Lac

Lac Victoria

1 espèces

Le lac Victoria, ou Nyanza, est le plus grand lac d'Afrique et le quatrième ou le deuxième au monde en superficie avec 68 100 km2. Il doit son nom occidental à l'explorateur britannique Speke qui fut en 1858 le premier Européen à l'atteindre, et qui le baptisa en l'honneur de la reine Victoria. Situé en Afrique de l'Est, au cœur d'une zone densément peuplée, il est bordé par le Kenya au nord-est, l'Ouganda au nord et au nord-ouest et la Tanzanie au sud, sud-ouest et sud-est. Occupant une dépression encadrée par les deux branches de la vallée du Grand Rift, il est la source du Nil Blanc, le plus long affluent du Nil.

Traversé par l'équateur, le lac Victoria est peuplé d'une faune et d'une flore tropicale variée mais menacée par la surexploitation des ressources naturelles et la destruction des milieux.

Climat et hydrologie

Le lac Victoria est soumis à un climat tropical dont les températures oscillent entre 16 °C et 27 °C. De mai à juillet, les vents du sud provoquent des déplacements de la masse d'eau vers le nord. Les pluies sont réparties tout au long de l'année mais deux périodes plus humides se distinguent en avril et en septembre-octobre. La moyenne annuelle des précipitations est de 1 450 millimètres.

Le bassin versant voit une multitude de cours d'eau, dont le plus important est la Kagera venant de Tanzanie, se jeter dans le lac. D'autres viennent du Burundi, du Rwanda et du Kenya. L'émissaire du lac Victoria, le Nil Blanc (Bahr-el-Abiad), s'écoule, d'Ouganda, où il franchit rapidement les chutes Owen, vers le nord pour se jeter dans le lac Kyoga puis le lac Albert et enfin le Nil. La portion du Nil Blanc située entre le lac Victoria et le lac Kyoga est aussi appelée Nil Victoria et serait née entre 12 000 et 14 000 ans av. J.-C. Les affluents, dont le débit varie beaucoup au cours des saisons, fournissent moins de 20 % des eaux du lac, le reste provenant des pluies. Les pertes sont en partie dues au débit sortant du Nil Blanc mais aussi à l'évaporation (variable selon les saisons et le vent) qui représente une perte de 31 à 124 millimètres par mois.

Jusque dans les années 1960, le lac Victoria était assez bien équilibré au niveau hydrologique et ne subissait pas de fortes variations de niveau. En 1962, le niveau est brusquement monté à la suite de fortes pluies et s'est maintenu par la suite, bien que présentant une légère diminution. À partir de 2004, un changement important s'est amorcé avec une diminution du niveau du lac de deux mètres en deux ans. La cause de cette baisse serait le manque de pluies qui agit aussi bien directement sur le lac que sur les apports des affluents.

Biodiversité

Il y a 14 000 ans, après le remplissage du lac, la faune aquatique des rivières a colonisé le lac Victoria. Ayant soudainement accès à un habitat vierge, les espèces se sont diversifiées, occupant toutes les niches écologiques. C'est ainsi que sont apparues, selon la théorie actuelle, les nombreuses espèces endémiques d'haplochromis. Après l'introduction de la perche du Nil, l'eutrophisation de l'eau et l'invasion par la jacinthe d'eau, cette biodiversité a fortement diminué. Il semble cependant que certains haplochromis commencent à s'adapter à ces nouvelles conditions, notamment en modifiant leurs habitudes alimentaires.

Mammifères

Dans les marais à papyrus, l'antilope sitatunga (Tragelaphus spekeii), aux sabots longs et fendus adaptés à la marche en terrain marécageux, peut encore être rencontrée bien que devenue rare. Une autre antilope, le grand cobe des roseaux (Redunca redunca), peut elle aussi être aperçue sur les rives. En ce qui concerne les mammifères plus adaptés au mode de vie aquatique, l'hippopotame (Hippopotamus amphibius) et la loutre à joues blanches (Aonyx capensis) sont courants.

Dans certaines zones autour du lac, on peut aussi apercevoir des impalas (Aepyceros melampus), mammifère ressemblant à une gazelle ou à une antilope, et des cobes à croissant (Kobus ellipsiprymnus), une grande antilope qui apprécie les zones humides.

Oiseaux

Le lac Victoria est un lieu de passage de très nombreux oiseaux migrateurs mais c'est aussi le milieu de vie d'un grand nombre d'espèces résidentes. Dans les marais denses, de nombreux animaux trouvent abri et nourriture. C'est là que vit le bec-en-sabot (Balaeniceps rex) qui se nourrit de poissons, de batraciens, de jeunes tortues et qui est actuellement classé comme espèce vulnérable. On y trouve aussi des oiseaux typiques des marécages à papyrus tel que le cisticole de Carruthers (Cisticola carruthersi), la rousserolle des cannes (Acrocephalus rufescens), le gobemouche des marais (Muscicapa aquatica), la bouscarle à ailes blanches (Bradypterus carpalis) et deux espèces menacées, le chloropète aquatique (Chloropeta gracilirostris) et le gonolek des papyrus (Laniarius mufumbiri).

Dans les eaux plus libres, on peut rencontrer l'échasse blanche (Himantopus himantopus) mais aussi des cormorans (grand cormoran, Phalacrocorax carbo, et cormoran africain, Phalacrocorax africanus) ainsi que divers hérons (le crabier blanc Ardeola idae) et aigrettes (aigrette garzette, grande aigrette). La mouette à tête grise (Larus cirrocephalus) et la sterne Hansel (Sterna nilotica) se rencontreront souvent dans les zones d'eau libre plus éloignées de la rive.

Dans la savane arborée qui entoure le lac, on peut observer le martin-chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis), oiseau très coloré appartenant à la même famille que les martins-pêcheurs. Près de la rive, on peut parfois apercevoir l'œdicnème vermiculé (Burhinus vermiculatus) ou bien le barbican guifsobalito (Lybius guifsobalito), oiseau noir à gorge rouge intense, ou bien encore divers souïmangas, oiseaux nectarivores à ne pas confondre avec des oiseaux-mouches, dont le souimanga à ceinture rouge (Nectarinia erythrocerca). L'autour unibande (Kaupifalco monogrammicus), rapace amateur de lézards, de serpents, de petits mammifères et de jeunes oiseaux, est souvent observé dans ce biotope.

Reptiles et batraciens

Le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) a presque disparu de cette région d'Afrique. Il est essentiellement victime de la chasse faite pour obtenir sa peau. Il se nourrit de proies vivantes comme des oiseaux, des lézards, des tortues, des insectes, des crustacés, des mollusques et des batraciens.

Au lac Victoria, la ponte a lieu à la fin décembre et en janvier, à la saison sèche lorsque les eaux baissent. Les œufs sont déposés dans le sable où ils incubent pendant trois mois.

Le lac abrite plusieurs espèces de tortues d'eau douce endémiques comme Pelusios williamsi ou Emydura victoriae. Les varans du Nil (Varanus niloticus), qui subissent la prédation du crocodile, n'hésitent pas en retour à piller le nid de ce dernier. Dans ces zones vivent également des batraciens, notamment une espèce endémique : Xenopus victoriae.

Flore

La région du lac Victoria est actuellement occupée par des savanes boisées entrecoupées de vastes étendues cultivées. Dans le Nord s'étendait jadis une grande forêt qui prolongeait celle du bassin du Congo mais il n'en reste plus que des lambeaux.

Dans les zones marécageuses, sur la rive ou à faible profondeur, on trouve différentes espèces comme des Poaceae (Miscanthus violaceus, Leersia hexandra), des sphaignes (genre Sphagnum), une Melastomataceae (Dissotis brazzaei), des roseaux du genre Phragmites, des massettes (genre Typha), des potamots (genre Potamogeton) et des nénuphars (Nymphaea caerulea, Nymphaea lotus).

Le long des berges, à l'abri des vagues, se dresse une importante végétation qui pénètre jusque dans l'embouchure de certains affluents. On trouve parmi ces plantes le papyrus (Cyperus papyrus), qui atteint quatre à cinq mètres de hauteur. Il s'agit du papyrus qui poussait le long du Nil en Égypte il y a quelques milliers d'années, mais il a aujourd'hui disparu de ce pays. On le trouve encore au Soudan du Sud et autour du lac Victoria où il couvre de grandes étendues. On peut aussi trouver dans les mêmes zones des fougères (Cyclosorus interruptus var. striatus), des ficus (comme Ficus verruculosa) et des plantes de la famille des Limnophyton (Limnophyton obtusifolium).

Dans les zones calmes on trouve des végétaux aquatiques comme l'utriculaire (genre Utricularia), des Hydrocharitaceae (Hydrilla verticillata, genre Vallisneria), la mâcre nageante ou châtaigne d'eau (Trapa natans) dont le fruit est comestible, une Poaceae appelée hippo grass, soit « herbe à hippopotame » (Vossia cuspidata) et des plantes du genre Ceratophyllum. Toutes contribuent à créer des habitats pour de nombreux petits animaux. La pistie ou laitue d'eau (Pistia stratiotes) semble avoir disparu à cause de la prolifération d'un autre végétal, la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes).

Écologie

Le lac subit un phénomène d'eutrophisation important et d'origine humaine. Par exemple, le taux de phosphore a doublé au cours du XXe siècle. Cette augmentation est en grande partie due au rejet des déchets de dépeçage de la perche du Nil, effectué sur les rives du lac, ainsi qu'à une action conjuguée de la surpopulation (aussi bien au niveau des humains que des animaux domestiques) et de la déforestation. Ce phénomène est sans doute à l'origine de l'explosion démographique des bactéries du type Cyanobacteria dont la population a été multipliée par sept depuis la seconde moitié des années 1960. Ces bactéries ont commencé à former de grandes étendues à la surface du lac dans les années 1980 et peuvent causer la mort des poissons par consommation du dioxygène lors de leur décomposition.

Depuis plusieurs années (1980 en Ouganda et 1990 au Kenya), le lac subit un envahissement massif de la Jacinthe d'eau (Eichornia crassipes), une plante aquatique originaire d'Amérique tropicale. Cette plante bloque la progression des bateaux, gêne la pêche et la production d'énergie hydroélectrique, pollue l'eau de boisson et provoque la disparition de la faune dans certaines zones. Elle gêne en effet le passage de la lumière, empêchant le développement d'algues vertes dont se nourrissent certaines espèces de poissons, empêche l'oxygénation de l'eau de surface et sa décomposition consomme une telle quantité de dioxygène que le milieu devient rapidement anoxique.

Un programme d'élimination de la plante est en cours, faisant intervenir essentiellement un ramassage de celle-ci et une tentative d'introduction de charançons (Neochetina eichhorniae et Neochetina brushi) se nourrissant de jacinthe d'eau. En 1995, 90 % de la côte de l'Ouganda était couverte par la plante mais la lutte contre elle commence à porter ses fruits. S'il est possible d'atteindre un équilibre, cette plante pourrait se montrer utile car elle est capable de métaboliser le phosphore en excès. De plus, du fait de la faible teneur de l'eau en dioxygène au niveau de ses racines, elle tient à distance la perche du Nil. On a ainsi rencontré parmi les racines de jacinthe d'eau, en bordure des eaux libres, des espèces de poissons considérées disparues ou en danger qui, moins exigeantes en dioxygène, trouvent là un refuge. Mais quand on s'enfonce dans la densité du tapis végétal, le milieu devient anoxique et toute vie disparaît.

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Le lac Victoria, ou Nyanza, est le plus grand lac d'Afrique et le quatrième ou le deuxième au monde en superficie avec 68 100 km2. Il doit son nom occidental à l'explorateur britannique Speke qui fut en 1858 le premier Européen à l'atteindre, et qui le baptisa en l'honneur de la reine Victoria. Situé en Afrique de l'Est, au cœur d'une zone densément peuplée, il est bordé par le Kenya au nord-est, l'Ouganda au nord et au nord-ouest et la Tanzanie au sud, sud-ouest et sud-est. Occupant une dépression encadrée par les deux branches de la vallée du Grand Rift, il est la source du Nil Blanc, le plus long affluent du Nil.

Traversé par l'équateur, le lac Victoria est peuplé d'une faune et d'une flore tropicale variée mais menacée par la surexploitation des ressources naturelles et la destruction des milieux.

Climat et hydrologie

Le lac Victoria est soumis à un climat tropical dont les températures oscillent entre 16 °C et 27 °C. De mai à juillet, les vents du sud provoquent des déplacements de la masse d'eau vers le nord. Les pluies sont réparties tout au long de l'année mais deux périodes plus humides se distinguent en avril et en septembre-octobre. La moyenne annuelle des précipitations est de 1 450 millimètres.

Le bassin versant voit une multitude de cours d'eau, dont le plus important est la Kagera venant de Tanzanie, se jeter dans le lac. D'autres viennent du Burundi, du Rwanda et du Kenya. L'émissaire du lac Victoria, le Nil Blanc (Bahr-el-Abiad), s'écoule, d'Ouganda, où il franchit rapidement les chutes Owen, vers le nord pour se jeter dans le lac Kyoga puis le lac Albert et enfin le Nil. La portion du Nil Blanc située entre le lac Victoria et le lac Kyoga est aussi appelée Nil Victoria et serait née entre 12 000 et 14 000 ans av. J.-C. Les affluents, dont le débit varie beaucoup au cours des saisons, fournissent moins de 20 % des eaux du lac, le reste provenant des pluies. Les pertes sont en partie dues au débit sortant du Nil Blanc mais aussi à l'évaporation (variable selon les saisons et le vent) qui représente une perte de 31 à 124 millimètres par mois.

Jusque dans les années 1960, le lac Victoria était assez bien équilibré au niveau hydrologique et ne subissait pas de fortes variations de niveau. En 1962, le niveau est brusquement monté à la suite de fortes pluies et s'est maintenu par la suite, bien que présentant une légère diminution. À partir de 2004, un changement important s'est amorcé avec une diminution du niveau du lac de deux mètres en deux ans. La cause de cette baisse serait le manque de pluies qui agit aussi bien directement sur le lac que sur les apports des affluents.

Biodiversité

Il y a 14 000 ans, après le remplissage du lac, la faune aquatique des rivières a colonisé le lac Victoria. Ayant soudainement accès à un habitat vierge, les espèces se sont diversifiées, occupant toutes les niches écologiques. C'est ainsi que sont apparues, selon la théorie actuelle, les nombreuses espèces endémiques d'haplochromis. Après l'introduction de la perche du Nil, l'eutrophisation de l'eau et l'invasion par la jacinthe d'eau, cette biodiversité a fortement diminué. Il semble cependant que certains haplochromis commencent à s'adapter à ces nouvelles conditions, notamment en modifiant leurs habitudes alimentaires.

Mammifères

Dans les marais à papyrus, l'antilope sitatunga (Tragelaphus spekeii), aux sabots longs et fendus adaptés à la marche en terrain marécageux, peut encore être rencontrée bien que devenue rare. Une autre antilope, le grand cobe des roseaux (Redunca redunca), peut elle aussi être aperçue sur les rives. En ce qui concerne les mammifères plus adaptés au mode de vie aquatique, l'hippopotame (Hippopotamus amphibius) et la loutre à joues blanches (Aonyx capensis) sont courants.

Dans certaines zones autour du lac, on peut aussi apercevoir des impalas (Aepyceros melampus), mammifère ressemblant à une gazelle ou à une antilope, et des cobes à croissant (Kobus ellipsiprymnus), une grande antilope qui apprécie les zones humides.

Oiseaux

Le lac Victoria est un lieu de passage de très nombreux oiseaux migrateurs mais c'est aussi le milieu de vie d'un grand nombre d'espèces résidentes. Dans les marais denses, de nombreux animaux trouvent abri et nourriture. C'est là que vit le bec-en-sabot (Balaeniceps rex) qui se nourrit de poissons, de batraciens, de jeunes tortues et qui est actuellement classé comme espèce vulnérable. On y trouve aussi des oiseaux typiques des marécages à papyrus tel que le cisticole de Carruthers (Cisticola carruthersi), la rousserolle des cannes (Acrocephalus rufescens), le gobemouche des marais (Muscicapa aquatica), la bouscarle à ailes blanches (Bradypterus carpalis) et deux espèces menacées, le chloropète aquatique (Chloropeta gracilirostris) et le gonolek des papyrus (Laniarius mufumbiri).

Dans les eaux plus libres, on peut rencontrer l'échasse blanche (Himantopus himantopus) mais aussi des cormorans (grand cormoran, Phalacrocorax carbo, et cormoran africain, Phalacrocorax africanus) ainsi que divers hérons (le crabier blanc Ardeola idae) et aigrettes (aigrette garzette, grande aigrette). La mouette à tête grise (Larus cirrocephalus) et la sterne Hansel (Sterna nilotica) se rencontreront souvent dans les zones d'eau libre plus éloignées de la rive.

Dans la savane arborée qui entoure le lac, on peut observer le martin-chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis), oiseau très coloré appartenant à la même famille que les martins-pêcheurs. Près de la rive, on peut parfois apercevoir l'œdicnème vermiculé (Burhinus vermiculatus) ou bien le barbican guifsobalito (Lybius guifsobalito), oiseau noir à gorge rouge intense, ou bien encore divers souïmangas, oiseaux nectarivores à ne pas confondre avec des oiseaux-mouches, dont le souimanga à ceinture rouge (Nectarinia erythrocerca). L'autour unibande (Kaupifalco monogrammicus), rapace amateur de lézards, de serpents, de petits mammifères et de jeunes oiseaux, est souvent observé dans ce biotope.

Reptiles et batraciens

Le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) a presque disparu de cette région d'Afrique. Il est essentiellement victime de la chasse faite pour obtenir sa peau. Il se nourrit de proies vivantes comme des oiseaux, des lézards, des tortues, des insectes, des crustacés, des mollusques et des batraciens.

Au lac Victoria, la ponte a lieu à la fin décembre et en janvier, à la saison sèche lorsque les eaux baissent. Les œufs sont déposés dans le sable où ils incubent pendant trois mois.

Le lac abrite plusieurs espèces de tortues d'eau douce endémiques comme Pelusios williamsi ou Emydura victoriae. Les varans du Nil (Varanus niloticus), qui subissent la prédation du crocodile, n'hésitent pas en retour à piller le nid de ce dernier. Dans ces zones vivent également des batraciens, notamment une espèce endémique : Xenopus victoriae.

Flore

La région du lac Victoria est actuellement occupée par des savanes boisées entrecoupées de vastes étendues cultivées. Dans le Nord s'étendait jadis une grande forêt qui prolongeait celle du bassin du Congo mais il n'en reste plus que des lambeaux.

Dans les zones marécageuses, sur la rive ou à faible profondeur, on trouve différentes espèces comme des Poaceae (Miscanthus violaceus, Leersia hexandra), des sphaignes (genre Sphagnum), une Melastomataceae (Dissotis brazzaei), des roseaux du genre Phragmites, des massettes (genre Typha), des potamots (genre Potamogeton) et des nénuphars (Nymphaea caerulea, Nymphaea lotus).

Le long des berges, à l'abri des vagues, se dresse une importante végétation qui pénètre jusque dans l'embouchure de certains affluents. On trouve parmi ces plantes le papyrus (Cyperus papyrus), qui atteint quatre à cinq mètres de hauteur. Il s'agit du papyrus qui poussait le long du Nil en Égypte il y a quelques milliers d'années, mais il a aujourd'hui disparu de ce pays. On le trouve encore au Soudan du Sud et autour du lac Victoria où il couvre de grandes étendues. On peut aussi trouver dans les mêmes zones des fougères (Cyclosorus interruptus var. striatus), des ficus (comme Ficus verruculosa) et des plantes de la famille des Limnophyton (Limnophyton obtusifolium).

Dans les zones calmes on trouve des végétaux aquatiques comme l'utriculaire (genre Utricularia), des Hydrocharitaceae (Hydrilla verticillata, genre Vallisneria), la mâcre nageante ou châtaigne d'eau (Trapa natans) dont le fruit est comestible, une Poaceae appelée hippo grass, soit « herbe à hippopotame » (Vossia cuspidata) et des plantes du genre Ceratophyllum. Toutes contribuent à créer des habitats pour de nombreux petits animaux. La pistie ou laitue d'eau (Pistia stratiotes) semble avoir disparu à cause de la prolifération d'un autre végétal, la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes).

Écologie

Le lac subit un phénomène d'eutrophisation important et d'origine humaine. Par exemple, le taux de phosphore a doublé au cours du XXe siècle. Cette augmentation est en grande partie due au rejet des déchets de dépeçage de la perche du Nil, effectué sur les rives du lac, ainsi qu'à une action conjuguée de la surpopulation (aussi bien au niveau des humains que des animaux domestiques) et de la déforestation. Ce phénomène est sans doute à l'origine de l'explosion démographique des bactéries du type Cyanobacteria dont la population a été multipliée par sept depuis la seconde moitié des années 1960. Ces bactéries ont commencé à former de grandes étendues à la surface du lac dans les années 1980 et peuvent causer la mort des poissons par consommation du dioxygène lors de leur décomposition.

Depuis plusieurs années (1980 en Ouganda et 1990 au Kenya), le lac subit un envahissement massif de la Jacinthe d'eau (Eichornia crassipes), une plante aquatique originaire d'Amérique tropicale. Cette plante bloque la progression des bateaux, gêne la pêche et la production d'énergie hydroélectrique, pollue l'eau de boisson et provoque la disparition de la faune dans certaines zones. Elle gêne en effet le passage de la lumière, empêchant le développement d'algues vertes dont se nourrissent certaines espèces de poissons, empêche l'oxygénation de l'eau de surface et sa décomposition consomme une telle quantité de dioxygène que le milieu devient rapidement anoxique.

Un programme d'élimination de la plante est en cours, faisant intervenir essentiellement un ramassage de celle-ci et une tentative d'introduction de charançons (Neochetina eichhorniae et Neochetina brushi) se nourrissant de jacinthe d'eau. En 1995, 90 % de la côte de l'Ouganda était couverte par la plante mais la lutte contre elle commence à porter ses fruits. S'il est possible d'atteindre un équilibre, cette plante pourrait se montrer utile car elle est capable de métaboliser le phosphore en excès. De plus, du fait de la faible teneur de l'eau en dioxygène au niveau de ses racines, elle tient à distance la perche du Nil. On a ainsi rencontré parmi les racines de jacinthe d'eau, en bordure des eaux libres, des espèces de poissons considérées disparues ou en danger qui, moins exigeantes en dioxygène, trouvent là un refuge. Mais quand on s'enfonce dans la densité du tapis végétal, le milieu devient anoxique et toute vie disparaît.

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