Aigle ravisseur
Royaume
Phylum
Classe
Commande
Famille
Sous-famille
Genre
ESPÈCES
Aquila rapax
Poids
1950-2500
68.8-88.2
goz
g oz 
Longueur
65-72
25.6-28.3
cminch
cm inch 
Envergure
1.7-1.9
5.6-6.1
mft
m ft 

Aquila rapax

L'Aigle ravisseur (Aquila rapax) est une espèce de rapaces diurnes de la famille des Accipitridae. Ses pattes largement garnies de plumes le désignent comme membre de la sous-famille des Aquilinae ou « aigles bottés ». L'aigle ravisseur a une distribution géographique large mais discontinue ; il se reproduit en Afrique et en Asie tropicale où il privilégie les habitats ouverts et secs tels que : désert, semi-désert, steppes et savane. Malgré cette préférence pour les zones arides, l'espèce se retrouve rarement dans les territoires entièrement dépourvus d'arbres. L'aigle ravisseur est sédentaire et pond de un à trois œufs dans un nid de brindilles situé généralement à la cime d'un arbre. C'est probablement le plus opportuniste de tout son groupe taxonomique, ayant souvent recours à la consommation de charognes ou au cleptoparasitisme d'autres espèces carnivores (d'où son nom de « ravisseur »), mais c'est aussi un prédateur très actif qui choisit souvent des proies relativement grandes et diverses. On estime que cet aigle peut vivre jusqu'à 16 ans ; cependant, on observe un déclin rapide de l'espèce à de nombreux endroits de sa zone de distribution. Les raisons sont nombreuses, particulièrement la perte de son habitat due à l'abattage d'arbres, au réchauffement climatique, ainsi que les persécutions humaines, notamment par empoisonnement, et plus généralement la présence humaine, notamment les collisions avec des structures artificielles ; pour toutes ces raisons, l'aigle ravisseur est peut-être en danger d'extinction,,.

Apparence

L'aigle ravisseur est décrit comme « peu élégant et à l'air ébouriffé », mais il a une silhouette aquiline plutôt caractéristique. Il possède un cou assez long, et un bec long et profond, dont l'ouverture va jusqu'au niveau de l'œil, des ailes modérément longues avec des « doigts » assez prononcés, et une queue peu arrondie, presque carrée, qui ressemble plus à celle d'un vautour que celles d'autres espèces d'aigles. Le plumage de ses pattes est important, et peut avoir l'air épais,,. La tête et le bec sont forts et épais, le corps est bien proportionné et les pieds puissants, ce qui lui donne une allure féroce. L'aigle ravisseur se perche bien droit, généralement sur des souches, des poteaux ou des arbres, pendant une longue période de la journée, et quand il descend, il marche avec une allure un peu maladroite et une posture plus horizontale. Quand il est perché, le bout de ses ailes coïncide à peu près avec le bout de sa queue.

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Les adultes ont des yeux de différentes couleurs, variant du jaune au brun-jaune en passant par le brun pâle, ceux des juvéniles sont brun foncé. Les pieds et la cire du bec sont jaunes à tous les âges. L'aigle ravisseur est très polymorphe, avec des variations très importantes du plumage entre individus, qui peuvent porter à confusion,. Chez les adultes, la coloration du plumage peut varier d'un gris-brun sombre à un roux strié (ou plus uni) ou jaunâtre, ; cependant la plupart des adultes sont gris-brun ou roux-fauve, parfois avec des taches plus claires au niveau de la nuque et du ventre, avec les couvertures d'une couleur uniforme identique au corps. La nuque est toujours sombre, même si le bout des plumes est plus pâle, contrairement au plumage plus pâle observé chez d'autres espèces du genre Aquila. Les femelles, en plus d'être un peu plus grandes que les mâles, sont souvent aussi un peu plus sombres et plus striées. Les individus d'un brun sombre se trouvent généralement en Inde et appartiennent à la sous-espèce A. r. vindhiana,. Les adultes montrent peu de variations de couleurs, à part que les plumes des ailes et de la queue sont plus sombres, mais quand ils viennent de muer, les grandes couvertures et les couvertures secondaires peuvent présenter des bouts plus pâles qui forment des lignes plus claires sur l'aile repliée. La tête est généralement de la même couleur fauve que le corps, mais peu présenter des sourcils sombres, de petites striures brunes ou un menton plus sombre. La queue est soit unie, soit rayée de zones plus sombres, généralement avec 7 rayures. La forme sombre adulte est d'un brun sombre ; certains individus peuvent présenter des striures irrégulières et des plumes plus noires. La forme intermédiaire est d'un brun roux sur le dos, les couvertures des ailes sont variablement striées, d'un roux plus clair, ainsi que la tête, dont le haut ou les côtés sont plus pâles. Le ventre de la forme intermédiaire est généralement roux (en particulier au sud de l'Afrique), avec la poitrine et les flancs largement striés de brun sombre, mais qui peuvent apparaître entièrement bruns, en contraste avec les jambes unies. La forme pâle adulte montre toujours un fort contraste entre un corps clair et des couvertures d'ailes dotées de rémiges sombres et une queue sombre. Dans cette forme pâle, le dessous des ailes est roux clair ou brun fauve clair, puis les petites et moyennes couvertures sont plus sombres, pour finir avec des rémiges presque noires. La tête peut aussi être de couleur fauve, mais peut présenter des striures brunes ou un menton plus sombre. Le ventre est roux clair ou brun clair, parfois plus pâle en-dessous du ventre. Chez les individus âgés ou malades de cette forme pâle, les plumes du corps peuvent apparaître presque blanches.

Les juvéniles de la forme sombre sont roux clair ou roux-brun, avec le bas du dos et le haut de la queue crème. Les grandes couvertures et les rémiges sont brun sombre avec des taches pâles, la queue est rayée de gris et de brun, souvent avec le bout crème. Ils peuvent devenir plus pâles avant de changer de plumage. Les autres stades sont moins bien connus, mais il semble qu'au stade subadulte, les aigles de forme sombre deviennent graduellement brun sombre ou brun-roux sur le haut du dos, ainsi qu'au niveau de la tête et du haut de la poitrine, tandis que le reste garde la même couleur. Les autres formes semblent similaires, mais elles sont mal connues, et des variations peuvent apparaître selon les individus. Beaucoup sont roux ou de couleur sable après la mue, mais changent de couleur par la suite ; la proportion de plumes pâles pourrait indiquer la forme prise au stade adulte.

En vol, l'aigle ravisseur apparaît comme un grand rapace avec un long cou, avec une poitrine puissante, et des ailes longues et larges, mais un peu plus étroites au niveau des doigts. Le bord des ailes est légèrement courbé vers l'extérieur, en particulier à la jonction des primaires et des secondaires, tandis que la queue, arrondie et de longueur moyenne, est généralement portée étalée. Les larges battements des ailes peuvent faire paraître le vol de l'aigle ravisseur lourd et lent, mais ses mouvements d'ailes sont plus rapides et étendus et ont souvent l'air moins forcés que ceux d'autres espèces plus grandes du genre Aquila comme l'aigle des steppes, ce qui rend l'aigle ravisseur très rapide et agile quand il tente de voler les proies d'autres rapaces,. L'aigle ravisseur vole avec les ailes plates, ou légèrement relevées avec les bouts légèrement abaissés, et peut planer de la même manière, mais arque ses ailes pour planer plus rapidement.

Les adultes de la forme sombre sont d'un brun à peu près uniforme sur le dessus et le dessous, avec des plumes primaires plus pâles et plus grises sur les côtés. Sur le dessus, l'endroit qui contraste le plus sur la forme sombre est la tache plus claire en bas du dos, et sur le dessous, la couleur grise est contrastée par des bouts plus noirs et une ligne diffuse au bout des ailes et de la queue. Les aigles de la forme intermédiaire sont roux strié de brun ou brun-roux sur le dos et les couvertures des ailes, avec le bas du dos plus pâle comme pour la forme sombre. Sur le dessous, les striures sombres de la forme intermédiaire sont plus subtiles et leur couleur peut sembler presque uniforme. Les plumes des ailes de la forme intermédiaire sont souvent plus grises, avec un contraste plus important entre les plumes primaires pâles et les plumes plus noires du bout des ailes. La forme pâle est rousse ou jaune pâle des deux côtés des ailes, ce qui contraste fortement avec le brun sombre au bout des grandes couvertures, sur les plumes au bout des ailes et de la queue et souvent les scapulaires. Les primaires sont également pâles. Certains adultes ont des bases pâles sous les primaires, et les plumes peuvent être unies, mais généralement elles ont des rayures sombres étroites,.

Les juvéniles de la forme sombre sont roux ou fauve clair sur le dessus, ce qui contraste fortement avec le brun sombre des grandes couvertures, des scapulaires, des rémiges et de la queue, ainsi qu'avec la couleur crème du bas du dos. Sur le dessous, ces juvéniles peuvent ressembler aux adultes de la forme pâle, à part que le bout des plumes est blanchâtre, et qu'ils ont parfois des diagonales pâles irrégulières au bout des grandes couvertures, mais ces dernières disparaissent rapidement pendant la croissance. On connaît mal l'évolution de leur plumage, mais ces juvéniles muent pour devenir bruns, et sont tachetés dans l'intervalle, souvent avec une à trois barres plus sombres sur le bord des ailes. Le dessous des subadultes (entre 2 et 3 ans) est typiquement contrasté avec un brun plus sombre sur la poitrine, le ventre et le dessous des ailes, et le reste est plutôt crème. Ce motif bicolore existe chez les aigles ravisseurs d'Inde et d'Afrique,. L'aigle ravisseur obtient son plumage adulte entre 4 et 5 ans.

L'aigle ravisseur est un rapace assez grand, mais un petit aigle : il est l'un des plus petits représentants du genre Aquila. Il est à peu près de la même taille que l'aigle de Bonelli (Aquila fasciata) mais avec des ailes plus longues, il est un peu plus grand que l'aigle fascié (Aquila spilogaster), et notablement plus grand que l'aigle de Cassin (Aquila africanus). Les femelles des plus grandes espèces du genre Aquila sont généralement deux fois plus lourdes que la moyenne de l'aigle ravisseur. Comme c'est souvent le cas chez les rapaces, la femelle est plus grande que le mâle, mais la différence est assez faible, de l'ordre de 15 %. Il mesure entre 58 cm et 75 cm, ; 65 cm est considéré comme la taille typique d'un aigle ravisseur. Son envergure atteint 157 cm à 190 cm. Le poids d'un aigle ravisseur adulte varie entre 1,5 kg et 3,1 kg,,. Une étude a indiqué un poids moyen de 1,91 kg chez 5 mâles et de 1,97 kg chez 5 femelles. Dans une autre étude, 10 aigles au sexe indéterminé pesaient en moyenne 2,5 kg, et sur un échantillon de 15 aigles, l'envergure moyenne était de 182,9 cm. Sur un autre petit échantillon d'aigles en Afrique, 4 mâles avaient un poids moyen de 1,85 kg et 3 femelles un poids moyen de 2,28 kg. Une autre étude a estimé le poids moyen de l'espèce à 2,3 kg. En combinant toutes les mesures, l'aile pliée varie entre 473 mm et 565 mm, la longueur de la queue entre 242 mm et 295 mm, et celle des tarses de 79 mm à 92 mm,. Les mesures du culmen des aigles ravisseurs du Kenya varient entre 33,3 mm et 42,4 mm avec une moyenne de 37,7 mm, tandis que la taille moyenne de l'ouverture du bec est de 44 mm, avec des variations entre 40,3 mm et 49,9 mm,. La grande serre de l'hallux, qui sert souvent à tuer chez les Accipitridae, mesure entre 27 mm et 37,7 mm, pour une moyenne de 31,8 mm dans un des échantillons et de 32,3 mm dans un autre. Cette serre n'est pas spécialement large par rapport aux autres représentants de cette sous-famille, et est proportionnellement similaire en taille à celle de l'aigle des steppes et de l'aigle impérial,,.

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Distribution

Géographie

L'aire de répartition naturelle de l'aigle ravisseur est très étendue. La population africaine est partagée en trois populations différentes et relativement discrètes. La première se trouve dans le nord de l'Afrique, dont le sud du Maroc, le nord de l'Algérie, le sud-ouest de la Mauritanie, la Sénégambie, le sud du Mali, le centre et le sud du Niger, le sud du Tchad, le nord et le centre du Soudan, l'Éthiopie et la Somalie (principalement à l'est et au nord-est),,,,,,. La population nord-africaine est clairsemée. Au Maroc, les aigles ravisseurs sont peu nombreux, et il reste quelques populations dans les régions de Tarfaya, Tan-Tan et Souss-Massa. Ces populations proviennent peut-être de Tunisie où l'aigle ravisseur était autrefois répandu. En Afrique de l'Ouest, on trouve quelques aigles ravisseurs en Gambie au Togo, au Nigeria et (même s'il ne s'y reproduit pas forcément) en Côte d'Ivoire et au Ghana,,,,,,. Dans le centre et l'est de l'Afrique, l'aigle ravisseur se trouve au centre et à l'est de la République démocratique du Congo, dans les zones sèches de l'Ouganda, et partout au Kenya, en Tanzanie, en Zambie (souvent près de la rivière Luangwa et du Chambeshi), au Malawi et au Mozambique. En Afrique de l'Est, cette espèce est considérée comme l'aigle brun le plus répandu et le plus régulièrement observé,,,. Dans le sud du continent, l'aigle ravisseur peut être vu au Zimbabwe (mais il s'y raréfie, à part dans le Matabeleland et la région de Chipinge), au Botswana (on peut le voir régulièrement dans le delta de l'Okavango), dans certaines régions de Namibie, au sud et à l'ouest de l'Angola (dans les provinces de Cuando-Cubango, Cunene, Huíla, Namibe et Malanje), l'Eswatini, le Lesotho et le nord et le centre de l'Afrique du Sud, en particulier au nord du fleuve Orange mais parfois aussi dans la province du Cap,,,,,,,,,. La dernière reproduction d'aigle ravisseur au Swaziland a été observée en 2001 ; depuis, il est possible qu'il ne s'y reproduise plus.

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En-dehors de l'Afrique, l'aigle ravisseur peut aussi se trouver sur la péninsule arabique, notamment au Yémen et au sud-ouest de l'Arabie saoudite, dans les provinces de Tihama et d'Asir, mais peu, voire pas de reproductions n'ont été observées au cours des dernières décennies,,. L'aigle ravisseur est considéré comme rarement de passage en Israël : si certaines observations ont été confirmées, d'autres résultaient d'une mauvaise identification de l'aigle des steppes. Il est également observé à de rares occasions dans le sultanat d'Oman. L'aigle ravisseur existe aussi sous forme de populations isolées dans le sud-est de l'Iran (comme pour l'Arabie, il n'y a pas de preuves qu'il s'y soit reproduit récemment), et de manière un peu plus continue dans l'est du Pakistan (en particulier dans la vallée de l'Indus), au nord et sur la péninsule de l'Inde, et de manière plus dispersée à l'est, au sud du Népal et dans l'Assam,,,. Même s'il est rare d'observer l'aigle ravisseur au Népal, on pense que l'espèce y réside encore dans des zones semi-désertiques à basse altitude. En Inde, la répartition de l'aigle ravisseur inclut le Pendjab, la plaine indo-gangétique, l'ouest du Bengale, le nord-est du Bihar, le plateau du Deccan, ainsi que l'Andhra Pradesh, le Karnataka et le nord du Tamil Nadu,,. Des observations sporadiques d'aigles ravisseurs errants ont été faites au Myanmar, au nord du Vietnam et en Thaïlande, mais il s'agit probablement de confusions avec des aigles des steppes, ou des spécimens non identifiés. Quelques observations d'aigles ravisseurs errants ont été confirmées au Sri Lanka, il s'agit de la seule espèce du genre Aquila observée dans ce pays. D'autres observations ont été faites en Afghanistan mais restent à confirmer.

L'aigle ravisseur occupe des habitats ouverts à diverses altitudes, mais préfère les zones plutôt arides. En Afrique de l'Ouest, il se reproduit entre les forêts et les savanes, mais se déplace vers des forêts plus sèches voire des zones semi-désertiques en-dehors des périodes de reproduction. Au Maroc, l'espèce préfère les zones forestières entre montagnes et plaines. Dans d'autres régions d'Afrique, l'aigle ravisseur occupe les savanes, en particulier les zones riches en acacias, les zones semi-désertiques voire les déserts. Cependant, il évite les déserts extrêmes sans aucune végétation autant que les forêts tropicales humides. Il peut aussi occuper des zones aménagées par les humains, comme les terres arables, les bords de route, les barrages, les fermes, les prairies d'élevage, et même les zones de chasse si elles offrent des occasions de se nourrir,,,,,. En Afrique du Sud, le veld est l'habitat préféré de l'aigle ravisseur, surtout s'il s'y trouve des acacias. Même si les climats y sont similaires, le miombo est moins apprécié et l'aigle ravisseur y est plus rare,,. En Inde des habitats similaires peuvent être utilisés, mais l'aigle ravisseur est aussi largement présent autour des villages et des cultures. Il fréquente aussi les décharges publiques et les abattoirs, plus qu'en Afrique,,. L'aigle ravisseur fréquente également les forêts d'épineux. Il peut vivre entre le niveau de la mer et une altitude de 3 000 m, mais préfère les altitudes basses. Bien qu'il préfère un certain niveau d'aridité dans son habitat, l'aigle ravisseur a certaines exigences pour choisir sa zone de nidification. Sa présence peut être prédite par la présence d'averses durant la saison humide,,. Cette dépendance aux averses est probablement la clé de la qualité de son habitat et de la présence de proies, mais aussi de la disponibilité de sites de nidification,. L'aigle ravisseur fait son nid dans les arbres, si bien que les milieux trop arides pour que des arbres y poussent, ou dont les arbres sont victimes d'abattage massif, ne peuvent pas abriter cette espèce,,.

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Zones climatiques

Habitudes et mode de vie

Contrairement à l'aigle des steppes, l'aigle ravisseur est largement sédentaire et ne migre pas. Cependant, en Afrique, il est considéré comme nomade, et peut effectuer des déplacements saisonniers,. En Afrique de l'Ouest, la sous-espèce Aquila rapax belisarius voyage assez régulièrement sur de courtes distances vers des zones plus humides en octobre et en novembre, puis retourne vers le nord en avril, et parfois, migre vers le désert du Kalahari ou le Botswana, et peut aller jusqu'en Afrique du Sud,,,. Parfois, des aigles ravisseurs sont observés voyageant plus ou moins régulièrement entre l'Éthiopie et l'ouest de l'Afrique. Des déplacements plus longs ont été observés, dont un aigle de la sous-espèce A. r. belisarius qui a été vu en Tunisie, en Égypte (observé deux fois dans les années 1950), en Israël (trois observations en hiver dans les années 1990) et dans le sultanat d'Oman,,,. À partir de l'Inde, il n'est pas rare de voir des aigles ravisseurs se déplacer vers le Bangladesh, probablement des juvéniles se dispersant, mais les observations de l'espèce allant jusqu'en Thaïlande et dans le sud-est de l'Asie sont maintenant considérées comme très douteuses,. Dans le sud de l'Afrique, les aigles ravisseurs semblent rarement quitter leur zone de reproduction, et les juvéniles ne se dispersent pas à plus de quelques dizaines de kilomètres de leur nid d'origine,. Un aigle ravisseur bagué au nid à Esigidini au Zimbabwe a été retrouvé à Fort Nixon, près de son lieu d'origine, deux ans plus tard ; cependant, un autre aigle bagué au nid a été retrouvé à 330 km de son nid d'origine au Zimbabwe quatre ans plus tard, une dispersion lointaine pour le sud de l'Afrique. Des mouvements d'aigles ravisseurs inconstants et imprévisibles ont été observés dans des études écologiques expérimentales, qui ont démontré qu'il s'agissait d'aigles à la recherche de nouveaux territoires pour éviter un manque de pluie.

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Contrairement à l'aigle des steppes qui, en-dehors des périodes de reproduction, est sociable et peut se déplacer en groupe si les occasions de chasse le permettent, l'aigle ravisseur est généralement considéré comme solitaire,. Des groupes de deux ou trois aigles peuvent cependant être observés sur le sous-continent indien, et il arrive parfois d'observer des groupes plus nombreux. Dans l'Azad Cachemire au Pakistan, de petits groupes d'aigles ravisseurs ont été vus se rassemblant dans des endroits plus chauds entre novembre et février, pendant les trois ans de l'étude. Des petits groupes ou des rassemblements existent aussi en Afrique là où la nourriture est concentrée, et des nidifications communales ont été observées dans des arbres, des pylônes électriques, ou au sol.

Comme beaucoup de grands rapaces, l'aigle ravisseur passe la plupart de ses journées perché, mais prend son envol plusieurs fois par jour,. Contrairement à la plupart des grands aigles, il est habitué à la présence humaine, et se laisse approcher d'assez près par des observateurs, du moins en Inde,.

Les œufs sont couvés par la femelle entre 40 et 44 jours, avec des extrêmes de 35 à 45 jours, avant l'éclosion. L'incubation commence avec le premier œuf, et est faite exclusivement par la femelle en Inde, mais en Afrique, le mâle peut prendre brièvement la relève,. Si on approche du nid, la femelle reste en place le plus longtemps possible et ne s'envole qu'à la dernière minute. Elle peut continuer de décorer le nid avec de la verdure pendant la couvaison. À l'éclosion, les petits doivent être constamment protégés du soleil, le nid étant très exposé,. Ils naissent avec un peu de duvet blanc, un bec noir, des cires et des pieds jaunes, et des yeux marron ; un duvet blanc plus épais apparaît à 2 semaines, et une semaine plus tard, les premières plumes poussent sur les scapulaires et les couvertures des ailes. Les aiglons peuvent commencer à se tenir debout à 3 semaines, marcher dans le nid à 4 semaines, et commencent à remuer leurs ailes environ une semaine après,. Les plumes des ailes et de la queue poussent rapidement, et celles du côté de la poitrine apparaissent à 4 semaines. Vers 5 semaines, les aiglons sont presque recouverts de plumes, sauf au niveau de la tête et du dessous. À sa septième semaine, l'aiglon n'a plus que quelques restes de duvet, et pèse environ 2,15 kg,. Le développement rapide des plumes du dos est comparable à celui d'autres espèces de rapaces dont les nids sont exposés, comme le messager sagittaire ou les serpentaires.

Généralement, un seul aiglon survit,, ce qui est souvent dû au caïnisme, où le premier aiglon attaque mortellement le second âgé de quelques jours. Le premier aiglon pèse généralement 143 g à ce stade alors que le plus jeune ne pèse que 85 g au moment de sa disparition. Dans le sud de l'Afrique, on a cependant observé au moins quatre cas de nids contenant deux jeunes aigles vivants,. À 5 semaines environ, l'aiglon adopte un comportement anti-prédateurs, certains s'allongeant à l'approche d'un nouvel animal pour se cacher, d'autres adoptant au contraire une posture menaçante avec les plumes hérissées, le bec ouvert, les ailes relevées et les serres prêtes à griffer. Pendant les dix premiers jours, la femelle surveille son petit de près et compte sur le mâle pour lui apporter sa nourriture. Après deux semaines, elle laisse le petit seul pendant environ deux heures et demi par jour pendant qu'elle va chercher de la nourriture. À ce moment, le mâle peut aussi venir nourrir le petit. Pour un aigle de sa taille, l'aigle ravisseur commence à quitter son nid relativement tôt, et le nid peut être sali par des restes,. On a observé un aiglon âgé de 39 jours qui était capable de déchiqueter ses aliments lui-même, mais était toujours principalement nourri par sa mère. La première tentative de vol a lieu entre 7 et 10 semaines, et l'aiglon est complètement développé et capable de quitter le nid entre 10 et 12 semaines,. Cependant, la mère reste au nid, en particulier si elle doit s'abriter des orages, jusqu'au moment de l'envol. Le jeune aigle reste dépendant environ 6 semaines après son envol, et reste même parfois avec ses parents jusqu'à la saison de reproduction suivante. En Inde, quand la nidification est terminée, les couples se dispersent et quittent les zones de nidifications, et y reviennent rarement avant la nouvelle saison de reproduction en octobre. Un juvénile abattu à l'âge de deux ans se trouvait à 48 km de son nid d'origine ; deux autres juvéniles, l'un de cinq mois et l'un de sept mois, se trouvaient respectivement à 50 km et 34 km de leurs nids d'origine.

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Comportement saisonnier

Régime et nutrition

L'aigle ravisseur est unique dans le genre Aquila par son manque apparent de spécialisation dans son alimentation : il se nourrit des proies capturées par d'autres oiseaux, d'où son nom, mais peut également chasser,,. Alors que les autres espèces du genre Aquila ne le font qu'occasionnellement, l'aigle ravisseur se nourrit régulièrement de charognes, probablement tout au long de l'année, mais plus souvent en-dehors de la période de reproduction,. Cela l'amène à fréquenter les décharges, les villages et les abattoirs, particulièrement en Inde, ainsi qu'à s'associer avec des vautours pour repérer des carcasses. Il se trouve souvent au bord des routes, où le trafic routier est une source régulière de nourriture,. Il a aussi régulièrement recours au cleptoparasitisme d'autres rapaces, sûrement davantage que n'importe quelle autre espèce d'oiseaux de proie,. Cependant, les descriptions de l'aigle ravisseur « paresseux », « pas très distingué » ou « peu impressionnant » ne sont pas très appropriées, car c'est aussi un très bon prédateur, capable de s'attaquer à un large éventail de proies, y compris des animaux très grands,. La technique de chasse de l'aigle ravisseur consiste généralement à plonger depuis un perchoir, ou piquer depuis les airs. Sur le sous-continent indien, les arbres utilisés comme perchoir pour la chasse sont le Vachellia nilotica, le Prosopis cineraria et le Capparis decidua. L'aigle ravisseur peut aussi chasser en se déplaçant à terre. Il chasse essentiellement des proies terrestres, plus rarement arboricoles,,. Cependant il peut aussi attraper des oiseaux en vol,. Les oiseaux attrapés en vol ont des tailles très diverses, allant du pigeon roussard aux flamants. L'aigle ravisseur chasse souvent en couple pendant la période de reproduction, ce qui lui permet d'attraper des proies plus grandes qu'en-dehors de la période de reproduction. Cette chasse en couple peut même avoir lieu en toute saison. L'un des oiseaux vole d'abord pour distraire la proie, puis l'autre arrive discrètement pour la tuer, comme cela a également été observé pour la chasse en couple d'autres rapaces,,. Des animaux nocturnes comme des genettes ou des lièvres sauteurs ont été chassés par des aigles ravisseurs dans des zones où ils n'avaient pas pu être tués par le trafic routier. D'autres observations d'aigles buvant ou se baignant la nuit amènent à penser que l'espèce a un comportement nocturne résiduel, mais il n'y a pas encore de preuve irréfutable,. La présence semi-régulière d'aigles ravisseurs près de feux de broussaille a été observée en Inde, probablement attendant de capturer des proies déplacées par le feu.

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Plus de 200 espèces différentes composent le régime alimentaire de cet aigle, comme proies vivantes ou comme charognes : l'aigle ravisseur a peut-être le régime alimentaire le plus varié parmi tous les aigles tropicaux,,,,,. Selon les rapports, la plupart des proies vivantes de l'aigle ravisseur pèsent plus de 125 g et moins de 2,5 kg, cependant des observations révèlent des proies souvent très variées et en-dehors de cette estimation,,,. Une étude compilée a montré qu'en comparaison avec 8 autres espèces des genres Aquila et Clanga, le régime de l'aigle ravisseur est le plus équitablement réparti entre les différentes catégories de poids, avec des proies allant de moins de 63 g à plus de 4 kg ; cependant, pour cette dernière catégorie de poids, l'aigle ravisseur capture un peu moins de proies que l'aigle royal ou l'aigle d'Australie (Aquila audax), mais ces derniers sont bien plus grands. Cette étude a aussi montré que les catégories de poids les plus présentes dans le régime alimentaire de l'aigle ravisseur sont celles de 0,5 kg à 1 kg et de 1 kg à 2 kg, qui à elles deux représentent un peu moins de la moitié de ses proies en quantité.

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Habitudes d’accouplement

COMPORTEMENT D’ACCOUPLEMENT

Les pertes d'œufs et de jeunes au nid sont élevées. Les jeunes aiglons sont souvent victimes de leurs aînés, ou de nombreux prédateurs si le nid n'est pas bien gardé. Le succès de la reproduction est lié à la qualité de l'habitat et à la présence de nourriture. Des efforts de reproduction au Zimbabwe ont permis d'obtenir 19 jeunes pour 26 couples, avec un taux de remplacement de 0,73 petit par couple et par an. En Inde, l'aigle ravisseur s'adapte à la difficulté de son environnement sablonneux en dispersant ses nids, et obtient un taux similaire de petits par nids. Dans le parc national Hwange, 72,4 % des couples se reproduisent en moyenne par an, et produisent environ 0,61 petit par couple. Ces études montrent que la clé d'une bonne reproduction de l'aigle ravisseur est la présence de pluie : les pontes de deux œufs sont plus fréquentes que les pontes d'un seul œuf (qui n'arrive généralement pas à terme) et les périodes de reproduction sont plus larges pendant les années de pluies importantes,. Le succès de reproduction, mesuré en nombre de petits par couple et par an, est plus faible en Namibie et dans le parc national de Tsavo East qu'au Zimbabwe (0,4, 0,5 et 0,78 petit par couple et par an, respectivement),. La reproduction est meilleure en Zambie avec une moyenne d'un petit par couple et par an. Bien qu'il n'y ait pas d'étude complète sur la longévité de l'aigle ravisseur, on pense qu'il peut vivre au moins 16 ans dans la nature,.

Population

Menaces démographiques

L'aigle ravisseur fait face à diverses menaces qui affectent sa reproduction, son nourrissage et enfin sa survie. La plus récente et la plus dévastatrice des menaces a eu lieu le 20 juin 2019. Les corps de 468 vautours africains, 17 vautours à tête blanche, 14 oricous et 10 vautours chassefiente, ainsi que ceux de 2 aigles ravisseurs, ont été retrouvés. Un total de 537 vautours et 2 aigles ravisseurs ont été empoisonnés ainsi dans le nord du Botswana, probablement après avoir consommé les carcasses de 3 éléphants qui avaient été empoisonnées par des braconniers. Les braconniers empoisonnent ces carcasses pour éviter que la présence de charognards n'avertisse les gardiens de la présence d'animaux abattus. En effet, en volant au-dessus des animaux morts, les vautours et les aigles ravisseurs constituent un système de détection efficace utilisé par les gardiens contre le braconnage,,,. Les empoisonnements n'ont pas lieu qu'au Botswana, c'est aussi un probable facteur de disparition des aigles ravisseurs dans les zones protégées du parc national Kruger en Afrique du Sud. Dans le centre de la Namibie, 5 aigles ravisseurs juvéniles qui avaient été bagués sont morts après avoir mangé des appâts empoisonnés à la strychnine, ce qui a décimé la nouvelle génération de l'espèce dans cette zone. Cependant, de manière mystérieuse, les populations d'aigles ravisseurs et de bateleurs des savanes semblent remonter dans la réserve nationale du Masai Mara alors qu'elle baisse partout ailleurs, tandis que le déclin des populations de vautours s'accélère.

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L'aigle ravisseur est également menacé par la perte de son habitat transformé par les activités humaines, comme l'élevage de bétail et la production de bois de chauffage et de charbon. L'abattage d'arbres déjà peu nombreux dans les zones arides de l'Inde semble être le principal facteur du déclin des populations indiennes. Des infections bactériennes de plus en plus nombreuses semblent également affecter les aigles ravisseurs en Inde. Les populations de rapaces sont dépendantes des pluies saisonnières, qui influencent le développement de leurs proies : le changement climatique, qui modifie le rythme des pluies dans le sud de l'Afrique, a un impact sur la population des proies de l'aigle ravisseur. Il y a une corrélation claire entre la présence de ces pluies et la reproduction des aigles ravisseurs. Le déclin des aigles ravisseurs dû au changement climatique, qui a déjà commencé, impacte d'abord la persistance des populations, puis leur dynamique, puis la composition des communautés biologiques, et enfin, la biodiversité,. Les électrocutions et les collisions avec des pylônes électriques sont une autre menace pour les aigles et les vautours ; de plus, la présence de nids sur les pylônes peut causer des pannes d'électricité importantes,. L'aigle ravisseur peut aussi entrer en collision avec d'autres structures artificielles comme les barrages, ou peut être victime du trafic routier, ou des éoliennes, en particulier en Inde,,. La principale menace pour l'aigle ravisseur et les autres rapaces est la croissance de la population humaine, qui les concurrence pour le territoire et la nourriture.

La clé de la conservation des populations d'aigles ravisseurs est la limitation du réchauffement climatique,,,,, ainsi que l'interdiction des appâts empoisonnés et la limitation de la présence de lignes électriques sur leurs territoires,,.

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Conservation

L'aigle ravisseur occupe toujours un vaste territoire. En Afrique on estime que ce territoire représente 15 millions de km², plus 3,1 millions de km² en Asie. Dans les années 1990, la population mondiale d'aigles ravisseurs était estimée à six chiffres, la population asiatique représentant à elle seule plusieurs centaines de milliers d'individus. Cependant, l'aigle ravisseur est classé espèce vulnérable sur la liste des espèces menacées de l'UICN. En effet, la population actuelle représente moins de la moitié de ce qu'on estimait précédemment : elle est estimée entre 100 000 et 500 000 pour le monde entier. Il y a eu une forte baisse des observations d'aigles ravisseurs dans le sud de l'Afrique entre les projets de recensement SABAP (1987-1991) et SABAP2 (depuis 2007), avec seulement 323 observations dans 1 440 zones d'observation. Les populations d'aigles ravisseurs et d'aigles martiaux ont été soigneusement étudiées dans le centre de la Namibie et un fort déclin des deux a été mis en évidence : pour l'aigle ravisseur, on ne comptait plus que 2 couples contre 19 précédemment. Les aigles ravisseurs, autrefois nombreux dans le parc transfrontalier de Kgalagadi, n'étaient déjà plus que 40 couples dans les années 1990. Des comptages sur le bord des routes au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont indiqué que la majorité des espèces de rapaces est en déclin rapide, mais que les aigles ravisseurs et les serpentaires sont les seuls à encore survivre en-dehors des zones protégées. En Inde, l'aigle ravisseur était autrefois considéré comme l'aigle « le plus commun », mais de forts déclins ont aussi été observés, les études indiquant que le nombre de couples a diminué de moitié dans des endroits comme le Rajasthan. Les vautours étant dépendants des aigles ravisseurs pour localiser les carcasses, la conservation de l'aigle ravisseur en-dehors des zones protégées est vitale pour assurer la survie des vautours.

Références

1. Aigle ravisseur article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Aigle_ravisseur
2. Aigle ravisseur sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/22696033/131671001

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