Malacosoma disstria
La Livrée des forêts (Malacosoma disstria) est une espèce nord-américaine d'insectes lépidoptères (papillons) appartenant à la famille des Lasiocampidae et au genre Malacosoma.
Sa chenille est le défoliateur le plus largement répandu en Amérique du Nord (surtout présente dans l'Est).
L'adulte semble préférentiellement pondre sur le chêne et l'érable à sucre, mais les chenilles attaquent principalement les feuilles de peuplier, ainsi que secondairement des feuilles de bouleau, d'érables, d'orme, de hêtre, etc. Au stade larvaire, les individus sont sociaux et ont un comportement colonial. La chenille produit de la soie et peut tisser un abri où des regroupements de chenilles se font la nuit et au moment des mues. Les chenilles sécrètent des fils de soie tout en se déplaçant dans les arbres. Elles peuvent se déplacer le long des fils comme des funambules, mais elle suivent surtout les marques odorantes (phéromones) sécrétées par d'autres chenilles.
Cette espèce est trouvée dans toutes les zones boisées de feuillus en Amérique du Nord.
Dans son environnement naturel la livrée des forêts connait des pics démographiques espacés (de 7 ans à 11 ans le plus souvent).
Les facteurs qui provoquent l'apparition de ces pullulations sont encore mal compris, mais parmi les mécanismes plausibles figurent des températures inhabituellement élevées au printemps, une synchronie phénologique avec les plantes-hôtes et/ou une réduction cyclique des ennemis de la prédation.
Ces pics démographiques et de densité génèrent une dynamique de population très cyclique, caractérisée par une fécondité globale maximale au moment du pic de densité de population puis une fécondité réduite durant plusieurs générations en phase de « déclin » :
La livrée des forêts a quelques prédateurs, dont en particulier une mouche sarcophage, Sarcophaga aldrichi, qui semble être son principal « ennemi ».
Le risque individuel face a la prédation semble souvent significativement diminuer dans les grands groupes, grâce à des mécanismes de défense collective contre les prédateurs, un effet de dilution etc. (Cf. théorie du troupeau égoïste).
Quand il fait jour pour conserver une certaine discrétion à la colonie, les chenilles minimisent leurs mouvements, réduisant le risque qu'elles soient repérées par les prédateurs invertébrés. Ce comportement a probablement aussi des coûts (pas de recherche de nourriture possible durant ce temps). Comme indiqué plus haut, le comportement grégaire diminue avec le temps de vie de la chenille, peut être au profit d'une réduction du risque de transmission de pathogènes dans la colonie avant la formation des chrysalide.
La chrysalide s'entoure au moment de sa formation d’un « manteau » jaunâtre de fibres constituées de cristaux d’oxalate de calcium (qui la protège probablement de nombreux prédateurs).
L'activité alimentaire de la chenille est coloniale et principalement nocturne.
La colonie part manger peu après la tombée de la nuit puis vient se reposer avant l'aube. La durée des repas est cependant très variable. Un départ à la recherche de nourriture peuvent survenir à n'importe quel moment, mais il est toujours très coordonnés (toute la colonie se nourrit, ou aucune chenille ne le fait) ; il semble qu'une petite proportion d'individus affamés suffit à lancer un mouvement de groupe ; Les temps de repas sont variables. Les voyages de recherche de nourriture peuvent survenir à n'importe quel moment et sont très coordonnés : soit toute la colonie se nourrit, soit personne ne le fait. Une petite proportion d'individus affamés est suffisante pour parvenir à un accord et lancer un mouvement de groupe. Cependant, ce comportement organisé et la grande fidélité des chenilles aux traînées de phéromones impliquent une recherche de nourriture conservatrice, qui peut "piéger" les chenilles autour de sources médiocres de nourriture alors qu'une autre source est proche. Une certaine plasticité dans ce comportement a cependant été rapportée. Elle est induite par la présence de chenilles au comportement plus exploratoire que celui du reste de la colonie (ou qui deviennent simplement plus aventureuses parce qu'elles sont affamées, augmentant la flexibilité des lieux de nourriture). Avec l'âge de la colonie et alors que la défoliation progresse, la compétition pour la nourriture croît. Le regroupement diminuant alors la capacité de la colonie à se nourrir, des changements ontogénétiques induisent une mobilité et une indépendance accrues des chenilles (changements pouvant être considérés comme la conséquence de simples changements de relations «d'échelle» entre les chenilles et les sources alimentaires).
On ignore quelle distance peut parcourir une femelle chargée d'œufs, mais une source crédible évoque des centaines de kilomètres avec l'aide d'un vent inhabituellement fort.
Au printemps les mâles sont les premiers adultes à émerger des chrysalides.
En début de soirée (à partir de 17h30 environ), des centaines de mâles volent vigoureusement et sans relâche à la recherche de chrysalides contenant des femelles sur le point d'émerger. Ils s'approchent des arbres, tournent autour d'eux, zigzaguent et marchent sur les branches.
S'ils ne trouvent pas rapidement de femelles disponibles pour la copulation, ils poursuivent leur recherche un peu plus loin.
L'activité des mâles semble inhibée sous une température de 15 °C, mais on trouve néanmoins quelques mâles activement à la recherche de femelles^à des températures légèrement inférieure à ce seuil.
Une hypothèse est que les femelles émettent une phéromone d'appel avant même leur sortie de la chrysalide.
Des observateurs ont signalé des mâles qui semblaient attirés par divers objets bruns, suggérant qu'ils utilisent aussi des repères visuels pour rechercher les femelles.
Une ou deux secondes après que le l'abdomen de la femelle soit dégagé de la chrysalide, les mâles peuvent déjà s'accoupler (l'accouplement ayant selon Miller & William (2006) une durée moyenne de 202 minutes.
Le mâle se positionne en recourbant son abdomen vers la femelle jusqu'à la rencontre des organes copulateurs. Il existe une corrélation positive significative entre la taille corporelle des couples copulants, ce qui indique que l'accouplement n'est pas aléatoire (par rapport à la taille), vraisemblablement en raison de la compétition mâle-mâle pour les femelles plus grosses.
Qu'elle se soit accouplé ou non, la femelle ne se déplace pas de plus de quelques centimètres à proximité de son site d'éclosion jusqu'à ce que ses ailes soient sèches et qu'elle puisse s'envoler (au crépuscule le plus souvent). Elles se préparent au vol en déployant leurs ailes.