Ursus maritimus • Ours polaire
L'ours blanc (Ursus maritimus), aussi connu sous le nom d'ours polaire, est un grand mammifère omnivore (à prédominance carnivore) originaire de l'Arctique. C'est, avec l'ours kodiak et l'éléphant de mer, l'un des plus grands carnivores terrestres et il figure au sommet de sa pyramide alimentaire.
Parfaitement adapté à son habitat, l'ours blanc possède une épaisse couche de graisse ainsi qu'une fourrure qui l'isolent du froid. La couleur blanche de son pelage lui assure un camouflage idéal sur la banquise et sa peau noire lui permet de mieux conserver sa chaleur corporelle. Pourvu d'une courte queue et de petites oreilles, il possède une tête relativement petite et fuselée ainsi qu'un corps allongé, caractéristiques de son adaptation à la natation. L'ours blanc est parfois considéré comme un mammifère marin semi-aquatique, dont la survie dépend essentiellement de la banquise et de la productivité marine. Il chasse aussi bien sur terre que dans l'eau. Son espérance de vie est de 15 à 30 ans.
Cette espèce vit uniquement sur la banquise autour du pôle Nord, au bord de l'océan Arctique. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime la population d'ours blancs à environ 26 000 individus. Elle considère l'espèce comme vulnérable (VU), principalement en raison du réchauffement climatique et du bouleversement de son habitat qui en résulte. En 2015, Morten Jørgensen conclut au contraire que la principale menace pesant sur l'ours polaire est la chasse, loin devant le changement climatique, et estime la population inférieure à 20 000 individus.
Animal charismatique, l'ours blanc a un fort impact culturel sur les peuples Inuits, qui dépendent toujours de sa chasse pour survivre. Il a également marqué la culture populaire via certains de ses représentants comme Knut, ou encore l'art avec la sculpture d'ours blanc réalisée par François Pompon.
Le parc national Wapusk au Manitoba, au Canada, est connu pour être la capitale mondiale des ours polaires. C’est l’un des meilleurs endroits pour voir ces ours dans leur environnement, particulièrement à leur arrivée en automne, alors qu’ils attendent que la baie d'Hudson gèle, afin de pouvoir y chasser le phoque.
Di
DiurneCa
CarnivoreCh
CharognardTe
TerrestreNi
NidicoleNa
NageurNo
NomadeSu
SuperprédateurTe
Terrier ("a burrow" - not an adjective)Aq
AquatiquePo
PolygyneDa
DangereuxSo
SolitaireHi
HibernantNo
Non migrateurP
commence avecAn
Animaux de la province du CanadaAn
Animaux géantsBl
Blanc comme neigeL'ours blanc possède la morphologie d'un ours typique : un corps imposant, une fourrure abondante, une grande tête rectangulaire, de petites oreilles arrondies, une courte queue et des pattes puissantes et épaisses. Ses yeux, son museau, ses lèvres, sa peau et ses coussinets sont noirs. Sa principale particularité est d'être le seul ours à manteau blanc.
Par rapport à l'ours brun, l'ours blanc a un corps plus long, tout comme son cou et son crâne, mais des oreilles plus petites. Le profil de l'ours blanc est également différent, avec un museau plus proéminent.
L'ours blanc est, avec l'ours kodiak et l'éléphant de mer, l'un des plus grands carnivores terrestres vivants. Ils ont une hauteur de 1 à 1,5 m au garrot. Les mâles adultes pèsent généralement entre 400 et 600 kg mais peuvent parfois atteindre les 800 kg pour une taille de 2 à 3 m de long. L'ours blanc présente un dimorphisme sexuel important : généralement deux fois plus petites que les mâles, les femelles pèsent de 200 à 350 kg et mesurent de 1,8 à 2 m. À la naissance, les oursons ne pèsent que 600 à 700 g. Le record de masse pour un ours blanc est actuellement de 1 102 kg.
L'ours blanc a des prises de poids assez spectaculaires. Par exemple, au Canada, un ours blanc femelle a pris plus de 400 kg en neuf mois. En novembre, elle pesait 92 kg, mais au mois d'août, elle a été pesée à 505 kg. Ceci s'explique par l'accumulation des graisses de phoque qui sont mangées au printemps.Des données récentes suggèrent que la masse des ours blancs décline. Ces données peuvent être prises comme une indication des pressions qui pèsent sur eux. Une étude de 2004 de la National Geographic Society a montré que la masse des ours blancs, en moyenne, était inférieure de 25 % à leur masse dans les années 1970. Pour exemple, en 2007, les femelles de la baie d'Hudson avaient une masse moyenne de seulement 230 kg, contre 300 kg dans les années 1980. Leur masse ne les empêche pas d'être très véloces sur la terre ferme. Ils peuvent sans problème être plus rapides qu'un homme à la course.
L'ours blanc est une espèce vivant autour du pôle nord, au bord de l'océan Arctique, dont l'habitat se limite quasiment à la banquise. Le point le plus méridional de leur habitat se situe dans la baie James au Canada. Bien que les effectifs décroissent au nord de 88° de latitude, on peut en rencontrer dans tout l'Arctique. Les estimations datant des années 1980 faisaient état d’un effectif compris entre 20 000 et 24 000 individus.
Les populations les plus nombreuses se trouvent :
L'étendue du territoire de l'ours blanc est limitée par la disponibilité de bancs de glace flottant sur la mer, utilisés comme plates-formes de chasse au phoque, sa principale nourriture, mais aussi comme espace de repos. L'actuelle disparition à un rythme accéléré de la banquise arctique menace directement la survie de l'espèce, l'ours blanc pourrait ainsi s'éteindre avant la fin du XXIe siècle. Des signes avant-coureurs ont été observés aux extrémités sud-ouest de son territoire.
En 2022, dans les fjords du sud-est du Groenland, une sous-population génétiquement distincte (27 femelles adultes), isolée depuis au moins 200 ans par des montagnes et une calotte glaciaire à l'ouest, et par l'océan ouvert à l'est a été découverte ; ce groupe a changé ses méthodes de chasse utilisant la glace qui a vêlé des glaciers (dite "mélange glaciaire", « laissant espérer que certains membres de l'espèce pourraient survivre à la perte de glace causée par le changement climatique ».
Les ours blancs sont des animaux solitaires. Excellents nageurs grâce à leur couche de graisse, ils peuvent être vus en pleine mer à des kilomètres de toute terre. Ils nagent en utilisant leurs pattes avant pour se propulser et leurs pattes arrière comme gouvernail. Le pelage se gonfle d'air pour augmenter la flottaison. Sous l'eau, les yeux restent ouverts mais les narines se ferment, ils peuvent ainsi retenir leur respiration jusqu'à deux minutes.
Sa fourrure est si isolante qu'il lui arrive de souffrir de la chaleur. Ainsi, il se prélasse parfois sur la glace pour se refroidir ; sur terre, il peut creuser à la recherche de la couche de pergélisol, plus froide que le sol.
Le mode de vie de l'ours blanc est très différent de celui de son cousin, l'ours brun. En dépit de leur récente séparation au cours de l'évolution, ces deux espèces exploitent des sources d'énergie extrêmement différentes. L'ours brun est terrestre et l'essentiel de son régime est végétal avec un appoint de protéines animales, tandis que l'ours blanc est le plus carnivore des ursidés. Deux espèces de phoques constituent l'essentiel de son régime : Phoca hispida, qui atteint 60 kg, l'espèce la plus nombreuse en Arctique et formant sa proie principale, et Erignathus barbatus, pouvant dépasser 400 kg. Aucune de ces deux espèces de phoque ne se retrouve en l'absence de banquise, ce qui limite l'aire de chasse de l'ours blanc, mais l'ours blanc est opportuniste. Ainsi, une autre proie commune de l'ours blanc est le morse et il est aussi capable d'attraper des bélugas. En tant que consommateur de poissons, l'ours blanc ingère de grandes quantités de vitamine A qu'il stocke dans son foie. Par le passé, des explorateurs de l'Arctique se sont souvent empoisonnés en mangeant le foie d'un ours blanc, en raison d'une hypervitaminose A.
Le pelage de l'ours blanc lui offre un excellent camouflage. Lorsqu'il chasse, il cache son museau avec ses pattes, ce qui le trahirait sinon. L'ours est également un bon pêcheur et utilise ses griffes pour harponner ses proies. La femelle peut jeûner près de huit mois avant de mettre bas ses petits, habituellement deux oursons pesant entre 600 et 700 g. Elle retourne ensuite rapidement sur la banquise pour chasser le phoque, sa nourriture favorite, ou attraper du poisson. Les bonnes années, l'ours blanc accumule une épaisse couche de graisse avant la débâcle. Une fois à terre, il entre alors en « hibernation itinérante » : bien que restant en activité, son métabolisme ralentit sensiblement, permettant ainsi d'économiser énergie et réserves.
À cause du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, l'ours blanc éprouve de plus en plus de difficultés à chasser les phoques. Sa quête de nourriture s’est rapidement portée sur les zones de nidation des oiseaux, faisant des œufs une partie importante de son alimentation. Cependant, l’équilibre alimentaire de l'ours se voit perturbé, en partie parce que les œufs sont trop riches en protéines.
Les mâles ne sont pas sexuellement matures avant l'âge de quatre ans, mais les femelles peuvent être mères dès l'âge de trois ans. Elles ont rarement plus de 2 petits, à raison d'une mise bas tous les 3 ans, qui viennent au monde lorsque la femelle hiberne dans sa tanière au mois d'octobre et se contentent du riche lait maternel pendant plusieurs semaines. Après sa sortie de tanière aux alentours de mars, la reproduction de la femelle a lieu en juin. Fécondée par le mâle, elle porte l'embryon pendant 5 mois (mise bas en décembre) alors que la gestation ne dure que 55 jours ; la femelle produit ainsi une implantation différée (en) de l'embryon. La mère n'emmène ses petits hors de la tanière que lorsqu'ils sont âgés de 3 à 4 mois ; c'est à ce moment qu'ils découvrent le monde qui les entoure. Les jeunes prennent leur indépendance tardivement, car l'ourse s'occupe de toute leur éducation, leur apprenant la chasse et le choix d'une tanière. Ils ne se séparent définitivement d'elle qu'à l'âge de 3 ans. Lors de cette période, les petits prennent beaucoup de poids grâce au lait produit par la femelle, qui contient 50 % de matières grasses,.
L'ours blanc est sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Auparavant classée dans la catégorie « risque faible, dépendant des efforts de conservation » selon la liste rouge établie en 1996, l'espèce se trouve désormais dans la catégorie « vulnérable ».
Les matières toxiques répandues dans la mer sont consommées par le phytoplancton, puis le zooplancton, qui sont à leur tour consommés par les poissons, qui sont eux-mêmes mangés par les phoques, ces derniers étant la proie des ours. C'est ainsi que les ours blancs emmagasineraient les substances toxiques accumulées dans l'organisme d'animaux qui constituent leur chaine alimentaire. Par exemple, 200 à 300 tonnes de mercure transitent vers les pôles via les courants marins et les vents ; les populations locales ainsi que l'ours blanc ont des concentrations de ce métal, toxique pour le système nerveux et pouvant causer des anomalies congénitales, plus élevées que la moyenne. On peut citer également l'exploitation des hydrocarbures, notamment de pétrole offshore et de gaz de schiste, comme menaces pour les populations.
Un ours blanc adulte n'a pas de prédateurs naturels : seul l'orque pourrait être une menace pour lui, mais il n'y a jamais eu d'observation d'une ou plusieurs orques tuant un ours blanc, seulement des spéculations concernant les restes trouvés dans des estomacs d'orques, mais sans que l'on sache s'il s'agit du produit d'une chasse ou de prélèvements opportunistes après le croisement d'un cadavre d'ours dérivant en mer. De même concernant le requin du Groenland, puisque des restes d'ours ont également été trouvés dans son estomac, même si les scientifiques optent pour un comportement de charognard du requin, qui aurait pareillement trouvé la carcasse de l'ours dans l'eau. Les oursons en revanche sont plus vulnérables à la prédation, notamment par des loups ou renards arctiques. Il y a aussi eu le cas d'un Gulo gulo tuant un ours polaire adulte, en lui agrippant le cou pendant de longues minutes jusqu'à l'étouffer.
Prédire l'avenir est toujours incertain, même s'il est clair que l'habitat de l'ours blanc évolue vite et défavorablement. Une telle espèce très spécialisée serait particulièrement vulnérable aux conséquences de cette perte d'habitat. On pourrait donc s'attendre aux modifications suivantes chez les ours blancs dans le cadre du changement climatique :
En juin 2008, à la suite d'une proposition de classement du Fish and Wildlife Service faite en janvier 2007, les États-Unis ont inscrit l'ours blanc d'Alaska sur la liste nationale des espèces protégées.
La perte de surface de banquise serait comparable à la déforestation de forêts tropicales humides : qui perd l'habitat, perd les espèces à peu d'exception près. Mais le docteur Mitchell Taylor (en) et d'autres spécialistes de la faune arctique estiment néanmoins que la situation est loin d'être dramatique.
En 2016, il resterait 19 populations sauvages d'ours blancs (25 000 individus environ). Selon une évaluation précédente, sur les 13 populations d'ours blancs au Canada, 11 sont stables ou en croissance. Cette population n'était plus que de 8 000 à 10 000 il y a encore un demi-siècle. La croissance récente du nombre d'ours blancs est attribuée aux restrictions sur la chasse.
Cependant, une perte de poids est constatée chez les ours blancs en raison d'une difficulté accrue d'accès aux phoques, probablement exacerbée par la compétition pour une même nourriture, situation qui risque d'être encore aggravée par le réchauffement :
Cette interprétation est cependant contestée par d'autres spécialistes, qui expliquent qu'il y a là une question de perspectives comportant une part de déni (comme celui de certains spécialistes concernant la baisse du stock de morues des Grands Bancs de Terre-Neuve dans les années 1980) et de facteurs sociopolitiques et économiques liés à l'exploitation des ressources du grand-nord. Louis Fortier, professeur à l'Université Laval de Québec et membre de la chaire de recherche sur la réponse des écosystèmes marins au réchauffement climatique, considère que la situation des ours blancs va tout d'abord s'améliorer pour ensuite se détériorer. Il explique ce phénomène par le fait que la fonte des glaces arctiques, dans un premier temps, permet à davantage de lumière d'atteindre l'océan et donc à davantage de phytoplancton, puis de zooplancton, de prospérer, jusqu'à l'ours situé au sommet de cette pyramide alimentaire. Cependant, la disparition de la banquise, terrain de chasse et de reproduction et de vie (élevage des petits) de l'ours, entraînerait à plus long terme son déclin. En effet, l'ours blanc, carnivore fortement spécialisé, ne serait pas en mesure de concurrencer à terre ses compétiteurs originaires du sud, plus généralistes. Selon la directrice générale du Service canadien de la faune Michelle Brenning les chiffres gouvernementaux montrent que, parmi les 13 sous-populations présentes au Canada, 2 sont en augmentation, 5 sont stables, 5 sont en déclin et une population n'a pas fait l'objet de recensement, offrant une situation hétérogène selon les sous-populations.
En 2016, « Tous les refuges de l'Arctique sont en fait maintenant sur le déclin, selon un examen détaillé des données satellitaires » et « dans tous ces refuges, les chercheurs ont constaté une tendance à un recul printanier plus précoce de la glace de mer et à une formation de glace plus tardive en automne ». Par rapport à 1979, le laps de temps entre le maxima et le minima de glace a gagné 9 semaines dans l'année, au détriment des ours blancs.
Cinq pays de la zone arctique (États-Unis, Canada, Groenland, Norvège et Russie) ont en 2015 adopté un plan d'action circumpolaire de dix ans pour œuvrer ensemble à la conservation des ours polaires.