Phyllobates aurotaenia
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Phyllobates aurotaenia

Phyllobate à bande dorée, Kokoï

Phyllobates aurotaenia est une espèce d'amphibiens de la famille des Dendrobatidae, endémique de la côte pacifique de la Colombie. Les indiens Noanamá et Emberá la nomment kokoï tandis qu'elle est appelée « Phyllobate à bande dorée » en français. Il existe deux formes de Phyllobates aurotaenia, l'une des deux étant probablement due à une hybridation ou à un cline avec Phyllobates bicolor.

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Considérée avec Phyllobates bicolor comme la deuxième grenouille au monde par sa toxicité (Phyllobates terribilis étant la plus toxique), Phyllobates aurotaenia a été étudiée et décrite pour la première fois en 1913 par le zoologiste George Albert Boulenger. Cet anoure, qui peut atteindre jusqu'à 35 mm, se rencontre dans les forêts tropicales humides des départements du Chocó et de Valle del Cauca, à une altitude comprise entre 90 et 1 000 m.

Bien que de petite taille, les spécimens sauvages, stockant de la batrachotoxine, alcaloïde stéroïdien, dans les glandes de leur peau, sont mortellement toxiques. Le nombre de Phyllobates aurotaenia et leur aire de répartition ne cessent de diminuer, notamment à cause de l'impact des activités de l'Homme sur son habitat naturel. L'Union internationale pour la conservation de la nature la considère ainsi comme une « espèce quasi menacée » (NT).

Phyllobates aurotaenia est notamment connue pour l'utilisation qu'en font certains peuples amérindiens de Colombie, pour la chasse. L'industrie pharmaceutique mène aussi des études sur les puissants alcaloïdes stéroïdiens qu'elle sécrète.

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Distribution

Géographie

Continents
Pays
Domaines biogéographiques

Cette espèce est endémique de Colombie. Elle se rencontre entre 90 et 1 000 m d'altitude dans les départements de Chocó et de Valle del Cauca sur le versant ouest de la cordillère Occidentale, au niveau des bassins des ríos Atrato et San Juan, jusqu'à proximité de Buenaventura. Elle vit sur le sol des forêts tropicales humides de basse altitude et submontagnardes, préférant les forêts vierges et secondaires aux zones dégradées.

Habitudes et mode de vie

Phyllobates aurotaenia est une grenouille diurne. Elle chante généralement lorsqu'elle est cachée sous des feuilles ou des rondins de bois. Le chant de cet amphibien, qui dure entre 4 et 11 secondes, est décrit comme « fort, tel celui d'un oiseau, un chant bourdonnant, composé de notes répétées rapidement ». Cet appel est réitéré dans un intervalle allant généralement de quelques secondes à 45 secondes,. Il a une fréquence dominante supérieure à 2 000 Hz, tout comme celui de Phyllobates bicolor, Phyllobates lugubris et Phyllobates vittatus, celle de Phyllobates terribilis étant inférieure à 1 900 Hz. Cette espèce est très discrète, ce qui la rend difficile à trouver, même dans les zones où sa population est dense. La femelle pond en moyenne entre 15 et 20 œufs sur une litière de feuilles. Les larves sont, par la suite, déposées par le mâle dans des eaux où le débit est faible.

Mode de vie
Comportement saisonnier

Venin

Phyllobates aurotaenia est considérée, avec Phyllobates bicolor, comme la deuxième grenouille la plus toxique au monde, loin derrière Phyllobates terribilis. Chez les batraciens, les batrachotoxines sont présentes chez les seules grenouilles du genre Phyllobates. Ces alcaloïdes stéroïdiens sont sécrétés par la peau de la grenouille lorsque celle-ci est en état de stress,. La batrachotoxine empêche les nerfs de transmettre des impulsions nerveuses, laissant les muscles dans un état de relâchement et pouvant ainsi entraîner une insuffisance cardiaque ou une fibrillation. Chez les grenouilles de la famille des Dendrobatidae, ce poison est un mécanisme d'autodéfense et ne sert donc pas à tuer leurs proies. La noranabasamine, alcaloïde de pyridine, ne se rencontre que chez Phyllobates aurotaenia, Phyllobates bicolor et Phyllobates terribilis.

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Contrairement à certaines grenouilles australiennes du genre Pseudophryne de la famille des Myobatrachidae qui peuvent biosynthétiser leur propre alcaloïde (la pseudophrynamine), Phyllobates aurotaenia semble devoir sa toxicité à la consommation d'arthropodes, en particulier d'insectes. Certains scientifiques supposent que l'insecte qui permet la synthèse qui rend la grenouille toxique est un petit coléoptère du genre Choresine de la famille cosmopolite des Melyridae ; en effet, cet insecte recèle cette toxine. Ce poison extrêmement létal est très rare. La batrachotoxine, qui est stockée dans les glandes de la peau des grenouilles du genre Phyllobates à des degrés divers,, a également été retrouvée dans les plumes et la peau de cinq oiseaux toxiques de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (le Pitohui bicolore, le Pitohui variable, le Pitohui huppé, le Pitohui noir et l'Ifrita de Kowald). Chez les espèces de grenouilles du genre Dendrobates, qui font partie de la sous-famille des Dendrobatinae comme Phyllobates aurotaenia, on retrouve également d'autres toxines, telles que l'histrionicotoxine et la pumiliotoxine.

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Régime et nutrition

Une étude a été réalisée sur le régime alimentaire des Phyllobates aurotaenia et des Oophaga histrionica qui appartiennent à la famille des Dendrobatidae. Pour cela, vingt spécimens de chacune des deux espèces ont été capturés en 2009 dans la localité de Pié de Pató, près de Alto Baudó, en Colombie. Après analyse du contenu de l'estomac et des intestins des grenouilles collectées, le résultat montre qu'elles ont un régime alimentaire très similaire qui se compose notamment de fourmis. En effet, selon l'herpétologiste américain Jeffrey Robert Parmelee, ce serait des proies lentes, facilement disponibles car regroupées en colonies. Cependant, elles ont une faible valeur nutritionnelle, ce qui nécessite d'en manger de grandes quantités. Phyllobates aurotaenia se nourrit également de collemboles, de diplopodes, de chilopodes, de blattes, de hémiptères, de pseudoscorpions, de termites, de gastéropodes, d'arachnides, de dermaptères, de mollusques et de larves de coléoptères.

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Phyllobates aurotaenia n'a qu'un seul prédateur naturel actuellement connu, le serpent arboricole Liophis epinephelus. En effet, ce serpent tropical est résistant aux toxines produites par les grenouilles des genres Dendrobates, Phyllobates et Atelopus. Par ailleurs, l'Homme est la cause de la réduction des effectifs de cet amphibien. Les indiens Emberá et Noanamá l'utilisent pour empoisonner les flèches de leurs sarbacanes, mais la principale menace est la destruction de son habitat.

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Population

Menaces démographiques

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère qu'il s'agit d'une « espèce quasi menacée » (NT). Sa zone d'occurrence est estimée à moins de 20 000 km2 et continue à régresser, ce qui qualifierait l'espèce pour la catégorie « Vulnérable ». Cependant, les individus de cette espèce sont présents dans plus de dix localités et les populations ne semblent pas gravement fragmentées. D'un autre côté, les effectifs de Phyllobates aurotaenia sont en baisse continue, même s'ils restent abondants selon l'UICN. Ce déclin peut être expliqué par plusieurs facteurs tels que le déboisement et les activités liées à l'exploitation du bois, le développement de l'agriculture intensive ainsi que l'emploi de divers engrais, pesticides et produits polluants ou encore l'introduction de poissons prédateurs non indigènes. Elle doit également faire face au trafic illégal, étant souvent exportée à l'étranger pour des compagnies pharmaceutiques situées dans des pays industrialisés tels que le Canada ou l'Allemagne qui souhaitent étudier les puissants alcaloïdes stéroïdiens qu'elle contient.

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Phyllobates aurotaenia figure dans l'annexe II de la CITES depuis le 22 octobre 1987. Fin août 2013, le quota d'exportation est de 620 spécimens vivants et élevés en captivité pour la Colombie. Par ailleurs, dans ce pays, le décret no 39 du 9 juillet 1985 de l'INDERENA (Instituto nacional de recursos naturales, en français « Institut national des ressources naturelles ») interdit le prélèvement de Phyllobates dans la nature, que ce soit pour les élever ou pour tout autre but.

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Références

1. Phyllobates aurotaenia article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Phyllobates_aurotaenia
2. Phyllobates aurotaenia sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/55261/85887593

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