt autres genres) et 150 espèces de non-cichlidés (Stolothrissa, Limnothrissa, Lamprichthys), dont la plupart vivent le long de la côte jusqu'à environ 180 mètres de profondeur. La plus grande part de la biomasse se situe dans la zone pélagique et est dominée par six espèces : deux espèces de sardines du Tanganyika et quatre espèces de Lates. La quasi-totalité des espèces de cichlidés est endémique ; plusieurs sont appréciées comme poissons d'aquarium.

Le cobra d'eau (Boulengerina annulata stormsi (Naja annulata), espèce endémique) est un reptile adapté à la vie sub-aquatique, comme les serpents marins des récifs coralliens. La partie terminale du corps est comprimée latéralement afin de faciliter la nage. Jeune, il se nourrit volontiers de Neolamprologus vivant dans les coquilles de Neothauma tanganicense (escargots endémiques du lac Tanganyika) ; adulte, il n'hésite pas à s'attaquer à des proies beaucoup plus imposantes.

Espèces vivant autour du lac :

  • crocodiles : Crocodylus niloticus et Crocodylus cataphractus Article détaillé : Gustave (crocodile).
  • hippopotames
  • divers oiseaux pêcheurs : hérons, aigles, pygargues, anhingas, martins-pêcheurs, etc.

Hydrologie

Le lac est connu pour la limpidité exceptionnelle de ses eaux, celle-ci permettant une visibilité atteignant les 25 mètres.

L'eau du lac Tanganyika est d'une extrême richesse minérale, et ses paramètres sont très particuliers.Sa conductivité est d'environ 609–620 µS, son pH est de 9,5 à la surface et de 8,6 à −1 300 mètres ; le TAC est de 12–19, valeur faible au regard des proportions de sels :

(valeurs en milligrammes par litre) :

  • Carbonate de sodium: Na2CO3 =125 (anhydre)
  • Chlorure de potassium: KCl = 59
  • Nitrate de potassium KNO3 = 0,5
  • Carbonate de lithium Li2CO3 = 4
  • Carbonate de calcium CaCO3 = 30
  • Carbonate de magnesium MgCO3 = 144
  • Sulfate d'aluminium Al2(SO4)318H2O = 5
  • Sulfate de potassium K2SO4 = 4
  • Sulfate de sodium Na2SO4 = 1
  • Chlorure ferrique FeCl36H2O = 0,5
  • Phosphate de sodium Na3PO4H2O = 0,4
  • Silicate de sodium Na2SiO3 = 13,5

Au-delà des deux cents mètres de profondeur, la vie d'êtres supérieurs est impossible ; l'absence d'oxygène, remplacé par du sulfure d'hydrogène, ne permet le maintien que de bactéries anaérobies (sulfato-réductrices). Les vents dominants durant l'été austral (venant du sud-est) provoquent des remontées de cette zone anoxique. Les poissons vivant dans ces secteurs n'ont d'autre choix que de fuir ou mourir.

Exploration hydrobiologique

En 1946 et 1947, le Dr Max Poll organise une expédition sur le lac. Son but est de collecter un maximum de données diverses. Un bateau (le Baron Dhanis) est spécialement affrété à cette fin. Des sondages et relevés bathymétriques des fonds sont effectués. Des pêches au chalut, à la senne, au filet maillant, à la ligne sont organisées de jour comme de nuit pour collecter les poissons. Les fluctuations du niveau de l'eau, les variations de température, la chimie du lac (variation de minéralité, de pH, de conductivité), le plancton (phyto et zoo), les macrophytes, les invertébrés, les insectes aquatiques, les batraciens et reptiles: une somme énorme de données est répertoriée. Des spécimens sont classés et décrits s'il y a lieu.

Une grande partie des connaissances actuelles sur le lac Tanganyika nous vient de ce travail titanesque. Après triage sur place, la collection des cichlidae, conservés en vue d'une étude systématique en Belgique (Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren), comprenait environ 27 000 spécimens.

Quatre volumes et neuf fascicules sont parus à la suite de cette expédition, dont les auteurs sont:

  • Eugène Leloup : Invertébrés, Lamellibranches, Gastéropodes, Méduses.
  • A. Capart : Sondages et carte bathymétrique, Le milieu géographique et géophysique, les crustacés, décapodes, brachyura.
  • J. Kufferath : Le milieu biochimique.
  • L. Van Meel : Le milieu végétal, le Phytoplancton.
  • S. Prudhoue : Trematoda, Gestoda et Acanthocephala.
  • P. Basilewski : Coleoptera, Carabidae.
  • A. W. Lacourt : Bryozoaires.
  • K. Lindberg : Cyclipodes (crustacés, copépodes).
  • G. F. de Witte : Amphibiens et reptiles.
  • V. Lallemand : Hemiptera, Homoptera.
  • H. Synave : Hemyptera, Homoptera.
  • A. Janssens : Coleoptera, Lamellicorna.
  • R. D. Wood : Characeae.
  • C. Vanden Berghen : Hepaticae.
  • F. Demaret : Pteridophyta.
  • A. Lawalree : Compositae, Leeaceae, Lemnaceae et Vitaceae.
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