Alytes obstetricans
Alytes obstetricans est une espèce d'amphibiens de la famille des Alytidae. En français elle est nommée alyte accoucheur ou crapaud accoucheur.
Alyte vient du grec ancien αλυτος, alytos, « qui ne peut être délié » (Iliade, 13, 37 ds Bailly), c'est-à-dire délivré des œufs avant leur éclosion, obstetricans vient du latin obstetrix « sage-femme, accoucheuse » (Gaffiot).
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Ca
CarnivoreUn carnassier ou carnivore est un être vivant dont le régime alimentaire est principalement fondé sur la consommation de chairs ou de tissus d'a...
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InsectivoreUn insectivore est un animal se nourrissant d'insectes ou d'autres arthropodes. Les animaux insectivores appartiennent à différents groupes syste...
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SauteurLe saut est un mode de déplacement que peuvent pratiquer les humains et certains animaux consistant à se propulser dans l'air en exerçant une po...
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TerrestreL'oviparité est une stratégie de reproduction d'une espèce où l'ovule à maturation au sein de la femelle est ensuite pondu sous la forme d'un ...
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HibernantL’hibernation est un état d’hypothermie régulée, durant plusieurs jours ou semaines qui permet aux animaux de conserver leur énergie pendant l’...
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commence avecL'alyte accoucheur est un petit crapaud dodu faisant en général moins de 5 cm. La femelle est plus grande que le mâle.
L'alyte accoucheur se différencie d'un petit Crapaud commun (Bufo bufo) par ses yeux proéminents aux pupilles verticales et des glandes parotoïdes à peine visibles. Les mâles reproducteurs sont dépourvus de callosités nuptiales et de sac vocal. En été, ils portent des chapelets d’œufs enroulés autour de leurs pattes arrière.
Cette espèce est présente dans le nord du Portugal et de l'Espagne, dans la plus grande partie de la France, dans le sud et l'est de la Belgique, Pays de Herve, des Pays-Bas, au Luxembourg, dans le sud et l'ouest de l'Allemagne ainsi que dans le nord et le centre de la Suisse,.
Elle a été introduite dans le nord de l'Angleterre et à Minorque, dans les îles Baléares, Espagne.
En France, le crapaud accoucheur est partout présent mais avec une répartition morcelée. Il est souvent associé aux milieux perturbés par l'Homme. Il se raréfie dans le Nord et l'Est (une station connue en Alsace, deux ou trois en Lorraine). Il est aussi rare dans les plaines littorales. Il est par contre commun dans les massifs montagneux comme le Massif central et les Pyrénées.
Le crapaud accoucheur habite les zones humides où il peut s’enfouir dans des terres meubles, près des points d’eau et dans des étendues dégagées. Il est présent dans les formations végétales assez ouvertes comme les carrières, sablières, éboulis, pentes rocheuses, berges, vieux murs, pelouses, landes mais totalement absent des zones inondables. Il est possible de le trouver en milieu forestier, par exemple à proximité d'habitations abandonnées. On le trouve jusqu'à 2 400 m d'altitude dans les Pyrénées et dans les vallées des Alpes, du Jura et du Massif central jusqu’à 1 600 m. Il montre une grande habileté à grimper dans les talus. C'est une espèce plutôt montagnarde que de plaines.
Dans la journée, il peut rechercher des endroits ensoleillés. Il se cache sous les pierres, dans les interstices des dalles, au pied des vieux murs, entre les racines des arbres et sous le bois mort. Il peut aussi se creuser des terriers avec ses pattes avant. Pour ses têtards, il cherche des eaux stagnantes ou courantes : mares de pâture, ruisseaux, petits étangs, points d'eau des tourbières, fossés. Les têtards survivent dans des eaux de mauvaise qualité écologique. Il cohabite avec l'homme dans les parcs, jardins, ruines, cimetières.
Le chant, fait d'une suite de notes flûtées, est caractéristique de l'espèce.
Dès le mois de mars, la nuit venue, les mâles chantent pour attirer les femelles, ils émettent régulièrement une petite note flûtée tiou...tiou...tiou qui ressemble au chant du hibou petit-duc scops, mais en plus ténu. Ces appels nuptiaux sont émis par une température de l'air d'au moins 4 °C. Les chants les plus précoces sont entendus début février dans le sud-ouest de la France. Par contre, en montagne, on ne les entend pas avant le mois de mai. Ces chants ne cessent qu'en août dans le nord et en octobre-novembre parfois décembre, dans le Sud.
L'accouplement des crapauds accoucheurs se passe, au sec, sur la terre ferme, la nuit ou au crépuscule. Le mâle « aide sa partenaire à accoucher » d'un chapelet de 15 à 80 œufs. L'accouplement-accouchement qui ne dure que 10 à 20 minutes se fait en plusieurs temps,.
Lorsque les partenaires se rencontrent, le mâle étreint la femelle avec ses membres antérieurs ou bien celle-ci l'excite en lui donnant de légers coups de museau.
Les œufs enflent pour atteindre la taille de 5 mm de diamètre puis durcissent. Ils sont alors entourés d'une gangue externe épaissie, de couleur jaunâtre à marron, assurant leur protection.
Le crapaud accoucheur mâle peut courtiser plusieurs femelles et porter simultanément les pontes de deux femelles, voire de trois ou quatre. La femelle, quant à elle, peut pondre deux à quatre fois par an. Chaque année, le mâle peut porter successivement plusieurs masses d’œufs, jusqu'à trois en plaine. Par contre, en altitude, l'un comme l'autre ne s'accouplent qu'une seule fois.
Le mâle se réfugie souvent dans un terrier humide où les œufs ne sèchent pas. Dans des conditions sèches, il se rend tous les soirs, au point d’eau pour les faire tremper.
Les œufs se développent sur le dos du mâle pendant 3 à 8 semaines avant qu'il ne les dépose dans l'eau juste avant leur éclosion. Les jeunes têtards sortent peu à peu de leur coquille et restent dans l’eau. Plus vigoureux que les têtards des autres amphibiens, ils ont un meilleur taux de survie, supérieur à 40 %. La métamorphose des têtards peut intervenir avant l'hiver (2 à 5 mois après l'éclosion) ou après l'hivernage (9 à 15 mois plus tard).
En plaine, le mâle peut se reproduire à 1 an, la femelle à 2 ans. Sa durée de vie peut atteindre 5 ans.
Le mode de reproduction particulier de l’alyte est, pour la première fois, décrit et expliqué au XVIIIe siècle par le chirurgien Pierre Demours, mais les scientifiques ne le croient pas. Ce n’est qu’en 1872 que le naturaliste Arthur de l'Isle du Dréneuf accrédite sa thèse.
Comme tous les amphibiens cette espèce est en régression et a disparu dans une partie importante de son aire de répartition. Les causes identifiées sont la destruction, dégradation et morcellement de son habitat (zones humides). Localement de nouvelles populations se sont constituées dans des carrières, dont certaines ont ensuite été comblées par des déchets ou remises en service.La régression générale des insectes pourrait le priver d'une partie de sa nourriture (à l'état adulte).
Des mortalités massives, épidémiques et inexpliquées de crapauds alytes ont été enregistrées en Europe du Sud en 1997, 1998 et 1999. En 1992 des mortalités importantes de têtards et larves en cours de métamorphose étaient constatées en altitude dans des lacs pyrénéens. Et en 1994 dans le même secteur une épidémie décimait à nouveau des crapauds alytes (attribuée à une bactérie du genre Aeromonas : Aeromonas hydrophila, qui cause une maladie parfois dénommée « maladie des pattes rouges »). En recherchant l'agent pathogène ou la cause de ces mortalités, on a constaté que - comme de nombreuses autres espèces d'amphibiens - le crapaud Alytes est depuis quelques années également victime d'un champignon parasite (Chytride, causant des Chytridiomycoses) qui décime des amphibiens dans un nombre croissant de pays. Ce champignon a d'abord été repéré en Espagne chez l'Alyte, dans une aire protégée ; c'était le premier cas de décimation d'amphibiens par un champignon en Europe. Depuis l'aire du champignon s'étend et remonte vers le nord en Europe.