Avocette élégante
Royaume
Phylum
Classe
Commande
Genre
ESPÈCES
Recurvirostra avosetta

Recurvirostra avosetta

L'Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) est une espèce d'oiseaux de la famille des Recurvirostridae, la seule espèce du genre Recurvirostra vivant en Europe.

Montrer plus

Limicole caractéristique des lagunes et marais côtiers, elle se reconnaît aisément avec son long bec recourbé vers le haut, ses grandes pattes et son plumage bicolore. Pouvant mesurer 40 centimètres de longueur et 70 centimètres d'envergure, c'est une espèce d'assez grande taille, qui se nourrit de divers invertébrés présents dans l'eau et la vase, qu'elle capture grâce à son bec caractéristique. Elle niche le plus souvent en colonie de 10 à 70 couples sur des îlots ou des digues à proximité immédiate de l'eau et pond généralement quatre œufs au sol, dans une coupelle simple creusée dans le sable. Très territoriale lorsqu'elle défend ses poussins, que ce soit contre d'autres individus de la même espèce ou contre ses prédateurs — divers rapaces, corvidés et mammifères —, l'avocette a une longévité d'environ 20 ans (record à 27 ans).

L'espèce couvre un vaste territoire, de l'Europe occidentale aux plaines du centre de l'Asie, en passant par la péninsule indienne et l'Afrique. Une partie de sa population est migratrice et effectue chaque année de longs voyages vers le sud de son aire de répartition, tandis qu'une autre partie est sédentaire. En France, l'espèce est présente sur le littoral de la Manche, sur la côte atlantique et en Méditerranée et reçoit en hiver le renfort de populations plus nordiques, tandis que certains individus hivernent en Europe du Sud ou en Afrique.

Décrite par Carl von Linné en 1758, l'avocette est l'une des quatre représentantes de son genre, les trois autres espèces occupant des continents différents. Considérée comme préoccupation mineure (LC) par l'UICN en raison de sa large répartition et de ses effectifs relativement importants, elle n'en est pas moins menacée par de nombreux facteurs anthropiques, tels que la destruction de son habitat, le réchauffement climatique ou la pollution. De nombreux programmes scientifiques tentent de mieux comprendre sa biologie, en particulier ses voies migratoires, pour mieux la protéger.

Montrer moins

Origine du nom de l'animal

Le mot avocette est issu de l'ancien italien avosetta et est déjà attesté au XVIIe siècle. Le terme avosetta est d'origine inconnue. En français, le nom avocette est issu d'une erreur de lecture de Brisson en 1760 qui, dans son ouvrage Ornithologie bilingue latin-français, remplace accidentellement le s par un c. Cette orthographe est par la suite retenue par Buffon puis est généralisée dans les autres langues.

Montrer plus

Le nom latin Recurvirostra avosetta est issu, pour le nom de genre, du mot latin recurvus qui signifie « recourbé » et du mot rostrum qui signifie « bec ».

Montrer moins

Apparence

Les adultes ont un plumage bigarré de noir et blanc, avec une capuche noire se prolongeant à l'arrière du cou. Les rémiges primaires sont noires, la base des internes est blanche, tandis que les rémiges cubitales sont gris foncé. Les rectrices médianes sont gris brun pâle et les autres sont blanches. L'espèce ne présente pas de variation saisonnière de plumage. La queue est blanche et les pattes bleutées. Le bec long est noir, fin et incurvé vers le haut.

Montrer plus

Le dimorphisme sexuel, difficilement perceptible sur le terrain, se fait principalement au niveau du bec, qui est plus long et moins arqué chez le mâle, tandis qu'il est plus court et plus nettement arqué chez la femelle. Chez cette dernière, les motifs noirs sur la tête peuvent occasionnellement être plus bruns et flous que chez le mâle. Il y a également une différence de taille, les mâles étant plus grands que les femelles. Enfin, les mâles présentent un iris rouge ou brun rouge, tandis que les femelles ont un iris brun noisette.

En vol, la pointe des ailes et les épaules sont noires et les pattes dépassent de la queue.

Les poussins sont couverts d'un duvet gris brun pâle, finement pointillé de noir, avec des dessins noirs sur la tête, quatre rangées de taches noires sur le dos et le dessous blanc, teinté de jaunâtre au cou et au ventre. L'iris est brun foncé.

Les juvéniles ont des couvertures alaires gris sale, les plumes du dos et des scapulaires vermiculées de brun-roux et des pattes grisâtres. À partir du premier été, les rémiges primaires des jeunes apparaissent très usées et brunâtres. Après la première mue qui a lieu au plus tard à la fin septembre, les individus sont semblables aux adultes.

Deux mues ont lieu : une mue partielle en février - mars, avant la reproduction, et une mue complète après la reproduction, entre les mois de juillet et d'octobre.

L'Avocette élégante est un oiseau mesurant entre 42 et 46 centimètres de longueur, pour une envergure allant de 67 à 77 centimètres, voire 80 centimètres. L'aile du mâle adulte mesure entre 22 et 23,8 centimètres, tandis que celle de la femelle mesure entre 21,9 et 24 centimètres.

Son bec mesure entre 8,2 et 9,1 centimètres chez le mâle et est légèrement plus court chez la femelle, entre 7,2 et 8,5 centimètres. Ses pattes dépassent les 10 centimètres, pour un tarse de 8,5 à 9,4 centimètres chez le mâle et de 7,5 à 9,2 centimètres pour la femelle,. Sa queue mesure entre 8 et 9 centimètres chez le mâle adulte et entre 7,8 et 8,7 centimètres chez la femelle adulte.

Son poids varie de 267 à 382 grammes, pour une moyenne de 325 grammes.

Montrer moins

Vidéo

Distribution

Géographie

L'espèce fréquente les milieux côtiers. En hiver, elle se retrouve principalement en groupe dans des zones de substrats meubles, telles que les baies salées ou saumâtres, sur des bancs de sable, des estuaires, des lagunes, des deltas, ou des vasières intertidales, qui lui servent de zones de repos et d'alimentation,. Lors des marées hautes, elle peut rester dans les zones en eau ou se regrouper sur des prés-salés ou des prés à Spartine maritime (Spartina maritima). Elle peut également se rencontrer dans des lacs peu profonds, des étangs ou des marais salants ou encore dans des zones inondables diverses. Elle se rencontre rarement sur les lacs intérieurs et les rivières et il lui arrive parfois de se nourrir sur des terres agricoles,.

Montrer plus

En période de reproduction, l'espèce fréquente différents milieux. Sur la région méditerranéenne, les zones sont les mêmes qu'en période internuptiale. Sur la façade océanique, elle fréquente des milieux humides, naturels ou non, présentant une végétation clairsemée avec des poches d'eau peu profonde constellées d'îlots de boue, de sable ou d'argile, ou encore de digues à sansouires, tels que des marécages, des lagunes ou des estuaires. Lorsque l'espèce s'installe sur des îlots, ils sont préférentiellement allongés et de petite taille, environ 3 à 15 mètres de long sur 3 à 4 mètres de large, permettant aux individus d'avoir une vue permanente sur l'eau à proximité du nid.

Localement, l'habitat fréquenté peut varier et l'espèce peut aussi occuper des zones d'aménagements portuaires, par exemple en baie de Somme, ou encore des anciens polders ou des bassins de décantation de sucreries, notamment dans le Nord de la France, à l'intérieur des terres. L'espèce a également été observée nicheuse en bordure de mares de huttes de chasse. L'espèce peut se rencontrer en période de reproduction jusqu'à 1 000 mètres d'altitude sur les hauts plateaux d'Anatolie.Les caractéristiques les plus importantes des habitats liés à la reproduction correspondent à des milieux dans lesquels le niveau d'eau diminue progressivement au cours de la saison de reproduction, libérant de nouvelles zones d'alimentation, ainsi que des concentrations élevées en sel pour empêcher le développement trop important de la végétation.

L'European Union Nature Information System (EUNIS) recense plusieurs milieux dans lesquels l'espèce est présente, à savoir les lagunes littorales saumâtres, les lagunes littorales salées et les estuaires.

L'Avocette élégante est une espèce tourano-méditerranéenne ; c'est-à-dire qu'elle se rencontre dans le Paléartique. Sa répartition couvre de manière morcelée les rivages européens, du sud de la Scandinavie et des pays baltes (par exemple en Estonie depuis 1964) à la péninsule Ibérique, ainsi que les bords de la Méditerranée, de la mer Noire et les plaines d'Europe de l'Est (Ukraine méridionale, Bulgarie, Roumanie, Hongrie),. Les populations européennes les plus importantes se trouvent aux Pays-Bas, en Allemagne, au Danemark, en Espagne (sud du pays et delta de l'Èbre notamment), en Italie (delta du Pô et Sardaigne), en France et en Russie. L'espèce est aussi présente sur les côtes du sud de l'Angleterre (environ 150 couples en 1979), région dans laquelle l'espèce avait disparu au milieu du XIXe siècle avant de revenir nicher en 1947 dans le Suffolk, dans la réserve naturelle de Minsmere.

En Asie, sa population s'étend de la Turquie (Anatolie) au nord de la Mongolie et jusqu'au nord de la Chine et au sud de l'Extrême-Orient russe, en passant par le Kazakhstan et les pays du Moyen-Orient (Iran, Irak, Jordanie). Plus au sud, l'espèce est présente de façon plus morcelée dans les pays du Golfe, ainsi qu'au Pakistan et dans la péninsule indienne.

En Afrique, l'espèce se rencontre sur les rivages de la mer Méditerranée en Afrique du Nord, sur le rivage de la mer Rouge et de l'Océan Atlantique, jusqu'au Sénégal et au nord de la Guinée et couvre une partie du Sahel. Elle est largement présente en Afrique de l'Est et dans le sud du continent,.

L'espèce est considérée comme migratrice pour ses populations européennes les plus nordiques (des Pays-Bas à la Scandinavie) et pour celles de l'est, en Asie. L'hivernage des populations ouest-européennes a lieu en Afrique de l'Ouest (Sénégal, Gambie, Niger), ainsi que dans les pays méditerranéens, notamment en Espagne et au Portugal (un tiers de la population migratrice européenne), tandis que les individus d'Europe de l'Est hivernent entre le Niger, le Tchad, le Soudan et la mer Rouge. Occasionnellement, des individus ont été observés hivernant du Danemark aux Pays-Bas et de l'Angleterre à l'Irlande.Les populations asiatiques hivernent soit en Afrique de l'Est, soit dans le sous-continent indien. Les populations migratrices se déplacent d'août à octobre par groupes lâches de cinq à trente individus vers leurs lieux d'hivernage et reviennent sur leurs zones de reproduction entre le mois de mars et le mois de mai.

Les populations méditerranéennes, une partie des populations africaines et celles des pays du Golfe sont considérées comme sédentaires,, même si certains individus camarguais ont été retrouvés hivernants au Maroc et en Tunisie.

En migration, l'espèce peut occasionnellement effectuer des vols transalpins (observation en Engadine), mais reste rare à l'intérieur du continent hors de ses zones de reproduction.Quelques individus ont été observés jusqu'aux îles Féroé au nord et aux Açores et aux îles Canaries à l'ouest.

Montrer moins

Habitudes et mode de vie

Au repos, l'espèce se tient volontiers sur une seule patte comme beaucoup de limicoles. Elle peut également se poser sur ses tarses, et même se coucher à terre, en particulier lorsqu'il y a du vent. Lors des périodes de marée haute, des groupes de centaines, voire de milliers d'individus, peuvent se regrouper sur des îlots ou des berges. Elle peut aussi dormir en pleine eau, se laissant flotter. Les vols groupés sont courants.L'espèce est particulièrement grégaire, en dehors de la période de reproduction, en partie en raison du peu de sites d'alimentation disponibles localement.

Montrer plus

Le cri de contact et le cri d'alarme de l'espèce, notamment émis par les adultes lors d'un danger affectant les poussins, correspond à un sifflement flûté, quelquefois plaintif, s'apparentant à un plut-plut-plutt ou encore à un klup-klup-klup. Paul Géroudet indique également des kvit-kvit-kvit lorsque les oiseaux sont excités, voire des krit-krit ou des kvèt. Lors du passage de prédateurs près des poussins, l'avocette peut aussi émettre des kriyu. Enfin, elle peut aussi produire des buk-buk doux lors de l'élevage des jeunes ou des glouglou... grrugrrugrru avec son partenaire lors de la période de reproduction.

Montrer moins
Comportement saisonnier
Appel d'oiseau

Régime et nutrition

L'Avocette élégante se nourrit principalement de petits invertébrés benthiques, tels que des annélides, de petits crustacés, par exemple du genre Corophium, des vers oligochètes et polychètes (comme Hediste diversicolor ou des espèces du genre Polydora), des mollusques bivalves,, ainsi que de petits insectes (moucherons, coléoptères) mesurant entre 4 et 15 millimètres de longueur,,. Les besoins alimentaires de l'espèce sont évalués à 150 grammes en moyenne par jour par individu.

Montrer plus

Les larves de chironomes constituent une ressource majeure de nourriture lors de la période de reproduction, mais également lors de l'hivernage dans les marais salants.

Elle peut également se nourrir occasionnellement de petits poissons, ainsi que de graines et de petites racines,.

Elle utilise son bec pour fouiller la surface du sédiment, dans lequel elle donne des coups de bec latéraux pour trouver ses proies, mais peut également les capturer à vue,. Lors des périodes d'alimentation en groupe, les coups de becs latéraux sont plus rapides et sabrent de manière presque continue.Les adultes s'alimentent dans des couches d'eau d'une profondeur de 4 à 10 centimètres. Il lui arrive également de se nourrir en picorant sur les plages et elle peut nager dans des eaux plus profondes et basculer sa tête dans l'eau à la recherche de nourriture à la manière d'un canard. D'autres techniques de chasse sont recensées, par exemple, en groupe, l'avocette peut, le cou tendu, lancer en avant son bec à la surface de la vase puis revenir en arrière pour cueillir ses proies et répéter ce mouvement.

Localement, l'espèce peut superposer son mode de vie circadien à celui des marées et se nourrir de nuit dans les marais salants, par exemple dans la presqu'île guérandaise.

Montrer moins

Habitudes d’accouplement

Les poussins sont nidifuges et quittent leur nid dès l'éclosion du dernier œuf. Chaque poussin reste au moins cinq heures dans son nid après l'éclosion. Dans les heures qui suivent leur naissance, leur comportement présente une alternance entre des phases lors desquelles ils se blottissent sous leurs parents et d'autres dans lesquelles ils explorent les alentours du nid. 72 heures après l'éclosion du premier poussin, la famille s'éloigne du nid vers les zones de ressources alimentaires les plus proches.

Montrer plus

Le mâle et la femelle participent à l'élevage des poussins en les protégeant contre les prédateurs et les intempéries. Lors de l'élevage des poussins, l'espèce est très territoriale et défend son territoire d'alimentation et celui de sa descendance contre tout autre oiseau, de la même espèce ou non, s'en approchant. Plusieurs manèges de diversion de la part des adultes existent pour tenter de détourner l'attention des poussins, notamment faire semblant d'avoir l'aile cassée ou attaquer l'intrus en lui rasant la tête et en alarmant. Lors d'un danger, les poussins se couchent au sol, se cachent dans la salicorne ou prennent la fuite, courant sur les vasières ou nageant dans les zones en eaux.

Chaque famille d'avocettes possède son territoire d'élevage, stable dans le temps et d'une taille proportionnelle au nombre de poussins, pouvant varier entre 260 et 5 200 m2. Les deux facteurs responsables de cette stabilité correspondent aux disponibilités en ressources alimentaires et en surface d'élevage. L'étalement des éclosions au cours du temps et l'asynchronisme de la reproduction de l'espèce pourrait être une bonne stratégie d'occupation des vasières.

Les poussins se nourrissent dans des vasières hors d'eau ou dans des tranches d'eau ne dépassant pas les 1,5 centimètre de profondeur. Les jeunes oiseaux et les adultes ne se nourrissent donc pas dans les mêmes zones et les poussins peuvent parcourir des distances importantes à un très jeune âge, parfois en quelques heures seulement.

Les poussins sont volants et indépendants entre 35 et 42 jours après leur éclosion. Exceptionnellement, des poussins peuvent être élevés par d'autres espèces d'oiseaux, mais cela reste rarissime. Ce phénomène a déjà été observé avec des huîtriers pies (Haematopus ostralegus) en baie de Somme, dans le Marquenterre, en 1981, où des adultes ont nourri un poussin d'avocette pendant deux mois. Ce dernier s'est montré agressif envers les autres avocettes et lors d'attaques de ces dernières s'est réfugié près de ses parents adoptifs, qui l'ont défendu. L'individu a adopté le comportement de ses parents adoptifs en tentant de forer le sol à la recherche de ressources alimentaires, malgré la morphologie de son bec.

Le succès reproducteur varie fortement d'une année sur l'autre et entre les sites de reproduction. La productivité est généralement comprise entre 0,49 et 0,52 jeune par couple sur le littoral de l'Atlantique et de la Manche,. En Méditerranée, la productivité varie entre 0,45 et 0,63 jeune par couple dans les colonies languedociennes et entre 0,04 et 0,22 jeune par couple en Camargue.

La maturité sexuelle chez les avocettes varie selon les populations. 25 % des oiseaux se reproduisent dès la première année et 40 % dès la seconde pour la population française, tandis que la maturité sexuelle n'est atteinte qu'à partir de deux à cinq ans pour les individus de la mer du Nord,. Géroudet donne une maturité sexuelle pour des oiseaux ayant entre 2 et 3 ans en règle générale.

La mortalité est évaluée entre 50 et 60 % la première année de vie des individus puis elle est de 20 à 30 % les années suivantes.

La longévité maximale observée sur un oiseau sauvage bagué est de 27 ans, avec un autre oiseau observé près de 25 ans après son baguage, tandis que l'espèce vit généralement 12 ans.

Les deux principales causes d'échec lors de la reproduction résultent de conflits intraspécifiques, et de prédation des nids et des poussins par d'autres espèces.

Les espèces connues pour être des prédateurs de l'Avocette élégante sont les corvidés, en particulier la Corneille noire (Corvus corone) et la Pie bavarde (Pica pica), les laridés, dont le Goéland argenté (Larus argentatus) en Atlantique et le Goéland leucophée (Larus michahellis) en Méditerranée et les rapaces, en particulier le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) qui s'attaque aux poussins,. Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) ne s'attaque qu'aux adultes. Le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) peut aussi s'attaquer aux poussins, tout comme la Cigogne blanche (Ciconia ciconia). Chez les mammifères, plusieurs espèces peuvent aussi causer l'échec de la reproduction chez l'espèce, notamment le Renard roux (Vulpes vulpes), possiblement le Sanglier d'Europe (Sus scrofa), les mustélidés, le Rat surmulot (Rattus norvegicus) et les chiens errants,. L'augmentation de certaines populations de laridés peut mener à la dislocation des colonies.

Les nids peuvent également être détruits par submersion. En outre, le bétail peut se révéler néfaste pour l'espèce avec un risque de piétinement des nids.

La reproduction peut également être mise en péril lorsque la qualité de l'eau n'est pas suffisante pour assurer des ressources alimentaires adéquates ou lorsqu'elle n'est pas assez salée pour abriter des invertébrés benthiques, mais également lorsque la salinité de l'eau est trop forte, raréfiant les ressources alimentaires disponibles.

La compétition spatiale avec d'autres espèces de laro-limicoles peut également poser problème lors de la reproduction, notamment la trop grande proximité avec des colonies de Mouettes rieuses (Larus ridibundus). D'autres espèces de laro-limicoles rentrent en compétition spatiale avec l'avocette lors de la période de reproduction, notamment la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus), le Goéland argenté (Larus argentatus), la Sterne hansel (Gelochelidon nilotica), la Sterne caugek (Thalasseus sandvicensis), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) et la Sterne naine (Sternula albifrons),.

De plus, les grands déplacements effectués par les poussins lors de leur recherche de nourriture les contraignent à se cantonner à des zones différentes de celles dans lesquelles ils sont nés et qui ont été fréquentées par leurs parents, pouvant accentuer le risque de mortalité,. Enfin, de mauvaises conditions météorologiques peuvent être néfastes lorsque les poussins sont âgés de deux à trois semaines et qu'ils ne peuvent plus s'abriter sous leurs parents.

Montrer moins

Population

Menaces démographiques

Différentes menaces, la plupart d'origine anthropiques, pèsent sur l'Avocette élégante. La population européenne est relativement réduite et localisée à un nombre de sites très restreint, plus particulièrement en hiver. On note, en outre, que plusieurs sites majeurs d'hivernage sont situés à proximité de sites portuaires pétroliers. Le risque pétrochimique est donc important pour l'espèce, comme en témoigne la collision entre deux navires butaniers en janvier 2006 dans l’estuaire de la Loire. On peut ajouter le risque de marée noire, avec l'exemple de la catastrophe écologique de l'Erika, qui a entraîné une chute des effectifs hivernants français en 1999-2000.

Montrer plus

Le changement climatique a un effet non négligeable sur le succès reproducteur de l'espèce et a également des répercussions sur son habitat littoral.

La perte d'habitat, en particulier via l'urbanisation littorale de plus en plus importante, constitue également un problème majeur,. La dégradation et la destruction des zones humides côtières, essentielles à sa reproduction, entraîne un dérangement plus fréquent des oiseaux et affecte leur reproduction, mais aussi leur repos et leur alimentation en restreignant les surfaces d'alimentation, que ce soit pour les poussins ou en période d'hivernage.

L'intensification des pratiques agricoles entraîne un assèchement important de certains marécages, par exemple 40 000 hectares de prairies humides ont été détruites dans le Marais poitevin. Une mauvaise gestion hydraulique, avec des variations trop importantes des niveaux d'eau, peut se révéler désastreuse pour les colonies, comme cela peut être le cas en baie de Somme,. On peut en outre citer l'abandon des pratiques traditionnelles dans les marais salants et l'abandon de parcelles exploitées qui modifient l'habitat caractéristique de l'espèce et les cortèges végétaux, défavorables pour les colonies.

D'autres exemples d'urbanisation plus spécifiques peuvent être cités, notamment la mise en place d'aménagements portuaires, par exemple en France dans l'estuaire de la Seine ou dans l'estuaire de la Loire. Dans ce dernier, les étendues de vasières ont diminué de 25 % en 20 ans seulement. Au Portugal ou en mer Jaune, l'urbanisation à outrance pose également problème. L'espèce peut aussi être affectée par la réduction des débits des fleuves dans certaines zones, par exemple en Chine.

La pollution est nocive pour l'Avocette élégante. Parmi les polluants incriminés, en Europe on peut citer les PCB, les insecticides, le plomb, le mercure ou encore le sélénium,. Ils sont retrouvés dans la composition des œufs et dans l'organisme des oiseaux.

Localement, la chasse ou encore la démoustication peuvent aussi entraîner des dérangements chez l'espèce et la destruction ou la perturbation de biotopes favorables On peut citer que l'espèce est sensible à plusieurs maladies, telles que le botulisme aviaire, et la grippe aviaire.

Enfin, l'espèce peut occasionnellement être affectée par la capture d'œufs pour alimenter des collections privées.

Montrer moins

Effectif de la population

En raison de son aire de répartition mondiale très étendue (supérieure à 20 000 km2) et de la taille de sa population globale, l'espèce n'est pas considérée comme menacée et est classée en préoccupation mineure (LC) depuis 2004 par l'UICN. En Europe, le statut de conservation de l'espèce est jugé favorable. En France, l'espèce est également classée en préoccupation mineure (LC) en tant qu'espèce nicheuse et espèce hivernante. En tant qu'espèce de passage, l'espèce est classée en non applicable (NA), en raison du manque de données disponibles.

Montrer plus

L'espèce est considérée comme vulnérable (VU) en tant que nicheuse sur la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur, quasi-menacée (NT) sur la liste rouge des oiseaux nicheurs du Languedoc-Roussillon, vulnérable (VU) sur la liste rouge des oiseaux nicheurs du Poitou-Charentes et en préoccupation mineure (LC) dans les Pays de la Loire. En Bretagne, l'espèce est considérée comme vulnérable (VU) en tant que nicheuse et quasi-menacée (NT) en tant que migratrice. En Normandie, l'espèce est considérée comme en danger critique d'extinction (CR) en tant que nicheuse et en danger (EN) en tant qu'hivernante. Enfin, dans le Nord-Pas-de-Calais, l'avocette est considérée comme vulnérable (VU) en tant que nicheuse. En Belgique, en Wallonie, l'espèce est considérée comme vulnérable (VU).

Montrer moins

Conservation

L'espèce est protégée en France au titre de la loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 et de ses arrêtés d’application. La directive de la Commission européenne sur les oiseaux de 1979 et la Convention de Berne sur la nature en Europe de 1979 lui assurent une protection légale totale, au motif d'interdiction de perturbation des oiseaux et de leurs nids. L'espèce est classée en annexe I de la Directive oiseaux, en Annexe II de la Convention de Berne et en Annexe II de la Convention de Bonn et est listée en catégorie B1 de l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA),.

Montrer plus

La mise en place de réserves naturelles et de réserves maritimes, ainsi que de zones de protection spéciales (ZPS), ont eu un impact bénéfique pour la population ouest-européenne au cours du XXe siècle,.

Différentes mesures de gestion peuvent être mises en place pour favoriser son installation et sa reproduction. La construction de sites de nidification artificiels dans des zones côtières, en particulier des plages de galets ou des îles et des radeaux couverts de végétation clairsemée, peut attirer des couples nicheurs. On a également noté une augmentation du nombre de couples reproducteurs lors de l'introduction de bétail pour du pâturage sur les prairies côtières à proximité des sites de reproduction, diminuant la couverture végétale et permettant ainsi une meilleure visibilité et une plus grande détection des prédateurs.

De nombreux programmes de baguage couleur, avec une bague métallique et une bague colorée existent, notamment en Europe, permettant une meilleure compréhension par les ornithologues de l'écologie de l'espèce et de ses mouvements migratoires, ainsi qu'une plus grande précision dans l'observation de leur comportement en période de reproduction et une meilleure gestion des sites de reproduction,.

Montrer moins

Références

1. Avocette élégante article sur Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Avocette_%C3%A9l%C3%A9gante
2. Avocette élégante sur le site de la Liste Rouge de l'UICN - https://www.iucnredlist.org/species/22693712/155534228
3. Xeno-canto le chant des oiseaux - https://xeno-canto.org/704750

Plus d'animaux fascinants à découvrir