Sittelle corse
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Sitta whiteheadi

Sitta whiteheadi

La Sittelle corse (Sitta whiteheadi) est une espèce d'oiseaux de la famille des Sittidae. C'est une sittelle relativement petite, mesurant près de 12 cm. Les parties supérieures sont gris bleuté, les parties inférieures blanc grisâtre. Le mâle se distingue de la femelle par sa calotte entièrement noire. L'espèce est sédentaire, territoriale et peu farouche. Elle se nourrit souvent haut dans les Pins laricio corses, consommant principalement des pignons, mais attrapant aussi quelques insectes volants. La saison de reproduction a lieu entre avril et mai ; le nid est placé dans le tronc d'un vieux pin, et la couvée compte cinq à six œufs. Les jeunes s'émancipent 22 à 24 jours après leur naissance.

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La Sittelle corse est l'unique espèce d'oiseaux endémique de France métropolitaine, et ne se trouve qu'en Corse, où elle peuple les vieilles forêts de Pins laricio d'altitude, descendant plus bas en hiver. Son nom scientifique lui vient de John Whitehead, l'ornithologue ayant fait découvrir l'oiseau au monde scientifique en 1883. La Sittelle corse est étroitement apparentée aux Sittelles de Chine (S. villosa) et à poitrine rousse (S. canadensis). L'oiseau est menacé par la perte de ses sites de nidification et par la fragmentation de son habitat, ses effectifs étant estimés à près de 2 000 individus, peut-être en déclin modéré. Cette petite taille de population associée à l'aire de distribution restreinte de l'espèce fait que la Sittelle corse est considérée comme « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature.

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Signification culturelle

La Sittelle corse est parfois désignée sous le nom de « Sittelle de Whitehead », mais elle compte surtout une variété de noms locaux en langue corse, comme pichjarina, pichja sorda ou furmicula, et capinera, utilisé au moins à Corte,. L'espèce reste relativement peu connue du public. Le parc naturel régional de Corse a publié une petite bande dessinée sur l'oiseau, et le « Groupe ornithologique corse » (GOC) a choisi pour logo l'espèce, représentée sous une forme très épurée. Dans la forêt d'Aïtone, près d'Évisa, l'Office national des forêts a aménagé un « sentier de la sittelle », faisant partie des lieux où l'espèce serait plus aisément observable.

Apparence

La Sittelle corse est un petit oiseau, mesurant 11 à 12 centimètres de long pour une envergure de 21 à 22 cm et un poids de 11 à 12,6 grammes. L'aile pliée mesure 7 cm, la queue, relativement courte, mesure 3,5 cm, et le tarse et le bec mesurent 1,6 centimètre. La tête est petite et le bec est court pour une sittelle. Il est fin et gris noirâtre, noir sur son bout. Les yeux sont noirs, les pattes et les doigts sont brun clair.

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Les parties supérieures sont globalement gris bleuté, le ventre chamois grisâtre pâle avec la gorge plus blanche. Le mâle a la calotte et le front noirs, ainsi qu'un trait oculaire et un lore noirs, séparés de la calotte par un large sourcil blanc tranchant. Chez la femelle, la calotte et le trait sourcilier sont du même gris que le dos. Chez les deux sexes, les côtés de la tête ainsi que la gorge sont blancs ; les parties inférieures, globalement blanc grisâtre, sont plus ou moins nuancées de chamois. Les rectrices externes sont noires, avec des taches blanches et les pointes grises. Les oiseaux effectuent une mue complète tous les ans, après la saison de reproduction. Le dimorphisme sexuel apparaît onze jours après la naissance, et les jeunes à l'envol ont un plumage proche de celui des adultes. Juvéniles, ils restent plus ternes, avec un peu de brun sur les grandes couvertures.

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Distribution

Géographie

Continents
Pays
îles
Domaines biogéographiques

La Sittelle corse est l'unique espèce actuelle d'oiseaux endémique de Corse, et même de France métropolitaine. Son aire de répartition couvre la majorité de l'île, très montagneuse. On trouve cet oiseau depuis la forêt de Tartagine-Melaja au nord jusqu'à celle de l'Ospedale au sud, mais elle est particulièrement abondante dans les massifs du Monte Cinto, du Monte Rotondo, du Monte Renoso et du Monte Incudine,. On compte également deux populations isolées, en Castagniccia dans le Nord-Est de l'île, et dans la montagne de Cagna au sud.

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La Sittelle corse privilégie les forêts de Pins laricio corses (Pinus nigra laricio), entrecoupées de clairières ; cet habitat est assez sec l'été (trois semaines à deux mois de sécheresse) et connaît de fortes précipitations à la mauvaise saison (800-1 800 mm par an). Cette sittelle est sédentaire ; elle vit généralement dans les vallées encaissées entre 1 000 et 1 500 mètres d'altitude entre avril et octobre, mais peut se rencontrer de 750 à 1 800 mètres d'altitude, bien que les forêts plus clairsemées d'altitude lui conviennent moins. Elle descend plus bas en hiver, et peut alors habiter les forêts mixtes à Pins laricio et maritimes (P. pinaster), ou les boisements de Sapins blancs (Abies alba) ; mais les indices de son peuplement sont significativement plus faibles que dans les boisements de Pins laricio purs. Elle évite les boisements dominés par les feuillus ou mêlés à ceux-ci.

Les vieux pins assurent à la sittelle une nourriture abondante, et l'espèce est absente des secteurs où les arbres font moins de 28 cm de diamètre, et où le Pin laricio est minoritaire par rapport à d'autres essences. Les lieux les plus susceptibles d'abriter la Sittelle corse comptent de grands arbres (hauts de plus de 16 m) et de gros diamètre (supérieur à 58 cm). La préférence de l'oiseau pour le Pin laricio par rapport au Pin maritime pourrait s'expliquer par la coriacité des graines du second. Dans une perspective historique, Thibault et al. expliquent en 2002 que « la Sittelle corse et le Pin laricio, probablement présents dans l'île depuis au moins le milieu du Quaternaire, ont dû y affronter les dernières fluctuations climatiques du Pléistocène, lesquelles ont engendré de profondes modifications dans la composition et la répartition de la végétation. Il est vraisemblable que la sittelle a survécu dans les Pins laricio durant toute cette période ».

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Sittelle corse carte des habitats

Biome

Sittelle corse carte des habitats

Habitudes et mode de vie

Comme toutes les sittelles, la Sittelle corse peut se déplacer la tête en bas le long des branches, et se trouve rarement au sol. C'est un oiseau territorial et peu farouche. Elle vit en couples monogames évoluant toute l'année sur le même territoire de trois à dix hectares, les deux oiseaux du couple le défendant des intrus, de la même espèce ou d'une autre. Le domaine vital, l'espace où évoluent généralement les oiseaux au sein de leur territoire, est de taille variable, selon la saison et l'âge des oiseaux, mais surtout selon la production en cônes des pins,.

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Le cri de contact est un pu léger et sifflant, que l'oiseau répète en séries de cinq à six notes, en pupupupupu,. Nerveuse, cette sittelle émet un pchèèhr « rêche et étiré, répété lentement », comme pourrait le faire un Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), ou un psch-psch-psch qui se transforme en chay-chay-chay ou en sch-wer, sch-wer en cas de plus grande agitation. Le chant, décrit comme un « dididididididi clair, sonore, rapide rythme variable », rappelle quant à lui celui du Martinet à ventre blanc (Tachymarptis melba) ; le cri de contact est un trille similaire. Elle « chante assez régulièrement au printemps », mais se fait plus discrète lors de la saison de reproduction.

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Mode de vie
Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

La Sittelle corse consomme principalement des pignons de pins, mais aussi de petits insectes volants en été, comme le ferait un gobemouche. De mars à novembre, les petits arthropodes (insectes adultes et leurs larves, araignées) représentent d'ailleurs l'essentiel de son alimentation ; elle les attrape en vol mais plus généralement dans les arbres ; elle effectue le quart de ses captures en vol, depuis un poste d'affût, et exploite le reste du temps les substrats fournis par les arbres. Au printemps et en été, elle se tient donc plus volontiers vers la cime des arbres, prospectant haut dans les frondaisons des pins, au bout des branches, à la manière d'une mésange ; en automne en revanche, elle cherche sa nourriture le long des troncs et sur les grosses branches et peut par ailleurs former des volées mixtes d'alimentation avec d'autres petits passereaux en dehors de la saison de reproduction. Novembre marque le début de l'ouverture des cônes des pins, dont la Sittelle corse extrait les graines à l'aide de son bec fin. Les années de forte production, la Sittelle peut trouver des ressources alimentaires dans les cônes jusqu'en mars. Comme le font souvent les sittelles, la Sittelle corse cache quelques graines sous l'écorce ou sous des lichens ou des débris végétaux, et les consomme la mauvaise saison venue, notamment quand les neiges du début de printemps empêchent tout accès aux cônes des pins, ou quand les cônes restent fermés, les jours humides et froids,. Cette utilisation de cachettes peut par ailleurs en partie expliquer la sédentarité totale de l'oiseau.

Habitudes d’accouplement

La femelle pond fin avril ou début mai, de quatre à six (en moyenne 5,1) œufs ovales blancs et tachés de brun-rouge, surtout sur l'extrémité large, avec « quelques légères marques brunes ou gris-violet foncé ». John Whitehead compare en taille les œufs à ceux de la Mésange charbonnière (Parus major) ; selon Francis Jourdain qui compare 42 œufs (14 collectés par Whitehead, les 28 autres par lui-même), ils mesurent en moyenne 17,18 × 12,96 mm. Le poids moyen, calculé pour 17 de ces œufs, est de 82,2 milligrammes. La couvaison dure de 14 à 17 jours ; elle est réalisée par la femelle seule, que le mâle nourrit en moyenne 3,2 fois par heure. Le bec et l'aile des oisillons croissent régulièrement, alors que le tarse se stabilise dès le douzième jour ; la calotte s'assombrit au onzième jour, et les jeunes ont un plumage complet au bout de vingt jours, en moyenne.

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La nichée compte généralement 3 à 6 (en moyenne 4,3) jeunes à l'envol, qui quittent le nid à l'âge de 22 à 24 jours,. Si la première nichée échoue ou est perdue, le couple en réalise une seconde entre le 28 mai et le 16 juin ; le tiers de ces nichées de substitution est effectué dans un autre arbre. D'une année sur l'autre, près de la moitié des couples changent d'arbre pour nicher. Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle dans l'année et peuvent se reproduire dès l'année suivant leur naissance. Le taux annuel de survie a été estimé à 61,6 % pour les mâles (plus de trois individus sur cinq passent l'année) ; l'espérance de vie est mal connue mais « le marquage coloré a montré qu'un petit nombre d'individus peuvent atteindre l'âge de six ans ».

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Population

Menaces démographiques

La diminution des effectifs peut être expliquée par les incendies et l'exploitation forestière : les Pins laricio auxquels l'espèce est inféodée se régénèrent moins vite qu'ils ne disparaissent par ailleurs, et l'abattage des pins morts pose des problèmes pour la nidification de cette sittelle,. En plus de détruire les territoires des oiseaux (une centaine environ lors des incendies de 2000 et 2003), la repousse après le passage du feu entraîne un remplacement du Pin laricio par le Pin maritime ou le Chêne vert (Quercus ilex). Une étude réalisée sur les conséquences des incendies de l'été 2000, ayant touché plusieurs grands massifs corses, a conclu que les conséquences directes (disparitions de territoires) et indirectes (difficultés à nicher, à s'alimenter en hiver) auraient pu affecter 4 % de la population de l'espèce. Pour la même période dans les gorges de la Restonica, 6 territoires sur 12 étaient perdus. Les impacts importants des feux de forêts d'août 2003 ont également conduit à un déclin de la population qui s'était réduite de 37,5 % au printemps suivant.

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La Sittelle corse compte parmi ses prédateurs le Pic épeiche (Dendrocopos major) qui peut attaquer les nids et les jeunes oiseaux en élargissant la cavité du nid pour accéder à la progéniture des sittelles ; tous les individus n'attaquent pas forcément les nids, et sittelles et pics peuvent parfois même nicher dans le même arbre. Le Lérot commun (Eliomys quercinus) est également un prédateur potentiel, ayant déjà été observé dormant dans un nid et suspecté de plusieurs pertes ; dans une moindre mesure, l'Épervier d'Europe (Accipiter nisus) pourrait compter parmi ses proies la Sittelle corse : des restes de sittelle sont signalés dans l'alimentation d'un de ces oiseaux de proie en 1967, et Hans Löhrl indique en 1988 que les Sittelles corses qu'il élève en captivité se cachent à la vue d'un rapace. Le Geai des chênes (Garrulus glandarius) pourrait également être un prédateur plus ou moins important des jeunes à l'envol.

L'étude de la structure de l'habitat de la Sittelle corse a montré que la fragmentation de son habitat, qui conduit à une concentration locale des populations, pourrait être une nouvelle menace. Les sittelles évitent les zones de découvert et peu denses, comme le semi-gaulis, qui présentent un risque accru de prédation, ne les traversant que si ces zones sont suffisamment étroites. Une étude de 2011 a tenté de quantifier l'impact du réchauffement climatique sur la distribution future des Pins laricio et maritimes ; en ne tenant compte que des bouleversements climatiques, il est probable qu'en 2100, 98 % de l'aire de répartition de la Sittelle corse sera toujours susceptible de l'abriter, et que cette distribution s'agrandisse même de 10 %. L'habitat de l'oiseau est donc davantage menacé par l'augmentation en fréquence et l'importance des feux et l'accroissement des activités humaines que par des changements climatiques.

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Conservation

La Sittelle corse bénéficie d'une protection totale sur le territoire français en vertu de l'article 3 de l'arrêté du 29 octobre 2009, fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection ; elle est également inscrite à l'annexe I de la directive oiseaux de l'Union européenne et à l'annexe II de la Convention de Berne. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l'enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu'elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, de la colporter, de l'utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l'acheter.

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On estime que 9 à 11 % des individus sont placés dans huit des zones de protection spéciale de la directive oiseaux. Moins de cinq autres pour-cent de l'effectif estimé se trouve dans deux réserves biologiques dirigées et six réserves biologiques intégrales. En plus de la prévention et de la lutte contre les incendies, des mesures spécifiques sont envisagées pour la protection de l'espèce, principalement axées sur les méthodes et stratégies de sylviculture : la première priorité doit être donnée à la structure de l'habitat (éviter les zones ouvertes, favoriser le Pin laricio et les mosaïques végétales avec de vieux arbres offrant un couvert et un sous-étage de jeunes arbres) ; la seconde priorité est donnée à la présence de sites de nidification (laisser les arbres morts sur pied, accélérer le dépérissement des arbres inexploitables).

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Références

1. Sittelle corse article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_corse
2. Sittelle corse sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/22711176/132094517
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/479645

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