Panthera uncia • Léopard des neiges, Once, Irbis
La Panthère des neiges (Panthera uncia, précédemment Uncia uncia), aussi appelée Léopard des neiges, Once ou Irbis, est une espèce de félins de la sous-famille des Pantherinae. Historiquement classée dans le genre monotypique Uncia, elle fait à présent partie du genre Panthera. C'est un félin de taille moyenne avec des pattes courtes, des pieds larges et une queue, épaisse et longue, représentant quasiment la moitié de sa longueur totale. Sa face, large et ronde, possède des oreilles courtes et arrondies. Sa robe est de couleur gris pâle à gris jaune constellée de taches et de rosettes.
La Panthère des neiges chasse principalement des ongulés, notamment le Grand bharal (Pseudois nayaur) mais aussi des petits mammifères et des oiseaux. Les végétaux forment une part importante de son régime alimentaire, ce qui est exceptionnel pour un félin. Elle occupe de vastes territoires, dont elle parcourt des zones restreintes durant sept à dix jours, avant de se déplacer vers une autre zone. C'est l'un des rares félins à présenter une période précise pour les naissances : le mois de mai. Les portées, en moyenne de deux chatons aveugles à la naissance, sont élevées par la mère, jusqu'à 18 à 22 mois. La période de sevrage dure généralement 2 à 3 mois.
La Panthère des neiges est fortement associée aux habitats de montagnes, avec une préférence pour les ravins escarpés et rocheux. On la rencontre dans les vallées des hautes montagnes d'Asie centrale, de Sibérie centrale et de l'Altaï, jusqu'à une altitude de 5 500 m. Elle est répertoriée sur la liste rouge de l'UICN comme faisant partie des « espèces vulnérables ». La population sauvage comporte entre 4 500 et 8 700 individus. Elle est braconnée pour sa fourrure ou ses os et tuée lorsqu'elle s'attaque aux animaux domestiques. Des associations de sauvegarde de l'espèce financent des enclos protecteurs si les bergers s'engagent à ne pas tuer le prédateur.
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CarnivoreUn carnassier ou carnivore est un être vivant dont le régime alimentaire est principalement fondé sur la consommation de chairs ou de tissus d'a...
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NidicoleVi
VivipareLa viviparité est un mode de reproduction dans lequel l'embryon se développe à l'intérieur du corps de l'un de ses parents.
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PolygyneLa polygynie est un système d'accouplement dans lequel un mâle vit et s'accouple avec plusieurs femelles, mais où chaque femelle ne s'accouple qu'a...
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SolitaireLes animaux solitaires sont ceux qui vivent seuls et ne se rencontrent que pour la parade nuptiale et l'accouplement.
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Animaux duveteuxLa Panthère des neiges a des pattes courtes et des pieds larges. Ces coussinets couverts de poils l'isolent du froid et facilitent son déplacement sur la neige. Ses pieds avant sont plus larges que ses pieds arrière. Ses muscles pectoraux sont très développés. La longueur de sa queue, comme un balancier, lui permet de maintenir son équilibre en milieu escarpé, elle est également une protection contre le froid lorsqu’elle l'enroule autour de son corps pour dormir.
Sa face, large et ronde, possède des oreilles courtes et arrondies de couleur noire au revers. En hiver, ses oreilles peuvent complètement disparaître sous son épaisse fourrure. La petite taille de ses oreilles lui évite une trop grande déperdition de chaleur. Ses yeux sont gris vert, ce qui est rare pour un félin. Son crâne se distingue facilement de celui du Léopard (Panthera pardus) par son museau court, son stop marqué devant les yeux et son front bombé. Ses cavités nasales sont particulièrement larges, ce qui est peut-être en raison d’une adaptation à la vie en altitude, où l'oxygène est plus rare.
En moyenne, le mâle pèse de 45 à 55 kg et la femelle de 40 à 45 kg. Chez le mâle, la tête et le corps mesurent environ 1,3 m de long et la queue de 0,9 à 1,05 m. Chez la femelle, la tête et le corps mesurent en moyenne 1,0 m de long et la queue de 0,8 à 0,9 m. La hauteur au garrot est d'environ 60 cm.
La robe de la panthère des neiges est de couleur gris pâle à gris jaune, son ventre et son cou étant blanc cassé. Les taches et les rosettes qu’elle porte sont uniques, chaque animal à les siennes. Des méthodes d'identification à partir de ses taches sur le front ont été développées. Son pelage, très long et épais, se renouvelle deux fois par an. En hiver, son poil mesure cinq centimètres de long sur son corps et jusqu'à douze centimètres sur son ventre et sa queue.
Sa face et son cou sont parsemés de petites taches rondes. Des rosettes gris foncé et des taches rondes constellent son dos, ses flancs et ses pattes. Sur sa queue, ses rosettes deviennent des anneaux en se rapprochant de l'extrémité. Deux bandes horizontales marquent son dos de sa nuque jusqu'à sa queue. Les motifs et la couleur de la robe de la Panthère des neiges sont un camouflage efficace dans les montagnes rocheuses et enneigées qui composent son habitat. Ses petits naissent avec une fourrure plus sombre et de larges taches noires sur leur dos et leur flancs, qui deviendront des rosettes en grandissant.
Grâce à ses pattes postérieures longues, la panthère des neiges est l’une des meilleures sauteuses parmi les félidés : elle serait capable de bonds de quinze mètres de long. Toutefois, selon Mel Sunquist, cette distance est exagérée, des sauts de six mètres rapportés par d'autres sources étant plus crédibles.
La Panthère des neiges se trouve dans 12 pays: la Mongolie, en Chine occidentaleChine occidentale — dans les provinces de Gansu, du Qinghai, du Sichuan, du Tibet, du Xinjiang et du Yunnan —, au Népal, au Bhoutan, en Inde septentrionale — dans les États de l'Himachal Pradesh, du Jammu-et-Cachemire, le Sikkim et l'Uttarakhand —, au Pakistan, en Afghanistan, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, en Ouzbékistan et en Russie.
L'aire de répartition de la Panthère des neiges est très vaste, les estimations variant entre 1,8 et 3 millions de kilomètres carrés. On estime que l'aire de répartition historique s'étendait sur 2,5 millions de kilomètres carrés, tandis que l'aire actuelle, très morcelée, serait de 1,2 à 1,6 million de kilomètres carrés.
Une revue compilant plus de 100 ans (1904 à 2020) de recherche estime l’aire de répartition à 1,8 million de kilomètres carrés à travers les 12 pays. La Chine englobe environ 62 % de tout le territoire de la panthère tandis que les autres pays recouvrent moins de 6 %. Cependant, seulement 22 % de la répartition globale ont été sujet à des recherches et ce sont la Chine, l’Inde, le Népal qui ont couvert le plus de territoire.
Les études se focalisant sur la densité de population en utilisant des méthodes comme la caméra piège, la génétique ou la radiotélémétrie, couvrent au cumulé moins de 3 % de toute la répartition géographique.
Les auteurs indiquent que malgré une augmentation exponentielle de la recherche depuis ces deux dernières décennies, seulement une petite fraction du territoire est analysée de manière intensive.
Ils incitent à plus de diversité dans les recherches pour couvrir le territoire de manière plus étendue afin d’avoir de meilleures estimations spatiales et d’abondance de l’animal.
Neuf écorégions ont été déterminées : l'Altaï-Saïan, le trans-Altaï Alashan Gobi, le Tian Shan, le Pamir, l'Hindu-Kush, le Karakorum, l'Himalaya, les monts Hengduan et le plateau tibétain.
La Panthère des neiges vit dans les montagnes escarpées et rocheuses, de préférence ravinées, avec des falaises. Présente dans douze pays, tels que le Népal, la Chine, la Mongolie ou encore la Russie, le territoire de la panthère des neiges s'étend sur près de 1 800km. La végétation est composée de steppes alpines broussailleuses et de forêts de conifères. Des études sur des sujets munis de colliers émetteurs ont montré qu'au Népal, la Panthère des neiges préfère les zones où la pente est d'au moins 40° et au parc national de Hemis en Inde, la Panthère des neiges évite les pentes douces et préfère les terrains escarpés.
En Inde et au Pakistan, l'habitat se compose des montagnes rocailleuses en été et de forêts de chênes, de rhododendrons et de sapins en hiver. En Russie, la Panthère des neiges vit sur les crêtes rocheuses et les ravins et fréquente les forêts de conifères. En Mongolie et au Tibet, elle ne se rencontre que dans des zones rocheuses et de végétation arbustive, car le terrain est souvent plat.
En été, la Panthère des neiges se rencontre d'une altitude allant de 2 743 jusqu'à l'étage nival, entre 5 488 et 6 097 mètres. Des alpinistes ont observé des empreintes de Panthères des neiges à 5 792 m d'altitude. Ce félin peut cependant vivre à des altitudes inférieures, entre 600 et 1 500 mètres. Au nord du Pakistan notamment, elle descend jusqu'à 1 219 m, voire en dessous, pour suivre ses proies en hiver.
La Panthère des neiges est active le jour comme la nuit, bien que ses pics d'activité se situent tôt le matin ou tard le soir. Dans les zones encore peu perturbées par l'humain, elle est plus active la journée, tandis qu'en milieu plus urbanisé, notamment lorsqu'elle s'attaque au bétail, elle chasse de nuit et de façon très discrète. La Panthère des neiges suit les déplacements saisonniers de ses proies : elle descend dans les vallées et les forêts de conifères en hiver, et remonte dans les montagnes en été. Elle fait son gîte dans une anfractuosité de rocher et paraît demeurer fidèle à ses abris habituels.
Pour se déplacer dans la neige, la Panthère des neiges utilise de préférence des pistes déjà existantes, comme les passages d'animaux sauvages ou domestiques, voire humaines, un scientifique ayant rapporté qu'une Panthère des neiges suivait les traces laissées par ses skis. La Panthère des neiges peut se déplacer dans de très fortes épaisseurs de neige, jusqu'à 85 cm. Dans le Tian Shan, des chercheurs ont suivi une piste longue de dix kilomètres où la neige était si profonde que les traces de pattes s'enfonçaient de 43 cm et que le ventre du félin laissait un sillon.
Pour parcourir son territoire, la Panthère des neiges utilise de préférence les endroits escarpés, les ravins ou les gorges de rivières. Elle évite autant que possible les grands espaces ouverts. Dans le parc national de Gobi Gurvansaikhan en Mongolie, un jeune mâle relâché dans la steppe a parcouru entre trente et quarante kilomètres, probablement en une seule nuit, pour atteindre une zone plus montagneuse. Dans les zones où les plateaux et plaines sont plus fréquents, la communauté scientifique suggère que des reliefs de moindre hauteur, comme des collines ou des petites montagnes éloignées de 20 à 65 km, servent de corridor pour atteindre les massifs montagneux que la Panthère des neiges préfère.
En dehors de la femelle accompagnée de ses petits, la Panthère des neiges est un félin solitaire (en). Les jeunes issus d'une même fratrie peuvent brièvement rester ensemble après avoir quitté leur mère,.
La Panthère des neiges occupe de grands territoires dont elle parcourt des zones restreintes durant sept à dix jours avant de se déplacer vers une autre zone. Au Népal, la taille du territoire est estimée entre 12 et 39 km2. Lorsque la densité de proies diminue, le territoire augmente en taille, jusqu'à 400 km2 en Mongolie. Toutefois, il a été observé que l'évaluation de la taille du territoire était fortement modifiée par le type de mesures réalisées : les premières estimations de la taille du territoire des Panthères des neiges ont été réalisés à partir de colliers radios tandis que les mesures satellites ont été introduites plus tard. Les mesures satellites ont montré une taille du territoire beaucoup plus vaste. Ainsi, un territoire mesuré par collier radio de 50 km2 est passé à 1 590 km2 avec des mesures satellites. La différence peut expliquer les longues périodes de non-détection radio d'un individu, qui serait tout simplement hors de portée de réception du signal. La taille du territoire des Panthères des neiges est peut-être largement sous-évaluée.
L'éloignement moyen entre les individus est d'au moins deux kilomètres au Népal. En Mongolie, des distances similaires ont été relevées : deux individus mâles étant en moyenne distants de 1,3 km, deux individus de sexe différents de 4,8 km et deux femelles de 7,8 km. La Panthère des neiges se déplace d'environ 12 km par jour en Mongolie, et jusqu'à 27,9 km.
Assez peu d'études permettent de quantifier la densité de population. Elle est considérée comme très faible, de l'ordre de 0,5 à 1 individu pour 100 km2, avec des zones de densités importantes très localisées. La vallée du Langu fait partie des points chauds, puisqu'il est estimé une densité de 5 à 10 adultes ou adolescents pour 100 km2. Dans l'aire de conservation de l'Annapurna située dans le district de Manang, au Népal, la densité atteint 5 à 7 adultes pour 100 km2. Le nord-ouest de la province du Qinghai, en Chine, est également connu comme un point chaud de densité par un autre type de témoignage : cinq paysans ont pu y braconner quatorze Panthères des neiges en juste six jours.
La Panthère des neiges ne rugit pas,. Son cri principal est un miaulement aigu, voire perçant, prolongé et intense. Ce cri très puissant est utilisé pendant l'œstrus de la femelle pour appeler les mâles. Des biologistes dans la gorge du Langu ont rapporté qu'il pouvait couvrir le rugissement du torrent au fond de la vallée. Il sert vraisemblablement à localiser les Panthères des neiges entre elles. Il est souvent émis en soirée entre 19 h et 22 h.
Des cris moins intenses sont retranscrits par l'onomatopée « miou ». Les vocalisations de menace sont des grognements, des grondements, des sifflements et des crachements. La Panthère des neiges est, avec le Tigre (Panthera tigris), le Jaguar (P. onca) et la Panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa), l'un des félins utilisant le prusten. Les chatons miaulent. La capacité à ronronner demeure incertaine, il est cependant très probable qu'elle n'en soit pas capable.
La Panthère des neiges chasse principalement des ongulés comme le Grand bharal (Pseudois nayaur), l'Ibex de Sibérie (Capra sibirica), le Markhor (Capra falconeri), l'Urial (Ovis vignei) et l'Argali (Ovis ammon). Le bétail forme une proportion importante du régime alimentaire selon les régions. Elle chasse également de plus petits mammifères tels que la Marmotte de l'Himalaya (Marmota himalayana), les cerfs porte-muscs et les pikas et des oiseaux comme la Perdrix choukar (Alectoris chukar), les faisans ou les tétraogalles. Les charognes font également partie du régime alimentaire. Les végétaux forment une portion importante du régime.
La Panthère des neiges utilise les crêtes rocheuses et les falaises comme promontoires pour observer les environs. Elle se déplace agilement par bonds d'un rocher à l'autre. Elle chasse à l'affût, s'approchant peu à peu, puis bondit, généralement vers le bas, pour se saisir de sa proie. La mise à mort se fait par une morsure à la gorge ou la nuque. La poursuite est généralement plus longue que celle des autres félins, de l'ordre de 200 à 300 mètres. Les courses sur des pentes abruptes présentent de grands risques de chutes, et il est possible que les longues poursuites permettent à la Panthère des neiges un meilleur taux de réussite à la chasse, en profitant d'éventuelles maladresses de ses proies.
Bien que cela ne soit pas formellement prouvé, il est supposé qu'une météorologie pluvieuse ou neigeuse lui est profitable. La faible visibilité par mauvais temps, ainsi que l'action de sourdine de la neige, serait un avantage pour approcher les proies au plus près. Des naturalistes et des trappeurs ont ainsi signalés que la Panthère des neiges chasse plus souvent après de fortes chutes de neige.
Le comportement alimentaire de la Panthère des neiges dans la nature est assez mal connu. Au Népal, elle mange toutes les parties possibles de la carcasse et ne la recouvre pas pour la protéger des charognards. Dans les parcs zoologiques, elle mange 6 à 27 kg de viande par semaine, usuellement 1,5 kg par jour.
Elle s'attaque tous les dix à quinze jours à de grosses proies, pesant jusqu'à trois fois son propre poids, pour s'en nourrir pendant trois à cinq jours, ce qui correspond à 24 à 36 animaux de la taille d'un bharal par an. Un bharal est mangé en moins de 48 heures par une femelle avec deux petits. Au Népal, un sub-adulte de 20 kg s'est attaqué à un bharal de 55 kg.
Après 90 à 105 jours de gestation, un à sept petits (deux à trois en moyenne) naissent entre avril et juin. Les statistiques réalisées en captivité montrent que la gestation dure de 94 à 98 jours dans 58 % des cas, les petits naissant plus fréquemment au bout de 97 jours. En moyenne, la femelle a une portée tous les deux ans.
Dans la nature, la femelle met bas dans une tanière, généralement une grotte ou dans une anfractuosité de rocher, qu'elle tapisse de fourrure. Une observation d'une tanière entièrement recouverte d'un matelas de poils de 1,27 centimètre d'épaisseur a été rapportée dans le Sichuan. Les petits naissent aveugles et munis d'un épais manteau de fourrure. Ils ouvrent leurs yeux vers le huitième jour. À la naissance, ils pèsent entre 320 et 567 g. Durant la première semaine, la mère ne quitte presque pas la tanière, passant son temps à allaiter ou toiletter ses petits entre des périodes de sommeil. À quatre semaines et demi, les jeunes Panthères des neiges se blottissent les uns contre les autres quand leur mère quitte la tanière et commencent à jouer maladroitement.
Les jeunes prennent rapidement du poids — 300 à 500 g par semaine en captivité — pour atteindre 2,5 à 3,0 kg à l'âge de cinq semaines. Ils peuvent se nourrir de viande dès 2 mois. En captivité, les Panthères des neiges pèsent déjà 4 kg à cet âge. Les chatons découvrent probablement le monde extérieur à partir de six semaines ; en captivité, ils sont sevrés à dix semaines et pèsent alors 6 à 6,5 kg.
La mère s'occupe seule des petits et subvient à leur alimentation. Il est nécessaire que la tanière où se cachent les petits soit proche d'une importante source de nourriture, afin que la mère puisse nourrir sa progéniture sans trop s'en éloigner. Les jeunes grandissant, la quantité de nourriture nécessaire pour nourrir la famille s'accroît, et la mère dépense une grande part de son temps à chasser. Ainsi, une femelle avec deux petits âgés de six à huit mois devra tuer deux fois plus de gibier qu'une femelle seule. Lorsque des attaques répétées sur le bétail se produisent, il n'est pas rare qu'il s'agisse plus fréquemment d'une femelle et de ses petits.
Selon Mel Sunquist, la population captive de la Panthère des neiges est un des meilleurs exemples d'une gestion efficace d'une espèce rare. L'efficacité du programme d'élevage est corrélée à un important échange d'informations et une coopération entre les différentes institutions zoologique menés par Leif Blomqvist du zoo d'Helsinki. En trente ans, l'espèce est passée d'un animal méconnu difficile à faire reproduire à un des rares félins dont les populations captives sont saines d'un point de vue génétique pour les années à venir.
Le premier studbook est mis en œuvre par Leif Blomqvist en 1976 : il permet de connaître la généalogie et la descendance de chaque Panthère des neiges détenue dans les zoos. À partir de 1980, la population captive augmente très fortement. En 1984, un programme américain pour les espèces menacées (Species Survival Plan, abrégé en SSP) est créé pour gérer les populations américaines, basées sur trente individus fondateurs. En 1987, un programme européen pour les espèces menacées (European Endangered species Programme, abrégé en EEP) est également organisé en Europe. Des programmes d'élevage australiens, russes, japonais puis indiens sont créés dans les années 1980.
En 2016, le SSP est dirigé par le zoo de Miller Park (en) à Bloomington et l'EEP est dirigé par le zoo d'Helsinki.
La Panthère des neiges a subi une diminution du nombre de ses proies, les ongulés étant chassés par les populations et les pikas et marmottes étant empoisonnés comme nuisibles. Elle est également menacée par l'accroissement de l'élevage dans les régions où elle vit. En effet, le pâturage toujours plus important par les animaux domestiques vient en concurrence avec l'alimentation des animaux sauvages, causant la diminution de leurs effectifs. Ces animaux sont également tués par les éleveurs car ils détruisent leurs cultures. Tout cela conduit également à une diminution des proies disponibles pour la Panthère des neiges. Cette dernière prélève par ailleurs régulièrement du bétail, ce qui en fait l'objet de braconnage récurrent.
La Panthère des neiges est chassée illégalement pour sa fourrure, très prisée en Asie centrale, en Europe de l'Est et en Russie sous forme de manteau et autres vêtements. Dans les années 1920, environ un millier étaient tuées pour leur peau. Elle a été chassée pour sa fourrure de façon intense durant les années 1970. Au climax de cette activité, un manteau en peau de Panthère des neiges s'est vendu 124 270 dollars au Japon en 1980. Protégée sur l'ensemble de son aire de répartition, la fourrure de la Panthère des neiges se négocie à présent environ 10 000 $ sur les marchés noirs kazakhstanais. Dans les années 2000, les manteaux en Panthère des neiges se vendent encore à la vue de tous dans les magasins de souvenirs népalais. Les os et d'autres parties du corps sont également très demandés dans la médecine traditionnelle chinoise en remplacement de ceux du tigre,. Le morcellement de l'habitat sous la pression du braconnage isole les populations et limite voire interrompt les échanges génétiques, exposant l'espèce aux épizooties.
La population est estimée entre 4 080 et 6 590 individus en 2003, entre 3 000 et 4 000 individus en 2009 selon le comité français de l'UICN.
L'estimation de cette population est en fait assez ardue, car en plus d'être une espèce très discrète et très difficile à voir, la Panthère des neiges vit dans des zones souvent difficiles d'accès, très rarement visitées, et près de frontières entre pays en conflit latent. La mesure précise de la population ne peut donc être qu'approximative. Cela explique aussi que d'anciennes évaluations de la population sous-estimaient la population par rapport aux études plus récentes. Ainsi, on estimait les effectifs à environ 2 000 animaux dans les années 1970, et Joseph L. Fox les évaluait entre 3 350 et 4 050 individus en 1989, avant de revoir lui-même ses estimations à la hausse dans les années 1990.
Les Panthères des neiges jouent un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité de leur écosystème. Ils contribuent à réguler les populations d'espèces situées plus bas dans la chaîne alimentaire et jouent un rôle important en tant qu'indicateurs de l'état de santé de leur environnement. Ils peuvent être considérés comme des espèces indicatrices ou des espèces phares qui peuvent contribuer à motiver le public à soutenir la conservation des écosystèmes de haute altitude. Si les habitats des Panthères des neiges sont protégés, cela signifie que ceux de nombreuses autres espèces le seront également.