Thaumetopoea pityocampa
La Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) est une espèce de lépidoptères (ordre des papillons) de la famille des Notodontidae, surtout connue pour ses chenilles. Nommées d'après leur mode de déplacement en file indienne, celles-ci se nourrissent des aiguilles de diverses espèces de pins, provoquant un affaiblissement important des arbres et des allergies chez certaines personnes exposées aux soies des chenilles.
Elles sont classées « nuisibles à la santé humaine », le 27 avril 2022 en France.
L'insecte adulte est un papillon de 35 à 40 mm d'envergure, aux antennes pectinées. Les ailes antérieures sont grises, avec deux bandes foncées parallèles chez le mâle, les postérieures blanches marquées d'une tache sombre à l'extrémité postérieure.
La larve est une chenille de quelques millimètres (stade L1) à 40 mm de long (stade 4 ou 5), brune noirâtre avec des taches rougeâtres sur le dessus et les flancs. Sa face ventrale est jaune. Le corps est fortement velu et couvert de soies urticantes et allergisantes. Les chenilles marchent en procession et construisent des cocons de soies dans certains arbres résineux.
Thaumetopoea pityocampa est présent dans une grande partie de la France métropolitaine, sauf dans le Nord-Est du pays et dans une partie du Massif central.
L'espèce étend son aire de répartition vers le nord-est depuis les années soixante. Cette progression est suivie par l'équipe de modélisation de l'INRA d'Orléans (URZF).
Pour disposer de données à l'échelle communale et pour évaluer les besoins des gestionnaires d'espaces verts et pour produire des préconisations plus pertinentes en matière de lutte, une enquête élaborée par Plante et Cité et l’INRA avec l’Association des Maires de France (AMF) a été lancée en 2009 auprès de toutes les communes de France. Le technicien responsable ou l'élu chargé des espaces verts ont été invités à compléter un questionnaire en ligne sur Internet du 11 mai au 11 juin 2009.
En 2010, la chenille progresse vers le nord et notamment en Île-de-France, probablement en raison du réchauffement climatique et de l'activité commerciale du bois dont le transport pourrait favoriser sa dispersion.
Les gros noyaux de populations sont situés dans les forêts de pins ; des nids sont observés le long des alignements de pins le long des routes et dans l'openfield (ex dans la Beauce) là où des petits boisements de pins épars sont présents, même en l'absence de haie, ce qui montre une bonne capacité de ce papillon à coloniser de nouveaux habitats (jusqu'à 5 à 6 km de son lieu de naissance en milieu ouvert, alors qu'ils se reproduit plutôt sur place en forêt ). La chrysalide (enterrée) peut en outre aussi être véhiculée par les transports de terre. Le réchauffement semble favoriser la remontée de l'espèce vers le nord.
Les papillons, qui éclosent durant l'été, entre juin et septembre selon le climat, pondent leurs œufs déposés en rangées parallèles par paquets de 150 à 220 sur les rameaux ou les aiguilles de diverses espèces de pin mais aussi sur les sapins et cèdres en second choix. L'éclosion a lieu cinq à six semaines après la ponte. Le nid entretient un microclimat favorable aux individus de cette espèce.
L'éclosion donne naissance à des larves (chenilles) qui muent cinq fois ce qui leur permettra de grandir de quelques millimètres à 4 centimètres. Ces étapes ont lieu dans des nids lâches en été, puis, à partir de la quatrième mue, dans des nids d'hiver tissés de plus en plus denses. Le nid d'hiver est construit dès les premiers froids de novembre pour protéger les chenilles qui en sortent pour se nourrir quand il fait plus chaud. Il se situe dans les endroits bien exposés des arbres comme à la cime ou à l'extrémité des branches.
La vitesse de croissance des larves dépend de la température (et donc de l'altitude et de la latitude). Dès leur éclosion, les chenilles commencent à dévorer les aiguilles de pin et se mettent à tisser des nids de soie dans lesquels elles restent cachées pour s'alimenter. Lorsqu'elles changent de nid, elles se déplacent en « procession ». La cohésion de la file en déplacement est assurée par le contact direct entre les chenilles.
Au printemps (mars-avril), toutes les chenilles d'un même cocon quittent leur nid, toujours en procession, pour s'enfouir dans le sol. Chacune des chenilles va tisser un cocon avant de se transformer en chrysalide.
Au bout de plusieurs mois, les chenilles se métamorphosent en papillons adultes qui sortent de terre et s'envolent. Le cycle recommence par l'accouplement de la femelle et du mâle. Ce dernier meurt un ou deux jours après, alors que la femelle s'envole vers la branche d'un arbre résineux pour pondre jusqu'à 220 œufs avant de mourir à son tour. Les petites chenilles émergent 30 à 45 jours après la ponte.
Comparée à d'autres déprédateurs, la chenille est peu dangereuse pour l'arbre qui, généralement, voit diminuer ses cernes de croissances. En revanche, elle cause des problèmes à l'humain et probablement à divers animaux.
En effet ces chenilles, comme celles de quelques autres espèces de lépidoptères, possèdent (chez cette espèce uniquement au troisième stade larvaire, un mois et demi après l'éclosion) sur la face dorsale un « appareil urticant » composé de « micropoils » qui sont projetés en l’air lorsque la chenille se sent menacée. Cet appareil est formé de petites poches parfois dénommées « miroirs » qui contiennent un très grand nombre de minuscules dards (micropoils) empoisonnés ; leur caractère fortement urticant est dû au fait que le poil en se cassant dans l'organisme y libère une toxine (thaumétopoéine, de PM 28000 daltons, une protéine urticante, produite par une glande spécialisée au cours de son développement larvaire qui peut provoquer d'importantes réactions allergiques (mains, cou, visage) mais aussi des troubles oculaires ou respiratoires). Les atteintes à l'œil peuvent avoir d'importantes conséquences si les poils ne sont pas rapidement enlevés. Il est dangereux de manipuler un nid même vide.
Le danger est aussi important pour les animaux de compagnie : un chien atteint à la langue (qu'il peut avoir utilisée pour lécher les démangeaisons sur son corps) s'il n'est pas soigné rapidement par des fortes doses de cortisone, risque alors la nécrose de la langue. Il ne pourra donc plus se nourrir. Il est important de rincer la langue et la bouche du chien avec de l'eau propre, sans frotter, ce qui briserait les poils urticants de la chenille et qui libérerait ainsi plus de toxines, aggravant l'état de l'animal.
Un document de synthèse intitulé Les clés pour lutter contre la processionnaire du pin élaboré par Anne-Sophie Brinquin et Jean-Claude Martin de l'INRA résume toutes les stratégies possibles pour réguler écologiquement cet insecte.