Crave à bec rouge
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Pyrrhocorax pyrrhocorax

Pyrrhocorax pyrrhocorax

Le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), quelquefois appelé Crave corallin ou simplement Crave, est une espèce d'oiseaux de la famille des corvidés, l'une des deux seules espèces du genre Pyrrhocorax, avec le Chocard à bec jaune (P. graculus). Ses huit sous-espèces vivent sur les montagnes et les falaises côtières depuis l'Irlande et l'Ouest de la Grande-Bretagne jusqu'à l'Asie centrale, l'Inde et la Chine, en passant par l'Europe du Sud et l'Afrique du Nord.

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Son plumage est noir avec des reflets iridescents, son long bec incurvé et ses pattes sont rouge vif. Son cri d'appel est sonore et retentissant. Son vol, rémiges primaires largement écartées, est puissant et acrobatique. Le Crave à bec rouge s'apparie pour la vie, restant également fidèle à son site de reproduction habituellement situé dans une caverne ou dans la crevasse d'une falaise. Dans un nid fait de radicelles et de laine, la femelle pond trois à cinq œufs. Particulièrement sociables en période inter-nuptiale, les craves vivent souvent en bandes et cherchent leur nourriture ensemble, dans les prairies à l'herbe rase, telles les pâtures, consommant principalement des invertébrés. À l'occasion, il consomme aussi des fruits, comme des cerises et des myrtilles.

Bien qu'elle soit sujette à la prédation et au parasitisme, la principale menace pour cette espèce reste les changements des pratiques agricoles, qui ont mené au déclin des populations, à des extinctions locales et à la fragmentation de la répartition en Europe ; cependant l'oiseau n'est globalement pas menacé. Le Crave à bec rouge était autrefois associé à la pyromanie et a des liens avec le saint Thomas Becket et le comté des Cornouailles. L'oiseau a été représenté sur les timbres-poste de quelques pays, y compris l'île de Man, avec quatre timbres différents, et la Gambie, où l'oiseau n'est pourtant pas présent.

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Signification culturelle

Le Crave à bec rouge est également emblématique du comté de Cornouailles, si bien que son ancienne appellation anglaise, encore très ancrée, était Cornish Chough, signifiant approximativement Crave de Cornouailles. Il apparaît d'ailleurs sur le blason du duché, et du Cornwall County Council,. Il a pourtant temporairement disparu de ce comté au milieu du XXe siècle, après une dernière reproduction en 1947 aux Sorlingues, avant d'y réapparaître en 2001. Le Crave à bec rouge figure aussi sur le blason de la ville canadienne de Cornwall. Il est le symbole animal de La Palma, une des îles Canaries.

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Une légende cornique raconte que le Roi Arthur ne serait pas mort mais que son âme aurait pénétré le corps d'un Crave, la couleur rouge du bec et des pattes de l'oiseau provenant du sang coulé lors de la dernière bataille du souverain, et que par conséquent tuer cet oiseau porterait malheur. Les pattes et le bec rouge de l'oiseau rappelleraient la fin sanglante du roi.

Jusqu'au XVIIIe siècle, le Crave à bec rouge a été associé à la pyromanie, et décrit par William Camden comme incendaria avis, « Souvent il apporte en secret des brindilles enflammées, mettant le feu aux maisons ». Daniel Defoe connaissait également cette histoire :

On retrouve trois craves sur les armoiries de l'archevêque Thomas Becket, et ils sont donc quelquefois appelés « beckits » en héraldique, pour créer un jeu de mots. En raison de sa relation au saint, la ville de Cantorbéry a également des craves à bec rouge sur son blason. Six craves apparaissent sur les armoiries des comtes d'Onslow, de Guildford dans le Surrey.

L'oiseau pourrait même se laisser apprivoiser, apprécié de l'homme pour son intelligence. La détention de ces oiseaux est en revanche interdite en France.

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Apparence

Les adultes mesurent entre 39 et 43 cm de longueur, du bec à la queue, pour une envergure allant généralement de 76 à 80 cm, pouvant atteindre 90 cm. L'aile mesure 27 à 31 cm, la queue 15 à 17 cm, le bec de 4 à 5,8 cm et le tarse de 4,5 à 5,7 cm.

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Il n'y a pas de grand dimorphisme sexuel, mais le sexe des oiseaux peut être déterminé à partir de la taille du bec et du tarse.

Le Crave à bec rouge pèse de 280 à 360 g, pour une moyenne de 310 g.

Le plumage est entièrement noir, avec des reflets verts, bleus et violacés, plus discrets chez la femelle. Les pattes sont rouges. Le bec, rouge vermillon, est long et légèrement incurvé, s'affinant graduellement vers la pointe, adapté à son mode d'alimentation. Il est surmonté d'une touffe nasale ne dépassant pas le sixième de sa longueur totale. Les ailes sont longues et étroites, mesurant environ le double de la longueur de la queue.

Le juvénile est plus terne, à l'exception des pennes. Son bec est jaune-orangé et ses pattes plutôt roses, jusqu'à son premier automne. Les jeunes ont également le bec et les ailes plus courts que les adultes.

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Distribution

Géographie

Le Crave à bec rouge était autrefois nettement plus répandu qu'il ne l'est actuellement. À titre d'exemple, alors qu'il était signalé dans les Churfirsten ainsi que dans le Tessin dès la fin du XIXe siècle, les trois derniers sites de nidification des Grisons ont été désertés en 1967. Dans les Alpes, où il était commun au début du XXe siècle, on ne le rencontre plus, dans la partie française, que dans l'Oisans et la Savoie, et côté Suisse, qu'en Valais. Il couvre néanmoins un large territoire, estimé à 13 300 000 km2 par BirdLife International.

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Il vit principalement en Eurasie : au nord, on le trouve jusque dans les îles Britanniques, notamment en Irlande, en Grande-Bretagne et sur l'île de Man, mais aussi jusque sur les côtes bretonnes. Au sud de l'Europe, il occupe le bassin méditerranéen, les Alpes, les Pyrénées et le sud du Massif central. Il vit aussi dans les zones montagneuses de l'Asie centrale, de l'Inde et de la Chine, ainsi qu'en Afrique du Nord, avec deux populations séparées dans les montagnes éthiopiennes, et dans le massif de l'Atlas.

En plus d'être en déclin, ses populations sont très morcelées, les plus grosses zones de peuplement se trouvant en Asie centrale, au Proche-Orient, dans la péninsule Ibérique et dans l'Atlas.

Il est sédentaire dans toute sa gamme, mais peut en hiver descendre dans les vallées, là où il niche habituellement sur les reliefs.

Son habitat principal regroupe les hautes montagnes et les milieux ouverts au sol tendre et riches en insectes. En Afrique du Nord, on le trouve entre 2 000 et 2 500 mètres, dans l'Himalaya principalement entre 2 400 et 3 000 mètres. Dans ce dernier massif il vit jusqu'à 6 000 mètres durant l'été, et a même été enregistré à 7 950 mètres d'altitude sur le mont Everest.

En Irlande, en Grande-Bretagne et en Bretagne il habite également sur les falaises des côtes maritimes, s'alimentant dans les prairies à l'herbe rase ou les machairs adjacents. L'espèce était autrefois plus répandue sur les côtes mais a souffert de la perte de cet habitat particulier,. Il niche généralement à une altitude inférieure à celle du chocard même s'il le côtoie souvent, ce dernier ayant un régime alimentaire mieux adapté aux hautes altitudes.

Dans certaines régions aux hivers trop neigeux, il est contraint de descendre dans les vallées jusqu'à 500 m pour trouver sa nourriture.

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Crave à bec rouge carte des habitats
Crave à bec rouge carte des habitats
Crave à bec rouge
Public Domain Dedication (CC0)

Habitudes et mode de vie

Tout comme le chocard, il est très à l'aise en vol et tire pleinement profit des courants ascendants et autres mouvements de l'air. Son vol gracieux et puissant lui permet des acrobaties stupéfiantes, comme des piqués vertigineux, des vrilles ou des loopings. Ses rémiges primaires largement écartées, il sait également admirablement planer, sa queue lui servant de gouvernail.

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Le cri d'appel fort et stridant en chee-ow du crave ressemble à celui du choucas, en plus clair et plus fort, également agrémenté de kiah, de kaah, de tschaf ou de skirrik. En revanche sa voix est très distincte de celle du chocard, qui émet un preep vibrant et des sifflements en sweeeooo.

On peut l'entendre crier tout le long de l'année. Les petites sous-espèces du crave ont des appels aux fréquences plus élevées, la taille du corps et la fréquence d'émission étant inversement liées.

Le Crave à bec rouge a un comportement territorial, défendant son site de reproduction et le territoire environnant. Les craves restent principalement en couple mais sont grégaires durant l'hiver, se regroupant en petites bandes, ou même en groupes plus gros et hiérarchisés, comptant jusqu'à des centaines d'individus, pour dormir ou chercher leur nourriture.

En dehors de la période de reproduction, le Crave à bec rouge est peu farouche, et on peut le voir s'approcher des habitations, notamment des chalets de montagne.

La pariade a lieu au printemps, et pour sa parade nuptiale le mâle réalise de superbes prouesses aériennes.

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Mode de vie
Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

Cet oiseau se nourrit de divers invertébrés tels les insectes ou les araignées trouvés à la surface du sol. Les fourmis représentent probablement la plus grande part de son régime, qu'il complète de bousiers ou de jeunes diptères. Il se sert également de son long bec courbé pour creuser à la recherche de vers et d'autres invertébrés, comme les escargots ou les limaces. S'il vit près des côtes, il se nourrit aussi de crustacés et de mollusques. Dans les bouses et les crottes, il trouve aussi bien des coléoptères coprophages et autres invertébrés que des graines,.

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La profondeur à laquelle il sonde habituellement le sol est de 2 à 3 cm, ce qui reflète d'une part la faible épaisseur des sols sur lesquels il se nourrit, et d'autre part le fait que ce soit la profondeur à laquelle vit une grande part des invertébrés du sol. Il est cependant capable de creuser jusqu'à 10 à 20 cm de profondeur quand les conditions le requièrent,. Des spécimens de la sous-espèce du centre de l'Asie, P. p. centralis ont également été observés perchés sur le dos de mammifères sauvages ou domestiqués, pour se nourrir de leurs parasites.

Bien que les invertébrés composent la majeure partie de son alimentation, il se nourrit également de matière végétale comme les graines, notamment à la fin de l'automne et durant l'hiver, lorsque les arthropodes se font plus rares. En Himalaya il est même préjudiciable aux cultures d'orge en interrompant la maturation du fruit par l'extraction du grain, et il forme dans cette région de grands groupes en hiver En plus des céréales, il consomme fruits et semences de genévriers, sorbiers, poiriers, pruniers, aubépines, rosiers, houx, ficus, oliviers, argousiers, vignes, agrumes et airelles.

Il peut également se nourrir de charognes (de chamois, lapins, moutons).

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Habitudes d’accouplement

Les couples de craves sont très unis, fidèles pour la reproduction ainsi qu'à leur site de reproduction (philopatrie). Ils ne se reproduisent généralement qu'une fois par an, pouvant très rarement refaire une couvée après la perte de la première par les prédateurs. Les craves nichent dans les endroits difficiles d'accès, comme les falaises, les grottes et les crevasses des rochers. Dans les sols sablonneux et suffisamment meubles, les oiseaux peuvent creuser des trous de près d'un mètre de profondeur. Ils peuvent également construire leur nid dans de vieux bâtiments. Au Tibet, on les trouve dans des monastères en activité, de temps en temps dans les bâtiments modernes de villes mongoles, y compris à Oulan-Bator, la capitale. Le Crave à bec rouge peut aussi utiliser d'autres emplacements artificiels, et s'installer par exemple dans des carrières ou des puits de mine.

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Le nid est imposant mais désordonné, avec une base de tiges de bruyère parfois liées à l'aide de boue. Il est composé pour le reste de racines et de tiges de callune, d'ajoncs ou d'autres plantes, avec le fond garni de laine ou de poils,. En Asie centrale, les poils peuvent être directement prélevés sur des Jharals.

La femelle pond en général quatre ou cinq œufs, les couvées de trois ou six œufs étant relativement peu fréquentes, celles d'un seul exceptionnelles. La taille de ces œufs a pour valeurs extrêmes 34,3-42,0 mm × 21,5-29,5 mm, et leur poids moyen est de 15,7 grammes, dont 6 % de coquille. Ils sont elliptiques, lisses et brillants, plus ou moins tachetés et de couleurs très variables, allant de diverses nuances de brun et de gris vers le crème et l'ocre. Les dimensions des œufs sont indépendantes de la taille de la nichée et de l'emplacement du nid, mais peuvent varier d'une femelle à l'autre.

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Population

Effectif de la population

Son aire de répartition est très étendue, couvrant un peu plus de 13 millions de kilomètres carrés, et sa population est nombreuse, comptant entre 43 000 et 105 000 couples rien qu'en Europe, et une population mondiale de 300 000 à 1 500 000 individus. Sur l'ensemble de son territoire, l'espèce ne connaît pas de déclin numérique supérieur à 30 % en 10 ans ou en trois générations, et est donc classé par l'UICN en LC (préoccupation mineure),.

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Néanmoins, l'espèce est localement menacée, comme au niveau européen où elle est considérée « vulnérable »,. En effet, bien que les effectifs de France, de Grande-Bretagne et d'Irlande soient maintenant stables et que l'on compte entre 12 265 et 17 370 couples reproducteurs, il n'y a plus qu'en Espagne que l'espèce ait encore une répartition étendue. Les autres aires de nidification d'Europe ont été fragmentées et isolées, principalement en raison de la diminution de l'agriculture traditionnelle pastorale. En France, par exemple, on observe une diminution de l'aire de répartition dans le Massif central et les Alpes occidentales. Plus grave, au cours des XXe et XXIe siècles, l'espèce a complètement disparu d'Autriche, s'est raréfiée au Portugal, en Italie et autour de la Manche (côtes anglaises, écossaises et irlandaises).

En plus de l'enfrichement et de la disparition des pâtures, l'espèce est également menacée, et de manière non négligeable, par d'autres activités humaines. Les craves peuvent être dérangés au nid ou lors de leur alimentation, par les promeneurs ou les grimpeurs,. Par exemple, une étude sur l'île d'Ouessant a montré que l'oiseau pouvait être dérangé par les touristes dans 97 % de sa zone d'alimentation, ce qui se répercute également sur le taux de réussite des couvées.

En Espagne, le Crave à bec rouge a récemment étendu sa répartition en utilisant de vieux bâtiments, avec 1 175 couples reproducteurs dans 9 716 km2 étudiés. Ces nouveaux sites de nidification sont habituellement situés à la périphérie de la zone originale de répartition, montagnarde. Cependant, les populations installant leurs nids dans les bâtiments sont menacées par les perturbations et persécutions humaines, et la destruction de ces bâtiments. Des fossiles de craves et de chocards ont été trouvés dans les montagnes des îles Canaries. L'extinction locale du Chocard à bec jaune et la gamme réduite du Crave à bec rouge dans les îles peuvent être dues au changement climatique ou à l'activité humaine.

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Références

1. Crave à bec rouge article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Crave_%C3%A0_bec_rouge
2. Crave à bec rouge sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/22705916/87384853
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/695965

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