Meles anakuma
Le Blaireau japonais (Meles anakuma) est une espèce de la famille des Mustélidés. Ce blaireau asiatique a été longtemps considéré comme une simple sous-espèce (Meles meles anakuma) du blaireau eurasiatique (Meles meles), à présent réduit aux seuls blaireaux européens,. On ne le rencontre qu'au Japon dont il est l'une des espèces endémiques.
Il y est dénommé « anaguma » (ou « ours de trou »), un mot générique qui désigne tous les mésocarnivores masqués dont deux autres espèces de mammifères de taille proche, régulièrement piégées par les agriculteurs : le Chien viverrin japonais dit « Tanuki » (bien connu des amateurs de dessins animés et de contes folkloriques japonais) et le raton laveur (espèce introduite d'origine nord-américaine et devenue envahissante au Japon).
En 2017, à la suite d'une forte augmentation du piégeage et des abattages de blaireaux japonais (alors qu'une mode pour la viande de blaireau est développée par certains restaurants de Tokyo), des scientifiques membres de l'UICN ont émis des alertes sur les risques pour l'espèce. dont la population actuelle est génétiquement peu diversifiée
Le blaireau japonais est plus petit (longueur moyenne :79 cm pour le mâle, et 72 cm pour la femelle) que le blaireau européen et il présente moins de dimorphisme sexuel (sauf pour la taille des canines). Sa queue mesure de 14 à 20 cm de longueur. Les adultes pèsent généralement de 4 à 8 kg.
Ce mammifère a les membres courts et les pattes avant garnies de puissantes griffes creuses, plus longues que celles des pattes postérieures. Le mâle possède un os pénien (baculum).
Le poil est gris-brun sur le dos et plus court et sombres sur le ventre. La face présente des rayures noires et blanches caractéristiques de l'espèce, mais moins nettes que chez le blaireau européen. Le tour des yeux est foncé. Le crâne est proportionnellement plus petit que celui du blaireau européen.
Les études avec radiotracking ont montré que cet animal qui vit en petits groupes familiaux est territorial et nécessite pour se nourrir de pouvoir prospecter un vaste territoire. Le jeûne mâle reste 26 mois auprès de sa mère (de moins en moins après 15 mois environ, avant de définitivement quitter la cellule familiale pour aller fonder une nouvelle famille). Les jeunes femelles s'émancipent elles après seulement 14 mois. Une étude de 3 ans ayant porté - dans la ville de Yamaguchi sur 12 femelles de blaireaux japonais a conclu à un territoire moyen de 44 +/-25,4 hectares alors que les mâles suivis prospectaient eux un territoire beaucoup plus grand 158 +/- 98,8 hectares
Le terrier a généralement 2 à 3 entrées et parfois 5 ou plus.
Avec des variations selon le climat local, les individus subissent une hibernation et d'importantes variations saisonnières de poids corporel. De mi-décembre à février le blaireau peut presque cesser toute activité. Les mâles adultes hibernent en solitaire pendant que les femelles hibernent seules ou avec leur progéniture.Le temps passé en hibernation varie de 42 à 80 jours (60 jours en moyenne). Certains individus changent de terrier pendant l'hibernation.
Un enregistreur de température corporelle implanté par voie intrapéritonéale a montré que de novembre et avril au sein d'un groupe de jeunes hibernant avec sa mère un poids corporel chutant de 5,3 kg à 3,6 kg (perte de poids de 32,1 %) alors que la température corporelle variait de 32,0 à 39,8 °C (35,1 °C en moyenne en décembre, de 34,8 °C en moyenne en janvier, 35,9 °C en moyenne en février, de 37,1 °C en mars et 37,4 °C en avril).
Du point de vue de l'écologie fonctionnelle le rôle du blaireau (et de ses importants terriers) dans son environnement est encore mal cerné.
Une étude japonaise récente a mis en évidence des interrelations positives entre cervidés et blaireaux. Au Japon (comme en Europe et dans certaines parties d'Asie) d'importantes populations de cervidés se sont (re)constituées depuis quelques décennies ; une première étude avait déjà démontré qu'à Oku-Nikko (Japon), une densité élevée des cervidés avait des « effets en cascade » sur d'autres espèces dont le raton-laveur et divers autres mammifères carnivores/omnivores.Ces effets étant encore mal cernés, des chercheurs ont examiné les régimes alimentaires des blaireaux japonais, selon qu'ils soient d'un côté ou l'autre d'une clôture anti-cerf, tout en comparant l'abondance des carnivores à l'intérieur et à l'extérieur de la clôture. Selon leurs résultats publiés en 2014, les populations de vers de terre et de certains insectes bénéficient fortement de la présence d'une densité élevée des chevreuils : Des restes de vers et de ces insectes sont retrouvés en bien plus grande quantité dans les excréments de blaireaux à l'extérieur de la clôture anti-cervidés, dans ce cas là où la densité des cerfs était de 13,5 individus/km2 associée à une densité relative du blaireau de 0,16 (contre 2,3 cervidés par km2 et une densité relative de blaireaux de seulement 0,01) ; Un test statistique a montré que cette relation est significative). Une densité élevée des chevreuils modifie le réseau trophique et contribue à un habitat plus riche en vers de terre et en insectes, favorisant des densités de nourriture des carnivores omnivores plus élevées.
Plusieurs menaces sur l'espèce se sont récemment additionnées, laissant craindre une future classification en espèce menacée :