Afropavo congensis
Le Paon du Congo (Afropavo congensis),, est une espèce découverte en 1936 qui présente des caractéristiques des paons et des pintades.
Cette espèce fréquente les forêts primaires du centre et de l’est de la République démocratique du Congo. Au sud et au nord, les limites sont celles de la forêt, la rivière Aruwimi à l’est et la rivière Lopori à l’ouest.
Le paon du Congo fréquente les forêts de basse et moyenne altitude, jusqu’à 1 200 m (Madge& Mc Gowan 2002).
C’est une espèce très discrète, difficile à observer, ce qui explique que ses mœurs soient assez mal connues. Sa présence est trahie par les cris émis, le soir entre 19 h et 20 h (Verheyen 1965) et spécialement par les nuits de pleine lune. Mâle et femelle chantent en duo et d’autres couples leur répondent, formant ainsi un chœur à travers la forêt (Cordier 1959). Ces cris ne sont entendus que deux ou trois nuits par semaine. Les paons du Congo semblent se déplacer beaucoup en forêt, généralement par deux ou en famille, et seraient ainsi plus nomades que la plupart des autres espèces de faisans.
Il n’existe aucune observation en milieu naturel mais cette espèce est supposée monogame, compte tenu des observations faites en captivité. Les liens du couple semblent très étroits, plus que chez les autres espèces apparentées, et les jeunes, élevés par les deux parents, restent longtemps avec eux (Hennache & Ottaviani 2006).
Son régime est varié, comprenant des fruits de micocoulier (Celtis adolfo-friderici synonyme du Celtis australis) - arbre avec lequel il serait étroitement associé, de figuiers, d’olacacés (Strombosia grandiflora), des graines d’euphorbiacés (Sapium ellipticum synonyme de Shirakiopsis elliptica) ou de légumineuses (Caesalpinia sepiara synonyme de Biancaea decapetala,) et des insectes, dont des termites, des fourmis et divers coléoptères (Cordier 1959, Verheyen 1965).
Dans la parade frontale, le mâle commence par dresser le cou en émettant une note basse, gonfle légèrement la peau rouge et nue de la gorge, tout en inclinant la tête, en déployant et en dressant ses rectrices. Les ailes sont mi-baissées et légèrement tournées vers l’extérieur, de façon que les rémiges primaires soient visibles de face. Il émet en même temps une série de cris courts et rapides. La femelle peut alors lui répondre en dressant la tête et la queue, mi-étalée, tout en inclinant les ailes et en se pavanant devant le coq. Dans la parade latérale, le mâle incline la tête et tend le cou, qui se trouve alors parfaitement aligné avec le dos, tout en déployant ses rectrices en éventail du côté de la femelle ainsi que les rémiges situées du même côté. Il peut aussi tenir une friandise dans son bec, tête baissée, et appeler la femelle qui vient alors la lui prendre. Une posture d’intimidation a aussi été décrite ; elle est la même dans les deux sexes et accompagne soit la défense du nid ou de la famille par le mâle, soit celle des poussins par la femelle. Elle peut certainement aussi être observée dans l’affrontement entre deux mâles. L’oiseau, arc-bouté sur ses pattes, baisse la poitrine, tête relevée, dresse et étale la queue, ailes pendantes étalées le long du corps, les articulations carpiennes touchant presque le sol (Hennache & Ottaviani 2006).
La nidification a lieu à n’importe quelle époque de l’année et semble liée à des variations locales du régime des pluies (Verheyen 1965). Aucun nid n’a jamais été observé dans la nature mais, d’après les indigènes, il serait placé entre les racines d’un grand arbre ou contre un arbre tombé (Cordier 1959).
Cette espèce est considérée comme vulnérable (Fuller et Garson 2000) en raison de sa distribution fragmentée, de la destruction de l’habitat et de la pression de la chasse. La population totale, en déclin, est estimée à moins de 10 000 individus (Birdlife 2000).En matière de mesures à prendre, Birdlife (2000) suggère de mener des études de terrain dans les parties les moins bien connues de l’aire de distribution, à l’ouest et au sud, d’étudier précisément les relations de cette espèce avec son habitat, surtout dans les zones protégées, et d’évaluer le potentiel du parc national de Salonga en matière de conservation. Mulotwa et al. (2004) mènent une étude de terrain, depuis mai 2003, afin de déterminer les exigences écologiques et la densité de l’espèce dans les principaux sites. À cette étude s’ajoute une enquête menée auprès de la population locale pour préciser les différentes menaces (fragmentation de l’habitat, empiètement de l’agriculture, pression de la chasse) et certains aspects de sa biologie (activité de nourrissage, période de reproduction, relation de l’espèce avec son habitat). Toutes ces informations serviront à jeter les bases d’un plan de conservation de l’espèce in situ. La forêt primaire du bassin du Congo est détruite par la déforestation provoquée par l’exploitation directe du bois et par la mise en culture, mais aussi, dans certains endroits, par l’exploitation minière de l’or et du diamant.