Saiga tatarica
Le saïga est une des rares espèces d'antilopes eurasiatiques. Sur la base de données archéologiques et paléontologiques, il est établi qu'il vivait autrefois dans les milieux ouverts (non boisés) des régions vallonnées d'une grande partie de l'Europe et de l'Asie. On ne le trouve plus guère que dans les steppes sèches et les déserts semi-arides de l'Asie centrale, où il est menacé de disparition.
Cet animal est reconnaissable à son museau long et très arqué, descendant sur la bouche et donnant l'aspect d'une courte trompe.
Le mot saïga est emprunté au russe сайга / sayga, qui désigne cet animal.
Le corps du saïga mesure de 150 à 170 cm pour une hauteur au garrot de 60 à 80 cm. L'adulte pèse de 21 à 51 kg. Les cornes, relativement droites en vue latérale, dessinent un léger S en vue frontale ; elles sont annelées et mesurent environ 30 cm. Seul le mâle en est pourvu. Les poils sont courts et fins et de couleur blond roux à miel durant la belle saison ; la fourrure est blanche en hiver. Ils muent aux printemps.
La maturité sexuelle est atteinte à 8 mois pour les femelles, à 20 mois pour les mâles. La période d'accouplement est très courte, deux semaines tout juste. La gestation dure 140 jours. Il n'y a qu'une portée par an, deux petits naissant aux environs du mois de mai.
L'âge du mâle peut être évalué par la taille de ses cornes : elles mesurent 7 à 10 cm à 1 an, puis la courbe commence vers 2 ans.
Cette petite antilope fait partie des plus rapides : elle peut courir à 40 km/h en endurance sur plusieurs kilomètres et accélérer à 80 km/h en vitesse moyenne sur 800 mètres avec des pointes à plus de 100 km/h sur de très courtes distances.
Le saïga est doté d'une très bonne vue et d'un bon odorat qui, avec sa vélocité, le mettent à l'abri de nombreux prédateurs.
On ignore l'origine précise de cette espèce qui est adaptée à la fois aux climats chauds et froids, si ce n'est qu'elle est originaire d'Eurasie.
Le saïga est l'un des rares herbivores sauvages des milieux ouverts survivant des dernières époques glaciaires, pendant lesquelles il a dû traverser le détroit de Béring pour se rendre en Amérique. Depuis environ 10 000 ans, il a disparu de l'Amérique. Il survit dans les steppes arides d'Asie centrale, en Kalmoukie(une république de la fédération de Russie), au Kazakhstan, en Mongolie, etc.
Des gravures préhistoriques sur paroi ou sur plaquettes le représentant ou des ossements ont été retrouvés dans une grande partie de l'Asie Centrale et de l'Europe (Danemark, Royaume-Uni, France, Espagne, Allemagne, Pologne...). Aux XVIIe et XVIIIe siècles l'espèce était encore présente des Carpathes à l'ouest, à la région de Kiev au nord, avant d'être repoussée aux zones arides du pourtour de la mer Caspienne.
Un grand nombre de témoignages préhistoriques (ossements surtout) ont été trouvés dans le sud-ouest de la France (Charente, Dordogne, Aquitaine, Pyrénées), probablement en raison d'une présence humaine ancienne, mais aussi grâce aux nombreuses grottes qui ont permis d'en préserver les restes.
Le saïga était aussi présent dans une grande partie de l'Asie centrale.
Cet animal est réputé être un indicateur de climat sec aux hivers très froids et étés chauds,. Les données paléoécologiques disponibles laissent penser que cet animal semblait inféodé aux paysages aux reliefs doux et peu accidentés (petites collines). Il a été très présent dans les sites des départements de la Gironde, de la Charente et une partie de la Dordogne. En périphérie de cette zone densément peuplée, on le retrouve en moindres quantités dans le Quercy, dans les Pyrénées, et même dans le Massif central. Le saïga est connu également à Solutré en Saône-et-Loire, sur la côte cantabrique en Espagne et dans le Sud-Est de la France.
Le saïga est un herbivore se nourrissant principalement d'herbes salifères. Il lui arrive de manger quelques espèces de graminées (ou Poacées) que l'on retrouve dans les steppes d'Asie Centrale, des euphorbes, des alyssum, des plantes de la famille de la rhubarbe, etc. Les saïgas consomment aussi des armoises dont la principale vertu est d'être antiparasitaire. L'absence de cette plante dans les zoos est néfaste aux saïgas qui ne s'y reproduisent pas ou peu et survivent difficilement.
L'antilope saïga fut durant plusieurs millénaires un gibier pour les chasseurs magdaléniens au même titre que le renne ou le bouquetin et de nombreux autres mammifères.
Certains sites préhistoriques français attestent même, par la quantité de restes osseux de saïga, de pratiques de chasses orientées vers cet animal (Roc-de-Marcamps et Moulin-Neuf en Gironde, la Chaire-à-Calvin en Charente) ou laissent supposer qu'il était particulièrement abondant.
La diversité génétique mitochondriale du saïga a considérablement diminué depuis le Pléistocène (c'est-à-dire depuis le début de l'Holocène), ces 10 000 dernières années.
La population du saïga est encore présente dans 4 régions : la Kalmoukie, ainsi que trois isolats du Kazakhstan.Il existe deux sous-espèces :
La population du saïga a été classée en « danger critique d'extinction » par l'IUCN en 2002 en raison d'un effondrement de ses effectifs, principalement du fait du braconnage mais aussi de la destruction de son habitat. Elle comptait encore près de 2 millions d'individus dans les années 1950, et était réduite à quelque 50 000 animaux à la fin du XXe siècle.
L'intensité du braconnage et la pression sur les saïgas a augmenté avec l'effondrement de l'économie rurale, pastorale notamment, ainsi qu'avec l'ouverture de la frontière russo-chinoise. Ce braconnage vise les deux sexes pour la viande, mais surtout les mâles pour la vente de ses cornes. Le sex-ratio est donc en défaveur des mâles et, bien qu'il s'agisse de population vivant en harems de femelles autour de mâles dominants, la régression des mâles s'est traduite par un effondrement du taux de femelles fécondées. En 1998, le déclin annuel des populations suivies était de 46 %,.