Tetrao urogallus • Coq de bruyère
Le Grand Tétras (Tetrao urogallus), ou Grand coq de bruyère, est un gros gallinacé vivant en montagne dans les forêts de conifères.
Cette espèce appartient à l'ancienne famille des Tetraonidae actuellement incluse dans celle, plus vaste, des Phasianidae.
Deux sous-espèces co-existent actuellement en France : Tetrao urogallus major dans les Vosges et le Jura et Tetrao urogallus aquitanicus dans les Pyrénées.
Il s'agit du plus gros des Galliformes d'Europe.
Le Grand Tétras habite en Europe les forêts de conifères des montagnes (Abies alba, Picea abies, Pinus spp.) parsemées de feuillus (avec sous-bois riche en arbustes à baies et myrtilliers) ; en Asie et Scandinavie, ce milieu se retrouve aussi en plaine (taïga).
Les adultes se nourrissent de bourgeons, de pousses de conifères, de baies (surtout myrtilles), de plantes herbacées, et, en hiver, d'aiguilles de conifères (surtout sapins et pins). Les poussins sont essentiellement insectivores jusqu'à l'âge de 4 semaines puis la nourriture animale décroît ensuite jusqu'à l'âge de 11 semaines pour se rapprocher alors de celle des adultes.
Cette espèce polygame se retrouve chaque année au printemps sur des lieux-dits « places de chant ».
Les coqs paradent (queue déployée, ailes pendantes, cou et tête redressés, barbe hérissée, cou plus ou moins gonflé), chantent (séries de « te-lep » rapides, environ six ou sept secondes, accéléré à la fin, puis « pokfok » semblable à un bruit de bouchon et « djedzje », bruit semblable à un bruit de scie répété trois ou quatre fois). Les poules vagabondent ici et là sur les places de chant et chacune choisit le coq avec lequel elle s'accouplera (en général le coq dominant).
La femelle gratte une cuvette dans le sol, au pied d'un arbre, à l'abri d'un rocher ou sous une branche basse de conifère. La ponte a lieu de mai à juillet et comporte six à neuf œufs, jaune clair taché de brun, couvés quatre semaines. Les petits sont nidifuges et restent avec leur mère jusqu'à l'automne.
L'espèce est en régression en France, en particulier dans le Sud-Ouest, malgré les inquiétudes de certains auteurs exprimées dès le début du XXe siècle, et malgré les nombreuses études ayant porté sur l'espèce, sa prédation (ex : analyse de 129 cas de mortalité dans les Pyrénées), son comportement territorial, sa dynamique de population, ses besoins alimentaires,, ses besoins en termes de perchoir et « dortoirs », ses facteurs limitants ou de régression, des années 1980 à 2000, lesquelles ont montré l'importance de la disponibilité de ces bons habitats, du calme, de la pression de chasse ou de braconnage, des limitations aux déplacements d'individus en raison d'une trame verte et bleue dégradée (selon E Menoni, « les mouvements (émigration - immigration) entre forêts voisines sont très importants dans la dynamique des populations. ») et divers efforts locaux de protection de ses habitats (dans plusieurs parcs nationaux et régionaux notamment), un classement en espèce protégée ou non-chassable dans certaines régions, et un premier projet de plan de restauration dans les années 1990, ainsi qu'une une stratégie nationale d’action en faveur de cette espèce (6 mars 2012). Tout comme le lagopède alpin (-60 % en 12 ans dans le massif des Trois Seigneurs, et de -14 % en 5 ans dans le Vicdessos) il a beaucoup régressé dans les Pyrénées françaises (chute de 75 % des effectifs du Grand Tétras en 50 ans (de 1960 à 2010). Les causes de sa disparition ou régression étaient autrefois la chasse et la dégradation des forêts, elles seraient maintenant le braconnage, la régression ou dégradation de ses habitats (morcellement forestier, ouverture de nouvelles pistes forestière ou de ski ou raquettes, station de sports d'hiver, sylviculture trop « dynamique », etc.).
En juillet 2007, le Groupe Tétras France a demandé un statut d'espèce protégée pour le Grand Tétras dans les Pyrénées, statut qu’il a déjà obtenu dans les autres massifs montagneux français. Dans le Sud-Ouest, neuf années de suite, les tribunaux administratifs de Pau et Toulouse, suivis par la Cour d'appel de Bordeaux (14 février 2013) ont rejeté (avec un certain délai) les arrêtés préfectoraux permettant la chasse de cette espèce. La stratégie nationale comprend un « plan de gestion cynégétique », mais il est contesté par plusieurs ONG environnementales réunies dans le Groupe Tétras France car rédigé unilatéralement avec le monde de la chasse et non discuté au sein du « comité de suivi de la stratégie ». Le ministère s'est retourné vers le Conseil d'État qui a tranché le 28 décembre 2012, en rejetant le pourvoi de la ministre par manque de moyens sérieux. Enfin, dans les régions transfrontalières (dont certaines touchées par les retombées de Tchernobyl comme le montre une contamination croissante des sangliers dans les années 1990), des comptages et une gestion transfrontalière sont nécessaires.