Arvicola terrestris • Rat taupier, Campagnol terrestre, Grand campagnol
Le Grand campagnol, Campagnol terrestre forme fouisseuse ou encore Rat taupier (Arvicola amphibius), est une espèce de petits mammifères rongeurs de la famille des Cricétidés qui, parmi les campagnols, est une des espèces les plus grandes (jusqu'à 300 g).Ce campagnol est très commun en Europe et en Asie en zone de prairie de moyenne montagne où il se signale par les dégâts qu'il cause dans les herbages ; Il y creuse des galeries et ronge les racines des végétaux.
Par suite de la régression de leurs prédateurs et en raison de modifications du paysage induit par des changements de pratiques agricoles, ces campagnols pullulent dans certaines régions où leur prolifération doit être contrôlée. Inversement, certaines populations sont menacées d'extinction, notamment dans les Îles Britanniques où ils sont désormais protégés.
Son nom scientifique a évolué du fait des doutes sur la distinction traditionnellement faite entre les populations de Campagnol terrestre forme fouisseuse (Arvicola scherman) et Campagnol terrestre forme aquatique (Arvicola terrestris) qui semblent conspécifiques d'après la plupart des chercheurs.Cela peut engendrer des confusions avec une autre espèce du même genre, le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus).
Le corps est ramassé, plutôt rond. Les oreilles sont fines, la queue relativement courte et le museau est arrondi.Son poids est généralement compris entre 100 et 300 g. Il mesure entre 15 et 25 cm de long, dont 6 à 7 cm de queue. Il possède un pelage brun roux ou clair, foncé dessus, et gris-beige, plus ou moins foncé, dessous. Il possède 4 doigts et 5 orteils.
Autrefois très commun dans toute l'Europe jusqu'à la Sibérie, le campagnol terrestre est présent en France surtout dans l'Est et le Nord du pays, notamment dans les massifs montagneux (Alpes, Jura, Massif central) où on le trouve jusqu'à 2 000 m d'altitude.
Le campagnol terrestre vit sous terre dans les prairies, mais aussi dans les jardins ou les vergers quand il y trouve une nourriture facilement accessible et appétissante (fruits en particulier).
Dans un premier temps ils colonisent les réseaux de taupes. Les terriers sont creusés profondément et suivent plusieurs niveaux. Il est possible de distinguer un niveau de galerie superficiel à moins de 20 cm de profondeur, un autre plus court peut descendre de 40 cm jusqu'à 1 m, il contient les nids, favorables pour passer la mauvaise saison et la reproduction. Son réseau peut atteindre 60 mètres. Avec ses griffes et si nécessaire à l'aide de ses incisives, il creuse des galeries dans le sol, repoussant la terre derrière lui avec les pattes, puis avec la tête, formant des monticules de surface évoquant les taupinières. Les tas provoqués par les campagnols terrestres sont plus éparpillés, et le grain de la terre plus fin. Contrairement à celui des taupes, le réseau de galeries du campagnol terrestre n'est pas rectiligne mais anarchique.
L'espèce passe presque tout son temps dans ses terriers, mais une étude basée sur la pose de pièges en surface a montré dans les années 1990 que les juvéniles quittent le terrier et se dispersent en masse au-dessus du sol ; ces mouvements de dispersion ayant principalement lieu durant des nuits pluvieuses.
Son régime est végétarien ; il se nourrit principalement des parties souterraines des plantes, racines, bulbes, tubercules, et n'hésite pas à s'attaquer aux grosses racines des arbres, qu'il ronge progressivement leur donnant une forme caractéristique en poignard. Ces dégâts sont insidieux car le dépérissement des arbres est progressif et, souvent, quand il devient apparent, il est trop tard pour les sauver.
Il peut causer des dégâts dans certaines cultures et les vergers.
Le Campagnol terrestre vit en couple. Sa durée de vie varie de 6 à 8 mois.
La reproduction donne lieu à plusieurs portées de deux à huit petits. Une femelle peut avoir jusqu'à six portées par an (stratégie r) conduisant − en l'absence de prédateurs − à d'importantes pullulations.
La gestation dure trois semaines.
Les jeunes : ils sont émancipés vers quatre semaines et atteignent leur maturité sexuelle vers deux mois. Dans un milieu riche en prédateurs, la plupart des petits sont mangés dans les premiers mois de leur vie.
Le campagnol terrestre n'est pas apprécié dans les campagnes à cause de son impact négatif sur les récoltes et les berges des cours d'eau qu'il abîme en creusant des tunnels et en dévorant les racines. Ces rongeurs sont aussi des vecteurs potentiels de zoonoses comme la tularémie, une maladie infectieuse. Les hommes lui font donc de tout temps la chasse par tous les moyens. Toutefois cette extermination systématique non concertée a conduit à sa raréfaction inquiétante dans certaines aires de son habitat naturel, tout comme dans le cas du Hamster d'Europe. Dans les îles Britanniques, par exemple, l'animal fait l'objet de mesures de conservation, en particulier depuis l'introduction du Vison d'Amérique (Mustela vison) qui met l'espèce en danger sur ces îles.En France, une mission a produit un rapport rendu en décembre 2010 portant sur les moyens de lutte à préconiser ou à rechercher et proposant des pistes de compensation financières en cas de gros dégâts. La mission a insisté sur la nécessité d'une lutte prudente et « raisonnée », coordonnée, collective, précoce et combinant différents moyens, et basée sur une surveillance intégrée dans le réseau d'épidémiosurveillance accompagnant le plan Écophyto 2018 du Grenelle de l'environnement. Un Bulletin de santé du végétal (BSV) spécifique aux problèmes de pullulation est éditée dans certaines régions touchées. Le Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA) ne peut pas rembourser les dégâts dus aux campagnols, mais -si les dégâts ont un caractère exceptionnel démontré par les autorités françaises-la Commission européenne n'exclut pas l'usage de fonds de mutualisation (nouveau dispositif issu du bilan de santé de la politique agricole commune) en cours de définition début 2011.