Cerf élaphe
Royaume
Phylum
Subphylum
Classe
Commande
Sous-commande
Famille
Sous-famille
Genre
ESPÈCES
Cervus elaphus
Taille de la population
Unknown
Durée de vie
20 years
Vitesse de pointe
70
43
km/hmph
km/h mph 
Poids
120-240
264-528
kglbs
kg lbs 
Hauteur
95-130
37.4-51.2
cminch
cm inch 
Longueur
160-250
63-98.4
cminch
cm inch 

Cervus elaphus

Le cerf élaphe (Cervus elaphus) est un grand cervidé des forêts tempérées d'Europe, d'Afrique du Nord, d'Asie occidentale et d'Amérique. Son nom est un pléonasme, car « élaphe » signifie déjà « cerf » en grec.

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Ce cerf est l'un des représentants les plus connus de cette famille de mammifères. L'espèce comprend plusieurs sous-espèces, dont le « cerf de Bactriane », le « cerf du Turkestan », le « cerf rouge du Turkestan » ou encore le « cerf élaphe du Turkestan ».

La femelle est la « biche », le petit est le faon. Ensuite, de 6 mois à 1 an, on l'appelle « hère » s'il s'agit d'un mâle, la femelle conserve le nom de « faon » jusqu'à un an. De 1 an à 2 ans, le jeune mâle est appelé « daguet » avec deux grands bois secs et la femelle « bichette ». Les biches ne portent pas de bois.

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Cr

Crépusculaire

He

Herbivore

Ph

Phyllophage

Gr

Graminivore

Co

Coureur

Te

Terrestre

Pr

Précocial

Br

Brouteur

Te

Territorial

Vi

Vivipare

Po

Polygyne

En

En troupeau

So

Social

Do

Dominant

Mi

Migrateur altudinal

R

commence avec

L'

L'art de la séduction
(collection)

Apparence

La coloration du pelage varie fortement selon les saisons, l'âge et le sexe : d'une teinte brun-roux en été et gris-brun en hiver ; le mâle a généralement un pelage plus sombre que la femelle.

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La mue intervient deux fois par an, aux printemps (avril-mai), alors les cerfs perdent leur pelage épais de l'hiver pour laisser apparaître une nouvelle peau plus fine et plus claire, puis à l'automne (octobre) apparaît un pelage plus épais et plus foncé pour supporter les froids d'hiver.

Une tache jaune clair, appelée « cimier », orne la croupe des deux sexes.

Le faon a, jusqu'à l'âge de quatre mois environ, un pelage brun clair tacheté de blanc que l'on appelle « livrée ».

Exceptionnellement, des cerfs ont un pelage blanc, tels qu'en captivité au parc de Dyrehaven (Danemark), et au moulin de Poyaller (dans les Landes, en France) ou à l'élevage de la belle charme en Haute-Marne (Champagne-Ardenne).

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Vidéo

Distribution

Géographie

Le groupe des « cerfs élaphes » est répandu dans l’hémisphère nord en trois grandes populations séparées, aujourd'hui classées en deux espèces différentes depuis 2004. L'espèce Cervus elaphus, le cerf élaphe proprement dit, est désormais réduite à la population du Paléarctique occidental seulement. Il est présent dans l'essentiel de l'Europe, le nord-ouest de l'Afrique, dans le nord du Moyen-Orient et en Asie centrale jusqu'aux contreforts sud-est du Tian Shan à l'extrême ouest de la Chine. Tandis que Cervus canadensis, le wapiti, rassemble les populations du Paléarctique oriental (Asie tempérée, jusqu'à l'Altaï à l'ouest) et du Néarctique (Amérique du Nord).

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Il a été introduit et est élevé pour sa viande dans certains pays, comme en Nouvelle-Zélande où il est aujourd'hui invasif.

En France, il est aujourd'hui commun ou redevenu commun dans de nombreuses régions. Parmi les nombreux massifs à cerf, citons :

  • la Petite Pierre ( Bas-Rhin), site d'étude de l' Office national de la chasse et de la faune sauvage ;
  • le massif de Châteauvillain- Arc-en-Barrois ( Haute-Marne) ;
  • Chambord (Loir-et-Cher) (réserve de chasse) ;
  • la forêt de Compiègne ( Oise) ;
  • la forêt de Tronçais ( Allier).

Le cerf a parfois été trop chassé ce qui a conduit à sa disparition d'une grande partie de la France, et les populations menacées de certains massifs ont dû être reconstituées par réintroduction de l'espèce (dans la forêt de Paimpont en Bretagne ou de Mormal dans le nord par exemple).

En France, à la suite de la disparition de ses prédateurs naturels et depuis l'instauration des plans de chasse dans les années 1960, la population est en augmentation continue. Ainsi, la population serait passée de 40 000 en 1983 à 100 000 en 1994, 160 000 en 2010 voire plus de 180 000 en 2020. Localement, d'importants dégâts sont constatés sur les jeunes arbres. Toutefois, la capacité maximale des cerfs élaphes en France serait de 700 000 individus.

Il vit surtout dans les grands massifs de la forêt tempérée européenne ainsi que dans les forêts et maquis méditerranéens. Mais dans ces massifs forestiers il affectionne surtout les zones de bois clairs, les parcelles coupées et en régénération, les trouées et clairières avec prairies ou landes et les larges chemins d'exploitation peu fréquentés. Le soir il peut sortir dans les champs et les prairies des lisières s'il y trouve de la tranquillité. Il utilise la forêt dense pour se cacher, notamment la journée. Il est présent aussi dans les forêts de montagne jusqu'à plus de 2 000 m et il fréquente les alpages.

Ses caractéristiques morphologiques et biologiques (animal taillé pour la course, vue et odorat très développés, la taille de ses bois), son régime alimentaire (essentiellement des plantes de lumière qu'il broute) et son comportement (vie en troupeaux pouvant être importants, territorialité en période de rut), indiquent qu'il s'agit plutôt d'un animal de milieu semi-ouvert à ouvert. Mais il s'est réfugié au sein des grands massifs forestiers car il a été chassé des terres agricoles et des prairies pastorales par l'homme depuis des temps très anciens. Il a vécu par exemple en grands troupeaux dans les steppes d'Europe de l'Est, en zones dépourvues de tout boisement, mais il en a aujourd'hui disparu car il était plus facile à trouver et à chasser dans cet habitat. En Écosse, il vit encore actuellement en forte densité dans de vastes landes ouvertes dépourvues de forêt. Dans les Alpes, il séjourne dans les alpages où il peut aller jusqu'à la limite de la végétation à plus 3 000 m d'altitude.

Son territoire vital est estimé en France à entre 1 000 et 5 000 ha (soit 10–50 km2) ; 3 000 ha (30 km2) en moyenne, ce chiffre variant considérablement selon la productivité du milieu. Ces animaux se déplacent parfois sur de longues distances (plusieurs dizaines de kilomètres). La fragmentation forestière peut donc leur nuire, mais elle semble pouvoir être compensée par des écoducs judicieusement placés (au-dessus d'autoroutes ou de TGV par exemple).

En Grèce, le cerf élaphe est en danger critique d'extinction.

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Cerf élaphe carte des habitats
Cerf élaphe carte des habitats
Cerf élaphe
Public Domain Dedication (CC0)

Habitudes et mode de vie

Le cerf est une espèce crépusculaire et nocturne (ou qui l'est devenue en s'adaptant à la pression de chasse, comme elle est probablement devenue forestière tout en étant plus adaptée aux milieux semi-ouverts ou ouverts).

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L'espèce est grégaire. Les femelles (biches) se regroupent en hardes dont le domaine vital est de 2 000 à 5 000 ha. Les mâles vivent avec elles durant la saison des amours (le rut). Un seul mâle peut être accompagné d'une harde qui peut compter jusqu'à soixante biches. La biche est la seule à prendre soin de son faon. Elle ne le quitte que pour aller brouter. La gestation est d'environ huit mois.

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Comportement saisonnier

Régime et nutrition

Le cerf élaphe est un herbivore et un ruminant, mais comme tous les mammifères, il est d'abord nourri, après la naissance du lait de sa mère, dont les teneurs en sels minéraux s'adapteront au poids du faon, jusqu'au sevrage.Au sein de la classe des herbivores, le cerf est dit intermediate feeder, c'est-à-dire qu'il est très sélectif dans son alimentation, tout en s'adaptant toujours à la végétation qu'il a à disposition.

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Au sein des massifs résineux de montagne, le cerf préfère le sapin (Abies alba) à l'épicéa (Picea abies).Au sein des massifs feuillus de plaine, son comportement alimentaire varie selon la saison et les plantes disponibles :

  • de la sortie de l'hiver jusqu'à l'automne, il se nourrit de bois (il mange les bourgeons et les jeunes pousses des arbres et arbustes, sauf les épineux qu'il évite), de graminées, lierre, ronce et autres plantes herbacées dont il consomme parfois les fleurs. Toutefois, les forêts de plaine étant fréquemment entourées de cultures, il va souvent se nourrir de maïs ou de colza et peut alors être directement exposé aux pesticides.

En fin de saison, il consomme également des fruits (pommes, poires).

  • en hiver, il se nourrit de bois, feuilles de ronces, feuilles mortes et de ce qui reste à sa disposition. Son régime varie selon la présence de neige et selon la glandée ou fainée qui se produit sur la forêt.

Un adulte consomme en moyenne de 10 à 15 kg de végétaux frais par jour :

  • 60 % d' herbacées ;
  • 20 % de semi- ligneux ;
  • 10 % de ligneux.

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Habitudes d’accouplement

COMPORTEMENT D’ACCOUPLEMENT

Mâles et femelles vivent séparément de décembre à août et se retrouvent pour une période de fécondation qui s'étend en Europe tempérée du 15 septembre au 15 octobre. Le système reproducteur des mâles et des jeunes biches nées de l'année précédente est en état de quiescence jusqu'au moment du rut où sous l'effet de certaines hormones, le sperme du cerf mâle devient plus abondant et change de composition, ce qui a une importance pour les banques de sperme qui souhaitent conserver des spermatozoïdes d'espèces menacées de cerfs, ou pour l'insémination artificielle de biches d'élevage.

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Le rut, marqué par le cri rauque et retentissant du mâle (le brame) intervient à la fin de l'été ou au début de l'automne, et dure environ un mois, mais on peut encore entendre bramer des cerfs jusqu'à mi-novembre. Le cri du brame tient du rugissement et du mugissement et s'entend à plusieurs kilomètres de distance. C'est aussi le terme désignant le rut chez cette espèce.

Le mâle avertit ainsi les femelles réceptives de sa présence, intimide ses concurrents potentiels et défie les autres mâles qui s'aventureraient sur son territoire. Il devient particulièrement agressif à ce moment-là. En cas de rencontre avec un autre mâle, après une phase d'intimidation, les deux adversaires vont mener un combat très violent durant lequel ils se projettent la tête en avant l'un contre l'autre dans le but de déséquilibrer l'adversaire. Ces combats peuvent conduire à l'abandon ou à des blessures assez graves voire la mort par épuisement des deux cerfs s'ils restent coincés par leurs bois emmêlés : seuls des mâles de puissance et de ramure comparables s'affrontent de la sorte.

Une étude a montré que la testostérone joue un rôle majeur dans le comportement agressif et reproducteur (uniquement en saison du rut) des mâles. Les cerfs mâles expérimentalement castrés perdent leur agressivité ainsi que les comportements typiques des mâles de cette espèce, ce qui les fait descendre en termes de statut social dans le groupe. Si les cerfs castrés reçoivent de la testostérone en décembre, ils retrouvent tous les comportements de rut en quelques semaines, y compris l'agressivité envers les autres mâles. Si la testostérone leur est fournie en avril et juin, elle n'induit pas de comportement immédiat de rut mais l'animal retrouve son niveau d'agressivité sociale, puis en automne le comportement normal de rut, au moment normal du rut.

L'injection de testostérone à des cerfs normaux, quelle que soit la saison, n'induit pas une seconde période d'activité reproductrice, par contre les animaux montrent de nets changements d'agressivité. Ce n'est pas l'odeur de l’œstrus ou la présence des femelles qui rendent les mâles agressifs. Cette agressivité est également constatée chez des mâles élevés en enclos loin des femelles.

Le cycle des bois du cerf est également contrôlé par le niveau de testostérone. Ceci explique que les expériences visant à tester les effets d'injection de testostérone ont aussi eu des effets sur les bois, qui ont eux-mêmes affecté certains comportements. Les effets directs de la testostérone ne sont certains que quand ils se manifestent lorsque le traitement hormonal n'induit pas de changements dans les bois.

Le mâle régnant sur une harde de femelles surveillera de façon intensive les différents individus de la troupe en vue de l'accouplement, car les femelles ne restent sexuellement réceptives qu'une seule journée durant l'année. Lorsque le « maître de harde » a éliminé ses concurrents, polygame, il couvre les 10 à 30 biches de son harem au fur et à mesure de leurs chaleurs. Une biche qui est stérile est appelée « bréhaigne ».

De jeunes mâles opportunistes profitent parfois des combats entre deux mâles plus forts pour saillir discrètement une biche « en chaleur », ce qui contribue à la diversité génétique de la harde.

La temporalité du cycle sexuel et l'œstrus de la femelle sont principalement sous le contrôle d'une hormone majeure, la mélatonine, dont le cycle est contrôlé par la durée du jour (ex. : l'injection de mélatonine à de jeunes biches avance le moment de leur première ovulation). La mélatonine influe elle-même sur le cycle de sécrétion d'une autre hormone, la progestérone. La production de cette hormone, selon les mesures faites dans les échantillons de sang veineux jugulaire de cerfs d'élevage, varie selon le statut de dominance de la femelle, mais non selon son poids corporel, ni selon la taille de l'enclos d'élevage. Mais le taux de progestérone des biches chute (plus que divisé par deux) après de longues périodes de temps chaud et sec. Ces observations faites sur des animaux d'élevages, nourris à satiété, peuvent ne pas différer de ce qui se passe dans la nature.

La production de progestérone et la lutéine jouent un rôle dans le caractère saisonnier du cycle ovarien et les dates de l'œstrus (qui peut être plus tardif chez les biches plus jeunes, avec une saison de reproduction potentielle plus courte que pour les biches adultes. Dans les élevages, le stress des animaux (jeunes notamment) semble pouvoir affecter la puberté et éventuellement provoquer des aberrations du cycle ovarien, et expliquer certains échecs de reproduction. Les dates de fécondabilité peuvent varier selon le génotype (animaux provenant de l'est ou de l'ouest de l'Europe par exemple).

Des expériences utilisant des implants diffusant de la mélatonine montrent qu'on peut ainsi modifier (avancer) les dates d'œstrus et par suite de fécondation et mise bas, mais non sans risque d'élevage plus difficile des jeunes si le climat leur est défavorable.

La gestation du cerf élaphe était réputée durer huit mois, mais des études récentes ont montré que la durée de gestation est en fait très variable, dépendant notamment de divers facteurs environnementaux. Cette variabilité favorise probablement la survie du nouveau-né.

Une hypothèse était qu'il existe néanmoins une synchronisation (hormonale) des œstrus, mais aussi des naissances au sein de chaque troupeau (les biches concevant tôt et tard en saison de reproduction ayant des périodes de gestation respectivement plus longues et plus courtes). Deux études au moins ont porté sur la date de conception et la durée de gestation et ont permis de tester et confirmer cette hypothèse (pour 393 biches ayant naturellement mis bas dans deux troupeaux, pour l'une de ces deux études, et pour 91 biches dont l'œstrus et la conception ont été artificiellement déclenchés dans une plage de quatre semaines durant la période de rut naturel). Ces études ont montré que l'âge des biches gestantes intervenait aussi sur la durée de gestation, mais l'analyse des données soutient l'hypothèse, montrant que pour chaque différence de dix jours de la date de conception il y avait un changement dans la longueur de gestation de 01/09 à 04/09 jours. Les mécanismes physiologiques précis tendant à synchroniser les naissances n'ont pas encore été élucidés. Une possibilité est un effet combiné de la mélatonine (contrôlée par la durée du jour/photopériode) et d'autres interactions hormonales entre individus modifiant l'induction de la parturition, ou un contrôle nutritionnel, lié à l'âge du fœtus aux derniers stades de la grossesse.

L'insémination artificielle avec du sperme congelé est utilisée, avec des résultats mitigés.La fécondation in vitro, et le transfert d'embryon a aussi été utilisé chez le cerf, pour l'élevage, ou éventuellement la sauvegarde d'espèces de cerfs ou de sous-espèces menacées.L'ovulation multiple permet de produire plusieurs embryons.Diverses méthodes (par l'observation, des analyses, ou suivi électronique) de détection de l'œstrus ont été mises au point

De manière générale, les cervidés forment un assemblage complexe de taxons avec une grande diversité morphologique, physiologique, écologique et de répartition géographique ou d'habitats (de la forêt dense à la lande écossaise ouverte). Les données scientifiques disponibles sur la génétique des cervidés sont en partie biaisées par le fait qu'elles ont surtout porté sur les espèces d'intérêt commercial (animaux d'élevages) ou jugées les moins difficiles à élever en enclos (Cervus elaphus scoticus, Cervus elaphus hippelaphus et leurs hybrides ; naturellement les plus grégaires) ; En outre, la littérature scientifique ne semble pas avoir présenté toutes les stratégies de reproduction des cervidés, qui vont de modèles très saisonniers à des naissances complètement a-saisonnières. Les espèces à stratégie K qui produisent un jeune par an durant une dizaine d'années sont de mieux en mieux connues, alors qu'on en sait peu sur les stratégies K d'autres espèces, généralement plus petites, solitaires et souvent très territoriales. Les cervidés réellement adaptés à la forêt sont souvent caractérisés par une forte fécondité (mise bas de deux jeunes) compensée par une durée de vie plus courte (<10 ans). Dans ce groupe figurent de nombreux taxons menacés de cervidés qui seraient donc probablement plus difficiles à élever faute de données sur les facteurs environnementaux influençant la gestation ou le succès de reproduction.

Quelques études ont porté sur l'analyse génétique de populations de cerfs élaphes sauvages (analyses d'ADN), les croisements d'espèces différentes de cerfs (issus de zoos ou d'élevage). Elles apportent notamment des compléments d'information sur les liens entre génomes et les cycles de la reproduction.

D'autres études, comme en Bavière (sud de l'Allemagne) ont montré que l'espèce a en Europe de l'Ouest, comme en Amérique du Nord, connu un goulet d'étranglement génétique à la suite d'une forte réduction de population (au XVIIIe siècle en France, au XIXe siècle en Amérique du Nord) en raison d'une sur-chasse. L'espèce a depuis localement démographiquement récupéré, mais les populations échangent plus difficilement leurs gènes en raison d'une fragmentation nouvelle et croissante des habitats. Ainsi, en Bavière, l'analyse génétique d'échantillons provenant de neuf populations de cerfs et de deux populations adjacentes (Thuringe et République tchèque) a révélé que 91,6 % de ces cerfs bavarois descendent d'un même individu, et les études de corrélation entre les matrices de distance génétique et de distance géographique ne montrent pas de preuve d'isolement par la distance. Des indices de dérive génétique sont nettement présents chez plusieurs sous-populations et la diversité génétique de toutes les populations est faible, ce qui est considéré comme un facteur de vulnérabilité par les généticiens.Des seuils critiques de consanguinité sont déjà dépassés dans certaines populations. Par exemple, un groupe d'une cinquantaine de cerfs du Schleswig-Holstein (Allemagne du nord) présentait un nombre anormal d'individus brachygnathes (Brachygnathie : anomalie morphologiques caractérisée par une mâchoire inférieure trop courte, souvent associée chez les mammifères à une dépression de consanguinité et à un retard de développement). Une analyse génétique a porté sur 18 de ces cerfs. Elle a montré une très faible diversité génétique, comparativement aux individus d'autres populations européennes ou proches dont les cerfs étudiés ont dérivé depuis 130 ans environ). Le noyau « originel » de cette cinquantaine de cerfs a été estimée à sept individus seulement. L'augmentation de la consanguinité correspondait dans ce cas à une perte d'hétérozygotie de 7 % pour chaque génération, valeur sept fois plus élevée que le seuil théorique au-delà duquel la sélection naturelle ne peut plus contrecarrer la fixation des allèles délétères dans le pool génétique. Selon les auteurs de cette étude, cette population a un besoin urgent de gènes neufs provenant d'autres populations pour surmonter les effets négatifs de la dérive aléatoire et de la consanguinité.

Les analyses génétiques faites en Europe montrent que le pool génétique de l'espèce a subi maintes influences anthropogéniques. Le génome de l'espèce porte les traces des effets de l'élevage des animaux en enclos (Les populations vivant en enclos sont loin des valeurs attendues selon le modèle « isolation by distance », mais sans réduction très forte de la diversité génétique), de la chasse sélective qui a favorisé les grands trophées (une corrélation a été trouvée entre certains génotypes d'alloenzymes et la morphologie des ramures, et la chasse sélective a augmenté la fréquence de ces allèles dans la direction attendue), de la translocation de cerfs pour améliorer les trophées, ou de la fragmentation écologique des habitats (dont les impacts sur le pool génétique des cerfs européens restent difficiles à évaluer, faute d'état-zéro et faute d'information sur l'histoire des populations de cervidés.

Des phénomènes d'hybridation, d'introgression génétique et de « pollution génétique » existent aussi : les études génétiques et moléculaires montrent que là où - comme en Écosse, dans le Nord-ouest de l'Angleterre ou en Irlande - des cerfs exotiques (Cerf sika) ont été introduits du Japon, dès 1860 à partir d'individus provenant de la sous-espèce de Kyushu et mis en contact avec les populations autochtones de Cerf élaphe, des croisements ont eu lieu (hybrides signalés dès 1920 en Angleterre), et des translocations ultérieures d'individus ou de petites populations ont encore pu compliquer la génétique des populations. Les origines de la population actuelle du Cerf élaphe en Irlande, d'après les données génétiques disponibles restent « obscures ». Les outils de la biologie moléculaire sont nécessaires pour identifier le degré d'hybridation car les apparences phénotypiques (pelage et les proportions du corps) peuvent être trompeuses. Les zones où les Cerfs élaphes et sika sont sympatriques doivent encore être évaluées pour le niveau et l'ampleur réelle de l'hybridation et le cas échéant gérées pour protéger l'intégrité génétique des populations de cerfs élaphes. La situation est compliquée par le fait que certaines sous-espèces de Sika sont morphologiquement très proches d'hybrides du Cerf sika et du cerf élaphe. De plus, le Cerf sika (dont les individus importés au Royaume-Uni) avait déjà lui-même subi une dérive génétique liée à la fragmentation de ses populations au Japon au XIXe siècle ou avant. Localement, sur des territoires restreints, l'hybridation est très avancée. Par exemple sur la presqu'île écossaise de Kintyre, 43 % des 735 cerfs génétiquement testés étaient des hybrides alors que les deux espèces ne sont en contact que depuis 120 ans, ce qui laisse penser que le taux d'hybridation pourrait fortement augmenter dans les décennies à venir dans toute l'Angleterre là où les deux espèces sont présentes.

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Population

Effectif de la population

À la suite d'une chasse intensive, les populations de grands cervidés avaient fortement régressé en Europe de l'Ouest et du Sud et en Chine dès la fin du Moyen Âge. À la fin du XIXe siècle, le cerf élaphe avait disparu de la plupart des massifs forestiers de l'Europe de l'Ouest.

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Avec l'organisation et la règlementation progressive de la chasse depuis le XIXe siècle (réintroductions, élevages, nourrissage, plans de chasse…) de nombreuses populations se sont localement reconstituées et continuent parfois à augmenter à partir d'individus réintroduits, mais avec un appauvrissement génétique probablement important par rapport au patrimoine génétique des populations préhistoriques.

Le cerf est un des premiers animaux terrestres européens considérés non menacés à avoir fait l'objet d'études ADN (par exemple sur le massif de Saint-Hubert en Belgique), permettant d'assigner avec certitude des mues à une série ou à un trophée, d'apparier les parties d’animal qui auraient fait l'objet de trafic ou braconnage. On a aussi pu démontrer l'existence en Région wallonne de trois sous-populations génétiquement isolées en raison des barrières autoroutières. Un poil ou un morceau de viande crue saisis dans un restaurant ou un véhicule suffisent à déterminer l’espèce, le sexe, et, quand des études antérieures existent (en Région wallonne par exemple), la provenance de l'animal. Une analyse PCR basée sur des amorces oligonucléotidiques ciblant le gène ARNr 12S mitochondrial a été récemment mise au point pour lutter contre les fraudes de viandes ou produits carnés à base de chair de cerf élaphe (Cervus elaphus), daims (Dama dama) et chevreuil (Capreolus capreolus).Dans de nombreux pays, les populations de cerfs qui se sont reconstituées sont de plus en plus isolées par la fragmentation du paysage par les infrastructures (et parfois elles ont été maintenues dans des surfaces encloses), sur des territoires parfois restreints où elles survivent grâce à l'agrainage et parfois en surexploitant les sous-bois.

Dix-huit cerfs parmi cinquante issus d’une population du nord de l’Allemagne ont fait l'objet d'une analyse génétique. Cette population était supposée écologiquement isolée des autres populations par des infrastructures routières depuis 30 à 40 ans, et de nombreux cerfs dans ce groupe sont affectés d'une malformation génétique rendant leur mâchoire inférieure plus courte d’environ 5 cm par rapport à la supérieure. L'analyse génétique a confirmé la perte de diversité génétique du groupe, avec une perte d’hétérozygotie d'environ 7 % à chaque génération. C'est sept fois plus que dans la population voisine d'où elle est originaire, et cela rend ce type de population d'autant plus vulnérables aux anomalies génétiques qu'en l'absence de grands prédateurs, les animaux sont moins mobiles, plus sensibles aux parasites et échappent aux processus de sélection naturelle.

Si la chasse a un temps failli faire disparaître les cerfs d'Europe et Asie, les réintroductions, l'agrainage, les apports en sel et les « plans de tir » mis en place au XXe siècle ont en Europe donné des résultats qui ont dépassé les espérances des acteurs qui ont lancé les dynamiques de gestion restauratoire de population de grands et petits cervidés.

Comme les sangliers et les chevreuils bénéficiant outre d'hivers plus doux, de compléments d'alimentation qui leur sont offerts en forêt (agrainage, cultures cynégétiques), les populations de cerfs tendent à atteindre des « records » populationnels dans plusieurs pays de l'Union européenne. Outre des dégâts sylvicoles on peut craindre, en raison de l'isolement de la plupart des populations, et en l'absence de sélection par leurs prédateurs naturels carnivores (qui ont presque disparu), des problèmes éco-épidémiologiques avec diffusion de maladies favorisées par la promiscuité et l'absence de pression sélective par prédation naturelle, voire des impacts sur l'homme avec par exemple la diffusion de maladies à tiques, dont la maladie de Lyme et les pullulations de tiques ou peut-être des maladies telles que la CWD.

On suppose qu'une densité trop élevée de cerf par massif ou par territoire devient - au-delà d'un certain seuil - un facteur de stress pour les cerfs eux-mêmes. On note dans les élevages, que les mâles en particulier se montrent plus agressifs entre eux, et un peu différemment (de manière moins sélective) de ce qui se passe dans la nature concernant le système de dominance,, lorsqu'ils sont confinés sur de petites surfaces. De plus, de manière générale, au moment du rut, les cerfs mâles dépensent beaucoup d'énergie, ce qui se traduit par une perte importante de poids et ils peuvent être affaiblis par leurs blessures lors des combats.Des éthologues se sont demandé si la présence d'abris légers (naturels ou artificiels) sur leur territoire pourrait modifier leur comportement face à divers facteurs de stress. Une étude a ainsi observé les réponses comportementales de huit groupes de cinq jeunes cerfs (groupes mixtes de mâles et femelles) à diverses perturbations (stimuli visuels (escalade d'une clôture) et sonores ; ici diffusion de musique forte) sur un territoire avec ou sans abris (abris légers de type windcloth en trois sections de 4 × 1,5 m). Dans cette expérience, la présence d'abris artificiels n'a pas eu d'incidence sur la position des sujets, ni sur la fréquence ou la durée des activités observées des cerfs (comportement agressif, pâturage, comportement d'alerte). Cependant, les réponses à deux types de perturbations ont été modifiées ; les cerfs étaient plus alertes lors de présentations d'un stimulus visuel et des taux plus élevés d'agression étaient notés ensuite. En revanche, le bruit (musique) conduisait à plus d'agressivité au moment du stimulus et à un niveau d'alerte plus élevé des cerfs après le stimulus. Selon les auteurs, ces deux types de perturbations (escalade des clôtures ou musique forte) n'ont pas semblé provoquer de changements durables de comportement.

L'impact comportemental de la taille des enclos d'élevage a aussi été étudié. Par exemple, quatre groupes de dix cerfs issus d'élevage, âgés de 2 ans, ont été temporairement confinés (de 40 min à 2 jours) dans des enclos de 5 × 4 m ou dans des enclos deux fois plus petits (2,5 × 4 m), au printemps et en été. Dans les petits enclos, les marches lentes le long des grillages et des mouvements de tête verticaux et horizontaux ont été plus fréquents (p <0,05) et ont été pratiqués par un pourcentage plus élevé des cerfs (P <0,01), et les distances entre individus étaient plus petits que dans les grands enclos. L'agressivité a varié selon les saisons : les coups de tête et poursuites étaient plus fréquentes au printemps et les morsures et coups de pied plus fréquents en été, mais avec une agressivité globalement moins fréquente en été. Au printemps, dans les petits enclos, il y avait moins de menaces par coup de tête, moins de coups de tête donnés par des animaux en mouvement, et moins d'activité de marche que dans de grands enclos. En été, dans les petits enclos, il y avait plus de menaces envers les arrière-trains et plus d'activité de marche que dans les enclos de grande taille. En été comme au printemps, l'agressivité des cerfs était corrélée à l'activité de marche le long des clôtures.Ceci laisse penser qu'on peut minimiser l'agression interindividuelle en plaçant les cerfs d'élevage dans des enclos plutôt petits au printemps et plus grands en été. mais l'observation des distances inter-individuelles et des mouvements de tête montrent que quelle que soit la saison, les grands enclos sont préférés par les cerfs.

Les populations de cervidés (et d'autres ongulés sauvages) « peuvent avoir un rôle important dans le maintien de populations de tiques, et aussi en tant que réservoirs de germes pathogènes ». À titre d'exemple, on a trouvé en Espagne dix espèces différentes de tique parasitant le cerf élaphe (dont principalement Hyalomma marginatum (63,7 %), Rhipicephalus annulatus (en) (7,9 %) et Rhipicephalus bursa (de) (7,5 %), avec des prévalences géographiques très variables. Et en moyenne, les cerfs portaient près de quatorze tiques par individu, soit à peu près autant que les sangliers (13,6 par sanglier), mais, bien que partageant les mêmes territoires, seules cinq des treize espèces de tiques ixodidées trouvées parasitaient à la fois le cerf et le sanglier, ce qui laisse penser que les tiques ont des préférences en matière d'hôtes.

Le cerf élaphe est par ailleurs naturellement sensible à certaines maladies dont :

  • toxoplasmose, par exemple détectée chez 15,6 % de 441 cerfs élaphes testés en Espagne, sans différence de séroprévalence selon le sexe, l'âge ou la gestion des domaines de chasse (ouvert ou clôturé). C'est en Espagne la plus forte séroprévalence enregistrée chez les ruminants sauvages pour T. gondii (qui était de 24 % pour 79 daims ( Dama dama), 21,8 % chez 33 chevreuils ( Capreolus capreolus), 33,3 % pour trois bouquetins espagnols ( Capra pyrenaica), 20 % de dix chamois ( Rupicapra pyrenaica), 10 % de dix mouflons ( Ammotragus lervia), et 14,8 % de 27 mouflons ( Ovis ammon), ce qui suggère que la consommation de viande de cerf mal cuite, tout comme la manipulation des viandes et carcasses de gibier sauvage, devrait être considérée comme facteur de risque d'infection pour les humains) ;
  • babésiose ;
  • paratuberculose : les faons ou cerfs adultes semblent développer peu de symptômes cliniques face à la paratuberculose, mais sont infectés par l'inoculation par la bouche d'une forte dose de microbes ;
  • CWD : on note aux États-Unis l'apparition récente d'une maladie émergente ; Encéphalopathie mortelle à prions, proche de la maladie de la vache folle, dite CWD, qui a pris une extension rapide dans les années 1990.

Les cerfs, bien moins que les animaux carnivores, peuvent aussi être exposés à une bioaccumulation de métaux lourds pouvant affecter leur santé. Une étude a porté sur des cerfs de la vallée d'Alcudia (es) et de la Sierra Madrona (es) (sud de l'Espagne) exploitée pour les métaux (mines) il y a plus de 2 100 ans par les Romains puis périodiquement et au XXe siècle jusqu'à la fin des années 1900. Chez 168 cerfs élaphes et 58 sangliers, des analyses de plomb, zinc, cuivre, cadmium, arsenic et sélénium ont été faites sur des échantillons de foie et d'os (métacarpe). La peroxydation lipidique, le glutathion total, le glutathion oxydase (GSH), la superoxyde dismutase (SOD), le glutathion peroxydase (GPX) et composition en acides gras ont aussi été étudiés dans les foies des cerfs. Les teneurs des foies et os de cerf et sanglier étaient effectivement plus élevés dans le secteur minier que dans la zone de contrôle. Les sangliers en accumulaient plus que le cerf ; toujours sous le seuil associé aux signes extérieurs du saturnisme animal, mais avec un métabolisme très affecté, avec par exemple 39 % de GSH total en moins que dans la zone de contrôle. Le taux d'acide docosahexaénoïque des foies de cerf élaphe de la région minière était de 16 % inférieur à celui de la zone de contrôle. Ceci est aussi attribuable aux taux de Cu, Cd et Se également plus élevés dans les foies des cerfs élaphes de la zone minière que dans la zone témoin. Il a été proposé en Écosse de remplacer les balles de plomb par des balles alternatives moins toxiques lors des battues au cerf, pour limiter les risques de saturnisme induit par les munitions en plomb.

Ces métaux ou d'autres toxiques, ainsi que le stress pourraient rendre les cerfs touchés plus sensibles aux maladies en zones de surdensité, à cause de la conjonction d'une baisse d'immunité avec la promiscuité, à quoi se surajoute l'impossibilité fréquente de changer de territoire (car leur environnement est morcelé et manque de corridors biologiques et d'écoducs adaptés aux grands mammifères herbivores). Les zones de forte densité de cervidés correspondent d'ailleurs souvent à des zones de pullulation de tiques, acariens piqueurs-suceurs connus comme vecteurs de nombreuses maladies (dont des zoonoses). (Tuberculose, babésiose (maladie à laquelle le cerf Sika semble mieux résister que le cerf élaphe), souvent transmise en Europe par la tique Ixodes ricinus qui semble en extension).

De même, on a montré (2007) avec les Wapitis de Yellowstone que l'agrainage a aussi des effets négatifs : attirer un nombre important d'individus au même endroit, notamment en hiver, est aussi un facteur exacerbant la transmission de parasites, dont via les excréments qui contaminent la nourriture, ou en favorisant la promiscuité d'individus sains avec d'autres malades et contagieux. L'offre en pierre à sel semble utile dans un environnement fermé où des carences sont possibles, d'autant que les cervidés semblent capables de consommer les sels selon leurs besoins, mais cette offre en sels, comme en aliments appétents ou d'autres techniques (clôtures…) visant à fixer les cerfs localement dans un massif ou un territoire de chasse peuvent avoir des effets de consanguinité et sur la santé des cerfs eux-mêmes, mais aussi sur des animaux de fermes proches ou pour l'Homme quand les maladies sont des zoonoses.

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Références

1. Cerf élaphe article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Cerf_%C3%A9laphe
2. Cerf élaphe sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - http://www.iucnredlist.org/details/55997072/0

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