Castor du Canada
Royaume
Phylum
Subphylum
Classe
Commande
Famille
Genre
ESPÈCES
Castor canadensis
Taille de la population
Unknown
Durée de vie
10-20 years
Vitesse de pointe
55
34
km/hmph
km/h mph 
Poids
11-32
24.2-70.4
kglbs
kg lbs 
Longueur
74-90
29.1-35.4
cminch
cm inch 

Castor canadensis

Le castor du Canada (Castor canadensis) est un grand rongeur qui vit près des cours d'eau, des lacs et des étangs en Amérique du Nord, jusqu'au nord du Mexique (où il est menacé de disparition). C'est l'une des deux espèces vivantes du genre Castor (l'autre étant C. fiber, le castor eurasien).Ses populations ont fortement régressé sous la pression de piégeage/chasse exercée par les trappeurs et il a disparu d'une grande partie de son aire de répartition, malgré les élevages qui ont été tentés pour la production de fourrure, au début du XXe siècle notamment.

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Il est considéré comme « espèce ingénieur » ayant joué depuis plusieurs millions d'années un rôle majeur (avec les orignaux et d'autres herbivores autochtones) dans la formation, la morphologie et l'entretien de nombreuses zones humides (tourbières notamment) d'Amérique du Nord,,,,, et notamment en zone subarctique. Il joue donc aussi un rôle important en termes de cycle de l'eau, de trame bleue et de puits de carbone (les tourbières comptent en effet parmi les milieux terrestres qui stockent le plus de CO2 atmosphériques). Il a fait l'objet de nombreuses réintroductions à la fois pour retrouver une espèce longtemps disparue et de plus en plus pour son intérêt pour la biodiversité.

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Apparence

Son corps massif se termine par une queue aplatie recouverte d’écailles coriaces et de quelques poils rugueux.La queue d’un castor de grande taille mesure jusqu’à 30 cm de longueur et peut atteindre 18 cm de largeur et 4 cm d’épaisseur.Le castor canadien mesure de 1 à 1,2 m pour un poids allant de 15 à 25 kg. C'est le deuxième des plus grands rongeurs d'Amérique après le capybara (que l'on trouve en Amérique du Sud).

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Ses incisives, longues, solides et tranchantes, grandissent continuellement et sont durcies par une couche d’émail orange foncé qui recouvre leur face extérieure. Ainsi, à mesure que l’animal frotte ses incisives supérieures contre ses incisives inférieures, l'extrémité externe de ces dents conserve le tranchant d'un ciseau neuf.

La fourrure du castor du Canada est composée d'une bourre très fine et de poils plus longs et plus durs. Sa couleur est généralement brun foncé, quoique pouvant varier. Le pelage est brillant et imperméable, notamment grâce à une sécrétion huileuse produite par le castoréum et deux glandes anales.

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Vidéo

Distribution

Géographie

Ces rongeurs vivent dans des cours d'eau à eaux lentes ou moyennement rapides, ou dans des plans d'eau naturels ou créés par leurs barrages, du moment qu'ils soient environnés de feuillus. Ils semblent préférer les cours d'eau à courant faible et assez profonds pour qu'ils puissent y installer en sécurité leur terrier ou une hutte. Mais en présence d'un petit cours d'eau à débit suffisant, le castor américain peut construire d'importants barrages et créer ou recréer ses propres zones humides. Ces habitats n'existeraient pas sans lui, et ils profitent à de nombreuses autres espèces (« Grâce à leurs activités de construction de barrages et au stockage subséquent de l'eau, les castors ont le potentiel de restaurer les écosystèmes riverains et de compenser certains des effets prévus du changement climatique en modulant le débit du ruissellement et des cours d'eau. ». Pour ces raisons, le castor américain classé parmi les « espèces ingénieur », « clé » et « facilitatrices ». Il est réputé plus actif dans cette activité de création de nouveaux milieux que son cousin européen.

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La prédation par le loup (principal prédateur) semble avoir peu d'influence sur la répartition des populations et la qualité de son habitat, de même que les activités anthropiques, tant qu'elles ne suppriment pas les arbres qui sont sa source hivernale de nourriture. L'occurrence de l'espèce « augmente toutefois dans les zones où la richesse de la classe végétale est plus élevée et où les proportions d'eau libre, de tourbière riche en éléments nutritifs et de marécage caducifolié sont plus élevées ». Une étude récente (2018) dans le nord-est de la Colombie-Britannique n'a trouvé aucune preuve que le risque de prédation ou les activités industrielles réduisent la présence de castors ; bien que des changements d'abondance (nombre d'individus par km2) puissent se produire sans changements de globale de distribution de l'espèce.

Des modèles informatiques prédictifs de l'habitat du castor à grande échelle sont en cours de mise au point, qui aideront à prévenir des dommages que les castors peuvent faire aux infrastructures et à mieux gérer les espèces (faune, flore) qui dépendent de la présence d'étangs et barrages de castors.

Son aire naturelle de répartition couvre presque toute l'Amérique du Nord, s'étendant de la zone péri-arctique (Canada et Alaska) au Mexique en passant par les États-Unis. Il a beaucoup régressé après l'arrivée des colons européens et avait au début du XXe siècle disparu d'une grande partie de son aire potentielle de répartition. Quelques noyaux de populations se sont établis en Europe dont certains se sont éteints et d'autres sont en croissance (voir ci-dessous).

L'animal peut être discret. C'est en hiver qu'on en repère le mieux les traces au sol, et en avion là où il construit des barrages. Au Québec, l’inventaire aérien fait sur 45 000 km2 de 1989 à 1994 au sud du 50e parallèle (hors territoires des réserves à castor et ne faisant pas l’objet d’exploitation par le piégeage) a conclu à une densité moyenne de 2,3 colonies par 10 km2 (variant de 1 à 7 colonies par 10 km2 selon les sites survolés). Ce bilan a valeur d’état initial pour évaluer l’impact des politiques publiques sur le piégeage et les variations temporelles de populations de castors.

Le castor canadien ne devrait pas être présent en Europe ni en France, mais plusieurs populations sont en Europe du Nord ou de l'est issues d'animaux introduits ou échappés d'élevages.

Quelques individus ont été introduits en Finlande et ont formé des populations qui se sont localement bien développées, en repoussant le Castor européen Castor fiber.

En France, une petite population d'une vingtaine d'individus (tous issus d'au moins trois individus échappés d'un parc de vision) s'était installée entre 1975 et 1977 près de Saint-Fargeau dans l'Yonne, sur le réservoir du Bourdon.Étant donné la proximité de ce réservoir avec la Loire concernée par une population avérée de Castors européens et par des projets de réintroduction, afin de limiter les risques d'interactions négatives avec l'espèce autochtone (certains craignaient une pollution génétique mais ces deux espèces, bien que physiquement très proches, ne semblent pas être interfécondes), les 24 membres de cette colonie ont été capturés en 2 ans (1984-1985) et aucun autre C. canadensis n'a récemment été observé en France.

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Castor du Canada carte des habitats
Castor du Canada carte des habitats
Castor du Canada
Public Domain Dedication (CC0)

Habitudes et mode de vie

Outre l'imperméabilisation du pelage, le castor présente d'autres adaptations au milieu aquatique : ses yeux sont protégés par une membrane qui lui offre la possibilité de voir sous l'eau, une fine couche de graisse sous sa fourrure le protège contre le froid.

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Le castor du Canada est un rongeur terrestre, semi-aquatique, qui vit à proximité des lacs, mares et cours d'eau douce.Il n'hiberne pas, mais accumule des réserves près de son terrier (ou de sa hutte) et dort plus longtemps en hiver.

C'est un animal territorial (en grande partie nocturne s'il se sent menacé) et à l'odorat développé : il distingue olfactivement un grand nombre de composés odorants qui le renseignent sur le sexe et le rang social (individus dominants ou non-dominants) d'autres castors susceptibles d'entrer sur son territoire, ainsi que sur leur prédisposition sexuelle et probablement sur certains aspects de leur état de santé.

Des analyses par chromatographie en phase gazeuse ont confirmé que les profils individuels de sécrétion de glandes anales ne changent presque pas dans le temps ou selon la position du castor, et que les variations de ce profil sont plus faibles chez un individu qu'entre plusieurs individus, ce qui semble faire de cette odeur l'équivalent d'une carte d'identité. Il discrimine aussi les odeurs de ses prédateurs. Il distingue aussi les relations de parenté via les phéromones et odeurs des autres castors. Il dépose ses sécrétions odorantes sur de petits monticules de terre qu'il fabrique ou, plus rarement, sur des éléments du paysage (touffe d'herbacées, roche, sol).

La disposition de ces marques ne semblent pas correspondre à une barrière odorante, ni défendre spécifiquement certaines parties de son territoire. Il en produit moins en été et en automne. Il semble que le castor se sente rassuré quand il sent l'odeur de son « clan » familial, et inquiet quand il sent l'odeur d'un castor étranger. Il dépose plus de marques odorantes quand il y a plus d'autres familles de castors dans son environnement proche.

Trapu et rondelet, le castor se déplace lentement sur le sol. Ce n'est pas le cas dans l’eau où il est un nageur habile et très gracieux, en plongée comme en surface. Il atteint une vitesse de près de 7 km/h s'il fuit ou est alerté. Il passe facilement 4 à 6 minutes consécutives en apnée et jusqu'à une quinzaine de minutes.

Le castor communique par des marqueurs physiques et par des bruits. Le long des sentiers, il sème des « galettes de boue » portant ses empreintes et un dépôt d’huile musquée qu’il sécrète. Il communique aussi par des geignements de faible intensité et par des mugissements.

Afin d’avertir les autres castors de la proximité d’un danger, il peut faire un bruit de détonation en frappant l'eau avec sa queue (voir ci-contre).

En zone boréale où il doit subir des hivers bien plus rigoureux qu'en Californie par exemple, le castor bénéficie de plusieurs adaptations lui permettant de supporter un important gradient thermique, de répondre à un besoin énergétique plus grand et de mieux résister aux grands froids de l'hiver : allongement de son rythme circadien en hiver, fourrure épaisse, thermorégulation,, avec capacité à créer un microclimat plus favorable dans sa hutte, métabolisme adaptatif et accumulation durant l'été de réserves de graisse et de provisions lui permettant de survivre durant la saison hivernale, notamment en zone froide. Ses besoins énergétiques hivernaux et sa consommation réelle de nourriture ont été longtemps méconnus. Ils ont pu être expérimentalement évalués au début des années 1990 au Canada dans un microhabitat artificiel simulant des conditions hivernales : dans ce contexte, un castor moyen passait 140,5 minutes (cumulées) dans l'eau (soit 10 % environ de chaque période de 24 h) ; il consommait chaque jour un peu plus d'un demi kilo (0,52 kg/j) de matériel ligneux, lui apportant environ 6 547 kJ/j. Le besoin énergétique métabolique hivernal a été évalué à 2,87 W/kg, soit seulement 1,7 fois le taux de base connu pour l'espèce C. canadensis. Le métabolisme d'un castor consomme 3 800 kJ/j, sans lien avec la durée cumulée d'immersion quotidienne ni avec le nombre de sorties sous l'eau. Selon ce que l'on sait de l'apport énergétique et de la digestibilité des aliments provisionnés par cet animal pour l'hiver, ces réserves ne semblent pas pouvoir suffire à tous ses besoins hivernaux en énergie. L'accumulation d'eau permise par ses barrages joue aussi un certain rôle de tampon et d'inertie thermiques.

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Comportement saisonnier

Régime et nutrition

Il se nourrit surtout de l'écorce, et moindrement du bois et des feuilles des arbres qu'il coupe, en choisissant spécifiquement certaines essences, qu'il utilise aussi pour la construction de ses barrages là où doit en faire pour conserver un niveau d'eau qui lui convienne.

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En été, il se nourrit aussi d'herbacées et de plantes aquatiques. En hiver il se nourrit en grande partie des réserves qu'il a accumulées les mois précédents (voir ci-dessous).

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Habitudes d’accouplement

COMPORTEMENT D’ACCOUPLEMENT

Les castors sont des mammifères à reproduction sexuée.Le mâle et la femelle sont physiquement très semblables, mais présentent un comportement légèrement différent : chez les adultes, la femelle passe plus de temps à se nourrir en fin de printemps et en été, puis consacre plus de temps à se constituer des réserves alimentaires de la fin de l'été à la fin de l'automne, de même pour le temps passé à consolider la hutte et à construire des cachettes et y stocker des aliments pour la saison froide.Inversement, les mâles mangent moins et se déplacent plus, dont dans la hutte et pour la consolider (de la fin du printemps au début de l'été). Ensuite, ils circulent moins et mangent plus, tout en consolidant la hutte.Il semble exister un partage des tâches et celles-ci sont exécutées avec des temporalités différentes. La femelle (adulte) consacre plus de temps à s'occuper directement des petits, alors que les mâles passent du temps à les protéger et à approvisionner la famille en nourriture, à défendre le territoire de la famille et à construire et entretenir les infrastructures.

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La maturation du jeune castor passe par trois phases distinctes :

Ces trois phases sont également observéees en captivité. Elles sont proches de celles observées chez d'autres rongeurs hystricomorphes à faible taux de développement.

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Population

Effectif de la population

Après avoir fortement régressé au Canada et aux États-Unis, il a fait l'objet de nombreuses translocation et réintroductions, pour que l'on puisse continuer à exploiter sa fourrure et son castoréum ou pour des raisons plus écologiques, voire pour lutter contre les inondations et les incendies :

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Ainsi, on a même testé (de la fin des années 1940 au début des années 1950) à assez grande échelle et avec succès des ‘parachutages de castors’ pour lutter contre les inondations dans l'Idaho, afin qu'il restaure ses petits barrages dans les petits cours d’eau forestiers.L’administration de l'État a permis à Elmo W. Heter basé à McCall (Idaho) (de la direction Pêche et chasse de l’état de l’Idaho, soit "Fish and Game Dept.") d’expérimenter cette méthode originale de réintroduction ou de translocation dans des zones très boisées et éloignées des routes.Auparavant, des castors avaient déjà été capturés dans des zones habitées ou cultivées où ils posaient problèmes, puis acheminés par cheval ou mule vers un camion, qui les amenait le plus près possible de la zone de relâcher, jusqu’où un nouveau voyage à dos de cheval ou mule devait être fait en pleine forêt.Ce processus de transport était long, fastidieux et très stressant pour l’animal, notamment sur les pistes poussiéreuses et quand il faisait chaud (en été le castor a alors besoin d’être constamment rafraichi). Une part importante des castors mouraient en chemin.L’idée est venue de les transporter plus rapidement « sur zone » par avion et de les parachuter précisément là où ils seraient plus utiles pour juguler les crues qui faisaient déborder les cours d’eau plus en aval des sous-bassins versant concernés, mais aussi avec un objectif de conservation des sols. Elmo W. Heter qui travaillait aussi à protéger et améliorer les ressources halieutiques piscicoles semblait aussi avoir compris qu’on améliorerait au passage l’état des habitats des poissons et du gibier, deux ressources importantes pour les populations humaines éparpillées dans ces régions.Différentes tailles de parachutes et plusieurs types de caisses ont été préalablement testés, lestés de manière à avoir le poids d’un ou deux castors. Le résultat le plus satisfaisant a été obtenu avec un petit parachute en rayonne de 24 pieds (provenant de surplus militaires acquis auprès du « Forest service ») apportant au sol deux castors. Des cages en osier tressé ont été testées par Heter et son équipe, permettant un atterrissage souple et pouvant ensuite être rongées par les castors, mais ceux-ci les rongeaient trop rapidement et facilement pour que ce moyen convienne. Ce sont finalement des boîtes épaisses en bois qui ont été choisies.Les animaux sélectionnés pour être parachutés (à partir d’une altitude de 500 à 600 pieds) étaient, autant que possible, des castors signalés par des riverains de cours d’eau comme leur posant des problèmes dans une zone habitée ou cultivée. Chaque castor était piégé par le « Gardien-trappeur régional» (Regional Caretaker-Trapper) » qui était tenu de fournir à cette fin 10 % du nombre total des castors qu’il piégeait chaque année ; ces castors étaient ainsi « relocalisés » par petits groupes (3 femelles + 1 mâle en général, ou 2 mâles + 2 femelles) vers des zones où l’administration souhaitait faire jouer les fonctions régulatrices de leurs barrages.EW Hetter a constaté que les jeunes castors parachutés en juillet ou en août étaient les plus prompts à fonder une famille et à créer ou restaurer des barrages freinant et retenant l’eau ; relâchés plus tôt, ils avaient tendance à migrer plus en amont ou en aval avant de s’installer. Les sites de parachutage étaient choisis par les « Conservation Officers » du Département « Pêche et chasse » de l’état de l’Idaho en fonction des besoins jugés prioritaires pour la lutte contre les inondations en aval.À titre d’exemple ; durant l'une des premières opérations, à l'automne 1948 ce sont 76 jeunes castors qui ont été déposés dans les forêts de l’Idaho, avec un seul échec (un des castors a réussi à ouvrir sa boite avant qu’elle n’ait touché le sol ; les caisses de bois percées de trous d’aération, conçues pour s’ouvrir dès leur arrivée au sol, ont été améliorées à la suite de cet accident). Selon le responsable de l’expérimentation, à la fin de 1949 toutes les réimplantations avaient été couronnées de succès. Chaque groupe de castors avait déjà construit un ou des barrages, des huttes et fait des provisions alimentaires, et ils semblaient tous prêts à fonder une famille. Par la suite leur population s’est probablement stabilisée en fonction des ressources et de la prédation (Lynx, Cougar…). Au regard du coût, cette méthode s’est avérée bien plus avantageuse que le transport par le sol au travers de la forêt. Il en coûtait 2 dollars (de l’époque) pour les boîtes, $ 16.00 pour le parachute et $ 12 pour les frais de vol/carburant soit $ 30,00 par parachutage. Les jeunes castors ainsi parachutés peuvent construire leur premier petit barrage en quelques mois et ainsi commencer à réguler le flux de l’eau dans des zones souvent quasi-inaccessible aux engins et aux travaux publics.Cette méthode a été décrite en avril 1959 dans un article scientifique dans la revue The Journal of Wildlife Management (p. 143-147) par le fonctionnaire et biologiste qui l'a mise en œuvre et par un court article de la revue américaine Mechanix Illustrated.

Parmi les prédateurs naturel du castor, on trouve d'autres mammifères que l'Homme, tels que le coyote, le loup gris, le lynx, la loutre et le renard roux.

Ses dynamiques de population varient selon la richesse du milieu (y compris en prédateurs) et la pression de piégeage ou des activités humaines, avec des modes de gestion ou de pression sur l'espèce qui ont pu beaucoup varier dans le temps pour un même territoire. En général là où il est réintroduit, la population croit lentement durant 10-15 ans, puis rapidement, puis décline et se stabilise sur le long terme.

Il est parfois considéré comme « nuisible » en raison des arbres qu'il endommage ou coupe et surtout à cause des barrages qu'il construit et qui peuvent localement provoquer des inondations. Sous l'égide de l'USDA et d'autorités locales, des programmes de mesures visant à concilier les activités humaines et celles du castor ont été mis en place aux États-Unis où vivent selon l'USDA 6 à 12 millions de castors et environ 317 millions d'habitantsLorsque ces derniers sont endommagés, s'il dispose de branches et de terre, le castor les répare efficacement, mais on sait maintenant contrôler le niveau de l'eau des barrages par des siphons silencieux (un courant de fuite et le bruit de l'eau qui coule sont deux stimuli déclenchant les travaux de surélévation ou de consolidation du barrage, mais uniquement si le castor l'associe à une situation « anormale » selon Hartman (1975)).

Aujourd'hui, on estime la population des castors à 10 ou 15 millions en Amérique du Nord, mais (bien que moins que son cousin européen) il a néanmoins subi un goulot d'étranglement génétique, qu'on peut maintenant mieux évaluer et « gérer » (en termes de biologie de la conservation grâce aux progrès de la biologie moléculaire (microsatellite loci,, métabarcoding, etc.).

Le castor est parfois involontairement tué ou empoisonné à la place d'autres animaux tels que le rat musqué.

Le castor canadien a été introduit en 1946, sur la Terre de Feu en Argentine, ce qui a engendré d'importants déséquilibres dans l'écosystème local. Présent dans le parc national Tierra del Fuego, il est sujet à controverse.

D'après les données scientifiques disponibles pour les populations gérées (par le piégeage en général, et parfois par stérilisation) et non gérées de castor, cette espèce est territoriale et adaptable, et elle stabilise sa population une fois que les territoires lui convenant sont colonisés (avec en général une zone tampon d'environ 1 km entre chaque colonie, maintenue par le marquage olfactif du castor lui-même).

Selon les écologues Müller-Schwarze & Schulte (1999) « les castors sont adaptables et ont besoin de peu de gestion par les humains ; cette gestion et le contrôle du nombre de castor découle des conflits castor-humains, et ne sont pas justifiés par les besoins des castors eux-mêmes ». Cependant l'histoire récente des barrages de castors et des zones humides qu'ils créent, ou de leur réintroduction est parfois aussi une histoire de conflits sociaux ou avec certaines activités humaines, qui fait l'objet d'études.Sur la base de retours d'expérience de nombreuses solutions techniques ont été développées et testées au Canada pour gérer les effets de la présence du castor (bois coupé, barrages, obturation de ponceau etc.) là où ces effets gênent les activités humaines. Ces solutions ont été réunies dans un guide technique par le ministère chargé de l'environnement.

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Niche écologique

Les barrages de castors modifient fortement l'environnement physique, biochimique et écologique du réservoir d'eau qu'ils créent,.

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Alors que le Castor régressait rapidement en Amérique du Nord, Chateaubriand s'en inquiétait et évoquait en 1829 leur utilité hydraulique dans Voyages en Amérique : « Ces républiques comptoient autrefois cent et cent cinquante citoyens ; quelques unes étoient encore plus populeuses. On voyoit auprès de Québec un étang formé par des castors, qui suffisoit à l'usage d'un moulin à scie. Les réservoirs de ces amphibies étoient souvent utiles, en fournissant de l'eau aux pirogues qui remontoient les rivières pendant l'été. Des castors faisoient ainsi pour des sauvages, dans la nouvelle France, ce qu'un esprit ingénieux, un grand roi et un grand ministre ont fait dans l'ancienne pour des hommes policés. »

Selon les études aujourd'hui disponibles, les castors et leurs barrages sont aussi globalement très favorables à la biodiversité grâce aux vastes zones humides qu’ils créent et entretiennent en amont de leurs barrages. Par exemple :

  • le coléoptère Brychius hungerfordi, devenu rare en Amérique du Nord, est presque toujours associé à la zone aval des barrages de castors, et la disparition des barrages situés en amont des populations de ces coléoptères est considérée comme une menace importante pour eux. On compte trois fois plus de trous d'émergence de grands Cerambycidae près des huttes ou terriers qu'ailleurs ;
  • les étangs créés par les castors permettent une succession de macrophytes et des ceintures nouvelles de macrophytes et de tourbières qui n'existeraient pas sans eux. Des chercheurs ont étudié les successions de macrophytes dans 36 étangs à castor du Minnesota, âgés de 4 à 40 ans, en zone de tourbière afin qu'ils soient bien isolés des autres masses d'eau, et « moins susceptibles au délavage ». Ils ont constaté que « la richesse et la diversité en espèces augmente de façon linéaire dans les étangs au cours des quatre premières décennies. L'âge de l'étang et le produit de la dimension de l'étang par le nombre d'étangs voisins dans un rayon de 250 m explique 64 % de la variation dans la richesse ». Concernant la composition floristique, elle s'explique le mieux par les modes de dispersion des graines (apportées par le vent, les oiseaux ou d'autres animaux qui viennent profiter de ce nouveau point d'eau ou de la flore, faune ou fonge ou des microorganismes qu'il abrite). Dans la zone étudiée, les étangs âgés de 11 à 40 ans présentaient la plus forte diversité en macrophytes, tant pour les espèces à feuilles flottantes que submergées. Ensuite, quand l'étang est plus ancien, les nymphéas (plante consommée par les castors) se montrent plus densément présents, avec plusieurs espèces de Potamogeton. Cette étude a permis de mettre au point un « modèle de prédiction pour la succession des macrophytes dans les étangs à castors » qui pourra faciliter l'étude des processus écologiques liés aux macrophytes favorisés par les castors qui se montrent donc espèce facilitatrice autant qu'espèce-ingénieur ;
  • dans les cours d’eau où les castors font des barrages, les accumulations de sédiments et de feuilles mortes dans les quelques dizaines de mètres en amont du barrage défavorisent ou font disparaître dans cette zone certaines espèces — par exemple, les moules perlières de Louisiane (en), une espèce appartenant à la super-famille Unionoidea ; par contre, les nouvelles zones inondées sont d'une productivité biologique importante et la zone de fuite du barrage continue à abriter, quoiqu'en moins grand nombre, les espèces des courants rapides ;
  • on a remarqué que les grands barrages du castor du Canada sont aussi des obstacles partiels à la migration d’espèces de poissons qui sont hôtes de ces moules, mais on a des preuves archéopaléontologiques que ces espèces ont coexisté depuis des millions d'années (y compris depuis 10 000 ans durant l' Holocène où les mulettes, les salmonidés et les castors ont coexisté en Amérique du Nord).

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Coloring Pages

Références

1. Castor du Canada article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Castor_du_Canada
2. Castor du Canada sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - http://www.iucnredlist.org/details/4003/0

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